Mis en examen, F. Lavier ressort libre de sa garde à vue.
Par Stéphane Durand-Souffland
Journaliste, Chroniqueur judiciaire, chroniqueur gastronomique, en alternance ou en simultané.
Mis à jour le 10/06/2016 à 16:43
Franck Lavier, 38 ans, a été mis en examen aujourd’hui à Boulogne-sur-Mer pour viol et attouchements sexuels sur l’une de ses filles, C., 17 ans. Des accusations qu’il rejette. Franck Lavier, qui est l’un des treize acquittés de l’affaire dite d’Outreau, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire. Il a notamment interdiction de se rendre à son domicile, où son épouse Sandrine, également acquittée dans le dossier Outreau, réside avec leurs autres enfants.
Entendue mercredi sous le régime de l’audition libre tandis que son mari était placé en garde à vue, Sandrine Lavier n’est pas mise en cause dans cette nouvelle procédure.
C., élève de seconde, est actuellement hébergée dans un foyer. C’est elle qui a accusé son père d’abus sexuels. Le 2 juin, elle n’était pas rentrée chez elle en sortant du lycée. Trois magistrats du tribunal de grande instance de Boulogne ont été cosaisis pour instruire la plainte de la jeune fille.
Les grandes dates de l’affaire Outreau
● Décembre 2000. Des soupçons d’agressions sexuelles par des parents sur leurs enfants sont signalés par les services sociaux d’Outreau, ville du Pas-de-Calais de 15.000 habitants.
● Février 2001. Les deux premiers suspects sont écroués, il s’agit de Thierry et Myriam Delay. Seize autres personnes seront soupçonnées. L’une d’elles, François Mourmand, meurt en prison en 2002 d’une intoxication médicamenteuse. La piste du suicide a été évoquée, sans être retenue.
Saint-Omer
● Mai 2004. Dix-sept personnes ont été renvoyées aux assises, leur procès s’ouvre à Saint-Omer (Pas-de-Calais). La cour acquittera sept personnes en juillet. Sur les dix protagonistes condamnés, six font appel. Les autres, dont le couple Delay, acceptent le verdict : ils ont reconnus des viols sur enfants.
● Novembre 2005. Le procès en appel s’ouvre, tous les condamnés seront finalement acquittés le 1er décembre. Cet hiver-là, les services sociaux, policier et judiciaires sont pointés du doigt. Le ministère de la Justice et l’Assemblée nationale annoncent des enquêtes.
● Année 2006. Une commission d’enquête parlementaire entend les protagonistes. Le juge Fabrice Burgaud affirme avoir «rempli sa mission honnêtement», les acquittés l’accablent. La commission présente son rapport: il contient 80 propositions pour la justice. Un projet de réforme de la justice sera adopté à la fin de l’année, il institue l’enregistrement des interrogatoires. Entretemps, une faute disciplinaire des magistrats est écartée.
● Période 2008-2009. Au nom des « traumatismes de l’affaire », Gérard Lesigne, procureur de Boulogne, est nommé à Caen en juillet 2008. Une sanction, selon les syndicats. Quelques semaines plus tôt, il avait en effet été blanchi par le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM). Au printemps 2009, le juge Fabrice Burgaud est très légèrement sanctionné pour le CSM. Il écope d’une «réprimande avec inscription au dossier».
Après les acquittements
● Année 2011. Deux acquittés, Sandrine et Franck Lavier refont parler d’eux. Ils sont placés en garde à vue pour violences sur deux de leurs cinq enfants. La famille Delay revient aussi sur le devant de la scène. Un de leurs fils, Chérif, publie en mai Je suis debout, il accuse ses parents, et des voisins de viols. Il est finalement condamné à six mois de prison pour menaces de mort à l’encontre des Lavier. Sa mère fait le chemin inverse, elle est libérée en septembre.
● Année 2012. Le couple Lavier est condamné en février à 10 et 18 mois de prison avec sursis, pour «violences habituelles» sur deux de leurs enfants. A l’été, l’un des acquittés, Daniel Legrand père, meurt à l’âge de 59 ans.
● Juin 2013. Le parquet de Douai renvoie Daniel Legrand fils devant les assises pour mineur pour viols et agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans alors qu’il était mineur. Aujourd’hui, il est âgé de trente-trois ans.
Une réflexion au sujet de « Mis en examen, F. Lavier ressort libre de sa garde à vue »
Il ne s’agit pas d’attouchements ou d’abus sexuels ce qui est passible de la correctionnelle :
Il s’agit de procès mené en criminelle.
Voudrait-on nous faire croire qu’elle a fait sa fugue d’adolescente et qu’elle se trouve des excuses ? Quelle mauvaise foi Monsieur Durand-Souffland. On s’en fou qu’elle ne soit pas rentré au foyer. Vous aussi vous auriez fait le mur de temps en temps.
Auteure obligatoirement anonyme