Pourquoi les marionnettes nous fascinent par Christilla Pellé Douel

Pourquoi-les-marionnettes-nous-fascinent_imagePanoramique500_220Psychologies.com – Décembre 2011
Guignol, Polichinelle… Vous pensiez que les marionnettes étaient réservées aux plus jeunes ? Vous avez tout faux. Aujourd’hui, elles se déclinent sur le mode adulte, et les spectacles font salles combles. Sans doute parce que pantins et figurines parlent à notre âme d’enfant, mais aussi à notre inconscient.
Dans la salle, des gradins disposés en demi-cercle, comme dans un cirque. Sur la piste, des haubans, des balluchons blancs, suspendus comme autant de voiles prêtes à se déployer. L’un s’ouvre et s’épanouit en un pantin couronné. Brice Berthoud glisse ses bras dans les manches de la marionnette, et la magie commence. Durant deux heures, seul en scène, avec quatre compères en coulisses, il fait vivre la tragédie d’OEdipe par la grâce des figurines. Le spectacle est magnifique, mais le plus étonnant n’est pas là. C’est dans la salle qu’il faut regarder : cent visages immobiles tournés vers la scène, fixés dans l’intense contemplation de trois bouts de tissu mal ficelés. Et le phénomène se répète à chaque spectacle du Festival des marionnettes de Charleville-Mézières ou de Reims, lors de chacune des prestations des presque huit cents compagnies françaises et des innombrables marionnettistes étrangers. Pas un souffle, pas un bruit dans la salle. La concentration du public, la force de ses réactions surprennent. L’enchantement est là.
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Yaël Rasooly, 28 ans, israélienne, marionnettiste « Les marionnettes sont une extension de moi-même »
« Je suis venue aux marionnettes parce que aucun autre art ne m’offrait autant de possibilités. Plus je réfléchis à la manière dont ce type de spectacle fonctionne sur le public, moins je comprends. Les marionnettes, les objets, les papiers découpés avec lesquels je travaille sont une extension de moi-même. Je suis et ne suis pas les personnages, ils vivent par moi, mais à l’extérieur de moi. Ce que je projette sur mes papiers découpés rencontre ce que les spectateurs y projettent. J’ai fait du chant lyrique, du théâtre, des arts plastiques, tout cela me sert aujourd’hui. C’est incroyablement riche et varié, et cela me donne un immense sentiment de liberté. L’art de la marionnette, c’est l’art de l’intermédiaire : les objets sont un moyen de dire des choses très intimes, sans vraiment se dévoiler. Dans mon premier spectacle, je mets en scène une histoire d’abus sexuel, avec une poupée, le manche d’un violoncelle et une valise. Je dis plus avec ces trois choses qu’avec des mots. Les marionnettes permettent de se relier à un univers proche de l’archaïsme, de l’inconscient. Manipuler, pour moi, est un exutoire, une thérapie. D’ailleurs, il existe des thérapies par la marionnette, ce n’est pas par hasard ! »

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