Attentats de Paris : la soeur d’Antoine, Maud Griezmann raconte le Bataclan

Logo Le parisien.fr

Attentats de Paris : la soeur d’Antoine, Maud Griezmann raconte le Bataclan

Sarah Paillou
07 juillet 2016
Ce soir-là, son petit frère joue au Stade de France, contre l’Allemagne. Maud Griezmann, la soeur de l’attaquant de l’équipe de France, n’admire pas les exploits sportifs d’Antoine, elle préfère se rendre à un concert. Celui des Eagles of Death Metal, au Bataclan, le 13 novembre. Pour la première fois, la jeune femme raconte au New York Times cette nuit d’horreur. 
…/…
Pas besoin de son portable, mieux vaut profiter du rock pleinement. Alors Maud ne regarde plus son téléphone après le début du concert. Elle ne sait pas que, vers 21h20, son frère et ses coéquipiers ont levé le nez du ballon, en entendant deux détonations.

« Au début, je croyais que c’était une blague. Et puis j’ai entendu les cris »

Deux hommes viennent de se faire exploser aux abords du Stade de France, à Saint-Denis. Maud ne sait pas non plus que d’autres terroristes tirent sur les Parisiens installés en terrasse des cafés et restaurants.
Vingt minutes plus tard, la jeune rouquine entend les premiers bruits sourds au Bataclan. « Au début, je croyais que c’était une blague, raconte-t-elle. On pensait que ça faisait partie du concert. Et puis j’ai entendu les cris. »
Elle et son petit ami sont poussés dans un coin de la salle. Trois djihadistes pénètrent dans la salle de spectacle, armés de fusils et de grenades. Le couple se jette au sol, pour éviter les balles. Une femme tombe entre eux deux. Il faut alors rester le plus immobile possible. « Si tu bougeais, t’étais mort. Quelqu’un près de moi a bougé, et ils l’ont tué. Ils lui ont juste tiré dessus, et je l’ai entendu s’effondrer ».

Au Stade de France, Antoine Griezmann ignore tout de ce qu’il passe à Paris. La rencontre amicale contre l’Allemagne poursuit son cours. Dans la salle du Bataclan, sa soeur, son petit ami et la femme allongée à leurs côtés attendent. Ils se tiennent les mains. Régulièrement, chacun leur tour, ils resserrent leurs doigts. « C’était la seule façon de dire à l’autre qu’on était toujours vivant », explique Maud. Leur communication codée dure pendant 90 minutes.

Mémoire sélective

…/…
« C’est un match important pour Antoine, pour l’équipe, pour les fans. Mais ce n’est rien de plus, rétorque Maud. Quand je pense à ce qu’il s’est passé, je ne pense pas au football. J’essaie de ne pas y penser du tout. »
Selon le quotidien américain, la rescapée n’a jamais vu de psychologue. Une fois, elle a parlé à Antoine de cette nuit-là. Et puis ils ont décidé qu’il valait mieux aller de l’avant.

Les mains se serrent

Quand la jeune femme de 28 ans raconte, sa mémoire est sélective. Elle peut décrire parfaitement le mécanisme des mains qui se serrent, mais ne connaît rien de celle qui était à côté d’elle. Où étaient les assaillants, ce qu’ils criaient, combien ils étaient, elle ne se souvient plus. Mais les moments de silence sont gravés dans sa mémoire, bien plus effrayants que le bruit des coups de feu.
…/…
Maud ne craint pas ses émotions ce jeudi soir, pour le match de l’Euro. Il n’y a pas d’image du 13 novembre qui lui revienne en tête. Elle a fermé les yeux presque tout le temps qu’a duré l’attaque. Les sons, par contre, sont toujours là. Les cris, les pas. « Je ne sais pas quand ça s’arrêtera. Je ne sais pas si ça s’arrêtera. »

Pour lire la suite de l’article, cliquez sur le logo du Parisien

Attentats de Paris : un médicament contre le traumatisme


Mieux comprendre le stress post-traumatique

Les témoignages individuels seront mis en perspective avec la mémoire collective grâce aux archives de l’INA. Journaux radio ou télé, articles de presse, réseaux sociaux, images des commémorations… Tous ces documents permettront de comprendre la construction et l’évolution de la mémoire après les attentats du 13 novembre.

Remember

A cette évaluation psychologique et sociologique s’ajoute une étude biomédicale intitulée Remember afin de mieux comprendre l’état de stress post-traumatique. Celle-ci sera menée avec 120 victimes directes des attentats, souffrant ou non de ce syndrome et 60 habitants de Caen. Grâce à des entretiens et des IRM cérébrales, réalisés à la même fréquence que les entretiens filmés, les chercheurs tenteront d’identifier des marqueurs cérébraux associés à la résilience au traumatisme.

L’étude 13-Novembre

L’étude 13-Novembre a démarré le 13 mai à Caen et le 2 juin à Bry-sur-Marne. « Remember » a également démarré la semaine dernière. Les premiers résultats devraient être publiés à l’automne 2017. Quant aux résultats finaux, ils sont prévus pour 2028, soit 2 ans après les derniers entretiens.
(1) L’appel à témoins est toujours en cours. Que vous ayez été témoin ou intervenant lors des attentats, que vous soyez résidents ou usagers des quartiers touchés, ou simplement habitant de Paris et sa banlieue, vous pouvez apporter votre témoignage dans le cadre du programme « 13-Novembre ». Pour cela, vous pouvez contacter l’équipe de médiateurs au 06 60 98 53 82 ou 06 61 19 10 32, soit par mail memoire13novembre@matricememory.fr