L’art comme thérapie face au deuil

L’art comme thérapie face au deuil

12 novembre 2018
Ludivine Guinet est art-thérapeute depuis 20 ans : elle utilise des processus de création artistique à des fins thérapeutiques. Je suis tombée par hasard sur son site mais cela faisait quelques temps que le sujet m’intéressait. Alors je n’ai pas hésité une seconde : j’ai pris contact avec elle pour en savoir plus sur cette approche peu connue.

Une Rose Blanche : Ludivine, pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste l’art-thérapie ?

Ludivine : L’art-thérapie consiste à partir à la découverte de soi par la création artistique en étant accompagné par un professionnel qualifié et certifié.
La Fédération Française des Art-Thérapeutes définit l’art-thérapie comme étant

« une pratique de soin fondée sur l’utilisation thérapeutique du processus de création artistique ».

En tant qu’art-thérapeute, ma préoccupation est d’amener petit à petit la personne à découvrir ses possibilités et à accepter sa singularité à travers la création artistique… tout en lui proposant un cadre, un temps et un espace privilégié et sécurisé pour son cheminement dans la création.

Comment l’art-thérapie peut-elle aider dans le chemin du deuil ?

Ludivine : Dans le chemin du deuil, il est nécessaire de pouvoir s’accorder le droit de ne pas aller bien mais aussi de se sentir entendu, compris face à cette souffrance. La création est un moyen formidable de pouvoir se reconnecter à soi et à ses émotions.
L’accompagnement en art-thérapie permet de comprendre ses besoins dans un cadre sécurisant et de retrouver la notion de plaisir et d’envie.
Dans le cadre du deuil, il me semble particulièrement important que la personne puisse trouver son rituel funéraire créatif. Je propose de travailler ce deuil « créativement », afin que cette dernière puisse trouver un peu d’apaisement et arrive à remettre petit à petit de la couleur dans sa vie.

Qu’apporte l’art de plus d’une thérapie classique ?

Ludivine :

« Mettre un peu d’art dans sa vie et un peu de vie dans son art… ».

Cette citation de Louis Jouvet m’accompagne depuis toujours, elle est même devenue au fil des années mon fil conducteur. L’art ne nécessite pas de mots pour s’exprimer, étant donné que l’on est d’emblée dans le ressenti et dans l’émotion au plus près de soi lorsqu’on crée.
« METTRE UN PEU D’ART DANS SA VIE ET UN PEU DE VIE DANS SON ART… ».
Louis Jouvet
Winnicott dans son ouvrage « Jeu et réalité, l’espace potentiel » qui est devenue une référence incontournable en art-thérapie a écrit :

« C’est en jouant, et seulement en jouant, que l’individu, enfant ou adulte, est capable d’être créatif et d’utiliser sa personnalité entière. C’est seulement en étant créatif que l’individu découvre le soi ».

Comment cela se passe concrètement ? Comment décidez-vous d’utiliser un type d’art plutôt qu’un autre (collage, peinture, dessin, écriture, photo, chant…) ?

Ludivine : Lorsqu’il s’agit d’une prise en charge individuelle, cela commence par un entretien préalable pour définir avec la personne ses besoins et ses attentes. Le nombre de séances sera ensuite défini ensemble, à l’issue duquel un bilan sera proposé.
Par exemple en oncologie, je peux proposer des cycles de 7 ou 10 séances. Dans le cabinet pluridisciplinaire dans lequel j’interviens, je propose des cycles de 3 séances pour une invitation au voyage par le conte en art-thérapie. Chaque projet est personnalisé et varie en fonction de la médiation utilisée, du public, de la durée et de la fréquence des séances.
Pour le choix du média, je mets à disposition dans l’atelier le matériel artistique que j’ai pris soin de présenter en amont. Dans mon parcours personnel, j’ai commencé par le modelage, la peinture et la photographie. Ensuite le théâtre et l’art du clown ont été une vraie révélation : l’art des mots et du non verbal y prennent tout leur sens. Cela a complété ma sensibilité artistique.
J’ai ainsi pu développer tout un panel qui me permet de piocher aujourd’hui selon les envies et besoins de la personne que j’accompagne. Je peux être amenée à lui faire des suggestions si je vois qu’elle ressent un blocage, mais c’est plus souvent elle qui me guide dans le choix.

