Un nouveau traitement du stress post-traumatique proposé aux victimes des attentats de Paris

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Un nouveau traitement du stress post-traumatique proposé aux victimes des attentats de Paris

13/04/2016

SANTÉ – Les personnes souffrant de stress post-traumatique (SPT) depuis les attentats de Paris l’an dernier vont pouvoir bénéficier d’une nouvelle thérapie développée au Canada. Cela se fera dans le cadre d’une grande étude qui sera lancée prochainement dans une dizaine de centres et hôpitaux franciliens.

« L’étude, qui portera sur 400 personnes au total, devrait démarrer d’ici à trois semaines, dès que les dernières autorisations auront été données », a indiqué mercredi 13 avril à Paris le Pr Bruno Millet, de la Pitié-Salpêtrière, qui coordonnera l’étude destinée à évaluer un traitement innovant. Ce traitement a été développé par le Pr Alain Brunet, un spécialiste canadien du SPT.

La méthode Brunet

La méthode Brunet est déjà testée avec succès sur plusieurs centaines de personnes, essentiellement au Canada. Elle vise à diminuer la charge émotionnelle d’un souvenir traumatique grâce à un traitement de six semaines associant un médicament et une psychothérapie.

Écrire pendant six semaines sur son souvenir

« Le stress post-traumatique est un trouble lié à la mémoire, et notamment à la mémoire émotionnelle », a expliqué le Pr Brunet lors d’une conférence de presse organisée à l’ambassade du Canada. Mise au point au début des années 2000, sa thérapie consiste à intervenir sur le souvenir émotionnel « qui va graduellement s’éroder » chez les personnes atteintes de SPT. Ceci est normalement le cas chez une personne non traumatisée, alors que le souvenir factuel de l’événement restera intact.

Le propanolol

Pour y parvenir, le Pr Brunet, professeur de psychiatrie à l’université McGill à Montréal, utilise le propanolol, un médicament déjà employé contre l’hypertension et la migraine: le patient est invité à prendre un comprimé une heure avant la première séance au cours de laquelle il doit écrire le récit de son trauma. La semaine suivante, après avoir avalé un nouveau comprimé, il est invité à relire son récit initial et ce pendant six semaines au total à l’issue desquelles le texte ne correspond souvent plus à son ressenti.

Les victimes de SPT sont habituellement traitées par des médicaments antidépresseurs qui peuvent être efficaces à court terme. Mais les médicaments sont souvent abandonnés au bout d’un certain temps en raison des effets secondaires, selon le Pr Brunet. L’autre traitement est la psychothérapie, mais les rechutes sont assez fréquentes.

Deux groupes de patients

L’idée d’un partenariat entre l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et l’Université McGill pour tester la méthode Brunet remonte à décembre dernier.

Depuis cette date, une centaine de cliniciens ont été formés pour prendre en charge les patients. Ceux qui seront inclus dans l’étude (principalement touchés par les attentats de l’an dernier) seront répartis en deux groupes. Seulement un groupe recevra le nouveau traitement, l’autre continuant à recevoir des traitements classiques, ajoute-t-il.

11 centres, dont plusieurs hôpitaux de l’AP-HP (La Pitié-Salpêtrière, Saint-Antoine, Tenon, Ambroise Paré, Créteil…) ont d’ores et déjà donné leur accord pour participer à l’essai baptisé PARIS MEM. Dautres centres pourraient donner leur accord d’ici peu, relève de son côté le Pr Millet.

Pour obtenir des précisions et un rendez-vous d’évaluation, les patients peuvent appeler le
01 42 16 15 35.

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Rescapée du Bataclan, elle se voit refuser une assurance

Logo-Europe-1Rescapée du Bataclan, elle se voit refuser une assurance
11 février 2016

En raison de son stress post-traumatique, Laurence, rescapée de l’attaque du Bataclan, s’est vu refuser une assurance.

« Vous avez l’impression qu’on vous refuse la maîtrise de votre vie, la maîtrise de vos projets, et qu’on vous renvoie sans arrêt à votre statut de victime du Bataclan. C’est comme si on vous disait : « vous ne pourrez jamais vous en remettre' ». Laurence était dans la salle de concert parisienne, le 13 novembre dernier, lors de l’attaque des terroristes de Daech. Elle s’en est sortie sans blessure, raconte-t-elle dans le Magazine de la santé, l’émission de France 5. Mais Laurence raconte aussi une conséquence inattendue de cette soirée dramatique. Le refus, de la part d’une compagnie d’assurance, de lui assurer un prêt immobilier en raison des risques de stress post-traumatique.

Une honnêteté coûteuse

Peu avant les attentats, Laurence avait obtenu un prêt immobilier pour l’achat d’un appartement. Mais ce n’est qu’après l’attaque du Bataclan qu’elle contacte une assurance emprunteur (Cardif) pour assurer son prêt. Dans le formulaire de demande, elle joue la carte de l’honnêteté. Dans la case « suivi médical », elle note : « stress post-traumatique suite présence au Bataclan le 13/11 lors de l’attentat (suivi psychologue spécialisée) ». Réponse de l’assureur, quelques jours plus tard : « refus ». « La décision […] est motivée par l’état de stress post-traumatique que vous avez connu, suite aux attentats de Paris ». On peut le lire dans le courrier partagé par France 5.

Un refus légal…

D’un point de vue légal, l’assureur est dans son bon droit : rien ne l’oblige à assurer qui que ce soit. Et d’un point de vue purement commercial, une personne atteinte de stress post-traumatique n’a pas le meilleur profil possible pour un emprunteur. Cauchemars, insomnie, flashbacks répétitifs, tension permanente : une victime atteinte d’un tel état de stress peut être affectée pendant plusieurs années, ce qui peut compromettre le remboursement d’un prêt.

… Mais peu justifié

Mais en plus d’être quelque peu cynique, l’argument utilisé par l’assureur ne devrait pas s’appliquer au cas de Laurence. En effet, celle-ci a entamé un suivi psychologique immédiatement après les attentats. « J’ai été très choquée comme beaucoup de personnes par ce qui s’est passé et j’ai commencé à voir une psychologue spécialisée en traitement des traumas quelques jours après. Je me rendais compte de l’ampleur de ce qu’on avait vécu et du choc que cela pouvait représenter », raconte-t-elle. Or, plus le suivi est précoce, plus les risques d’un traumatisme durable sont faibles. « Dans 80 % des cas, le problème est résolu dans l’année avec une prise en charge adaptée », explique le psychiatre Florian Ferreri cité par France 5.

Il existe une coïncidence douteuse. La veille de la diffusion de l’émission, la compagnie d’assurance a contacté Laurence pour entamer de nouvelles négociations. Encore choquée par le refus initiale, la rescapée du Bataclan indique vouloir attendre un peu avant d’accepter.

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