L’art utile pour se reconstruire

Logo-La-Nouvelle-Republique19 février 2016

Une exposition-témoignage est installée, jusqu’à ce dimanche, à la Galerie Neuve. Initiée par Muriel Rojas-Zamudio, psychanalyste, cette exposition de peintures, de dessins et de figurines, reflète les traumatismes qu’ont vécu trois femmes, présentes lors du vernissage samedi dernier. La Maison aux miroirs déformants, le nom de cette exposition, traite de l’exploitation sexuelle subie dès le plus jeune âge, l’expérience du handicap en institution et la négation des deuils. C’est tout d’abord une histoire, écrite par Muriel Rojas-Zamudio, dans laquelle les personnes qui ont subi des violences peuvent se retrouver. Le moyen artistique permet de se soulager de ces traumatismes. Au travers de ces œuvres, les artistes livrent ce qu’elles vivent au quotidien.
Parmi les 3 artistes présentes, Béatrice, qui a subi des violences durant son enfance et en a gardé de gros troubles psychiques et physiques, peint des aquarelles dénuées de couleurs vives. C’est sa vie, son passé, qu’elle exprime dans ses tableaux. Grâce à la peinture, elle a retrouvé un peu d’optimisme : « l’art-thérapie est un médicament sans effet secondaire », dit-elle.
Anaïs, en situation de handicap, manifeste, quant à elle, par le biais de ses dessins, les humiliations subies dans une institution.
Une troisième a vécu des deuils précoces et a développé de grandes angoisses. La peinture lui a permis de ne pas passer à l’acte. Chacune de ces femmes s’accorde à dire que l’expression artistique aide à leur reconstruction post-traumatique.

La Maison aux miroirs déformants, exposition jusqu’au dimanche 21 février, tous les jours, de 10 h à 18 h 30. Galerie Neuve, place Neuve. Contact : murielrojas@hotmail.com.
Tél. 06.81.08.06.98.

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Le vert, histoire d’une couleur

Logo-France-Interpar Jean Lebrun

l’émission du jeudi 28 novembre 2013

Le vert, histoire d’une couleur


En 1789, le vert aurait pu figurer sur les emblèmes de la Révolution comme, trois siècles plus tôt, la ceinture vert-espérance était apparue sur ceux du duc de Bourbon. Sauf que les hommes de 89 se sont aperçus que le vert était aussi associé à la maison du comte d’Artois, fieffé réactionnaire et futur Charles X !

C’est le lot de toutes les couleurs que d’être susceptibles d’interprétations diverses; toutefois une particularité du vert est qu’il se révèle spécialement instable. Les teinturiers, d’ailleurs, ont longtemps eu toutes les peines du monde à le fixer. En conséquence, au Moyen Age, il pouvait être tour à tour tentateur ou bienveillant, associé au péché mais tout aussi bien à la jeunesse qui, chacun le sait, a « du vert derrière les oreilles ».

Son ascension, longtemps incertaine et contrariée, est manifeste aujourd’hui. Il est bien porté de l’afficher mais comme une idéologie, à la façon du rouge d’autrefois dont on attendait aussi qu’il sauve le monde. Si l’historien laisse de côté le messianisme et qu’il en reste au strict registre des couleurs, il constate cependant que le vert n’est le préféré que d’une personne sur cinq ou six, bien loin derrière le bleu !

Michel Pastoureau
Historien, directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études