A titre personnel, que faites-vous quand vous êtes triste ou que vous vous sentez déprimée ?

Ludivine : J’essaie d’analyser et de comprendre quelle émotion me traverse.
Pendant des années, j’ai essayé de faire face et de tenir bon. Mais, je me suis rendue compte que c’est en acceptant de ne pas aller bien que je pouvais enfin aller mieux. J’ai traversé des tempêtes et des deuils successifs mais ces épreuves m’ont permis d’aller plus loin dans mon cheminement artistique et thérapeutique.
Depuis quand je sens une vague de tristesse monter, j’accueille cette émotion avec bienveillance. Puis j’essaie de voir quelle médiation serait la plus appropriée pour exprimer ma peine. Je peux aussi bien écrire, peindre, modeler ou me réfugier dans les contes philosophiques, qui sont pour moi une source inépuisable d’enseignement.
La méditation et le yoga sont aussi des alliés très précieux auxquels je recours pour prendre soin de moi et de mes émotions.


Pour être accompagnée par Ludivine en région parisienne : contact@parchemine.fr ou consultez son site.


Partout en France, mais aussi en Belgique, en Suisse et au Canada, plusieurs écoles et fédérations d’art-thérapie existent. Renseignez-vous avant d’entamer une démarche afin d’être accompagné par un professionnel. Demandez éventuellement conseil à un médecin ou psychologue pour vous orienter dans ce choix.

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Exposition : Carnets voyageurs – Du 20 au 31 mars 2018

 

CPBB – pôle 14 Ville Evrard de Bondy

C’est une unité d’hospitalisation à temps partiel, alternative ou consécutive à une hospitalisation temps plein. Tout patient admis à l’hôpital de jour est également suivi au centre médico-psychologique. Le travail thérapeutique y est centré sur le développement des potentialités de chaque personne, de son autonomie et de ses capacités sociales. Une grande partie des activités proposées ont lieu « hors les murs » de l’hôpital de jour afin de faciliter la réinsertion des patients en les familiarisant avec leur environnement urbain.

Les carnets voyageurs
Ils sont les voyageurs
Les voyageurs du souffle,
Les voyageurs de l’en vie
Les voyageurs du corps
Oui… ils voyagent…
Ils voyagent
Dans leurs têtes
Ils voyagent
Dans leurs émotions
Ils voyagent
Sur leurs traits
Ils voyagent
Dans leurs phrases
Ils voyagent
Dans leurs rues,
Ils voyagent
Sur les trottoirs
Ils voyagent
Dans leurs bus
Ils voyagent
Dans leur banlieue
Ils voyagent
Dans leurs oeuvres
Ils voyagent
Dans les images
Ils voyagent
Dans leurs dessins
Ils voyagent
Dans Leurs CARNETS
Avec leurs crayons
de couleur
De la couleur qui embellie

Catherine Stoessel
Peintre plasticienne
Dr en art-­thérapie
Université Paris V Descartes

Les dessins ne sont pas fait pour rester enfermés
C’est comme les gens
Ils ne sont pas fait pour rester enfermés
Les dessins et les gens ont besoin d’air,
d’air libre,
Ils ont besoin de regard et d’être regardés
Ils ont besoin de plantes, de ciel, de maisons, de rues,
De foules ou d’oiseaux, de forêt ou de routes,
Ils ont besoin de murs tout petits
Pas trop grand, pas de ceux qui empêchent la vue

Les dessins sont des personnes,
Plutôt des bribes de personnalité
Atteintes parfois par des humeurs
Des humeurs changeantes

Les dessins agissent comme une pommade
Ils agissent comme un baume sur la personne
Ils agissent comme un placebo, ils sont beaux

Les dessins sont parlants
Les dessins peuvent être violents
Les dessins sont apaisants
Les dessins sont rieurs

Les dessins ne sont pas des leurres
Car ce sont les leurs, ils sont réels
Et il leurs appartiennent

Merci à leurs auteurs de s’exposer
Et de nous les montrer
Aujourd’hui, là, maintenant.
Venez et voyez !