Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?
Je dois avouer que j’ai mis un certain temps à prendre ce rendez-vous. Il y avait plusieurs raisons à cela et je n’en suis aucunement surprise. Pour commencer l’idée de réaliser ce rendez-vous en vidéo via la plateforme me stressait, pourtant je connais Emmanuelle depuis un moment et je l’avais déjà eue au téléphone. Ensuite depuis environs 2 semaines je commençais également à m’inquiéter car le retour au travail s’approchait et signifiait pour moi un grand saut dans l’inconnu. Avoir eu trois semaines de plus n’avait pas calmé du tout mon anxiété par rapport à l’attitude irrespectueuse des gens et forcément des clients au magasin. Je venais de vivre plusieurs semaines à l’abri, j’allais devoir « descendre dans l’arène ». Je ne pouvais plus reculer.
Et puis Emmanuelle m’a relancée alors que « le jour J » approchait. Dans son mail elle m’annonçait que le prochain atelier porterait sur les poupées d’anxiété. A ce moment-là je me suis demandée si elle avait des antennes ? … J’avais tenté de faire cet atelier seule, mais évidemment « chassez le naturel il revient au galop !« . Mes poupées étaient vraiment trop jolies et élaborées. J’étais tombée dans le piège du beau et cela m’avait agacée. J’avais alors tout mis de côté. Non seulement Emmanuelle me donnait l’opportunité d’en terminer avec cet atelier mais en plus l’idée de le faire à quelques jours de la reprise me semblait tout à coup « évidente ». Je finissais même par trouver une logique au fait d’avoir laissé trainer pour prendre ce rendez-vous.
Cela dit, je continuais inconsciemment à poser des grains de sel dans les rouages de ce rendez-vous. En effet au moment de me connecter à 11 heures ce lundi matin, impossible de taper le bon mot de passe… Décidément toutes les raisons, même inconscientes étaient bonnes pour enrayer la belle mécanique, mais c’était sans compter avec Emmanuelle et sa perspicacité ! Car le rendez-vous a bien eu lieu, et ce fut un réel moment de bien-être, d’apaisement, d’échange et de partage.
Quels matériaux avez-vous utilisés ?
J’avais gardé une boite en carton que je souhaitais peindre et personnaliser. Mes poupées trop précieuses mises de côté, d’autres étaient venues les remplacer bien plus simples et dans l’esprit de la consigne.
J’ai donc commencé par appliquer plusieurs couches de gesso sur toute la boite en carton, de manière à pouvoir ensuite la peindre sans que tout ce qui était imprimé dessus n’apparaisse par transparence puis j’ai appliqué des anciens morceaux de papier issus encore une fois de mes années de scrapbooking.
Quel bonheur de retrouver cette gamme qui en plus, était dans le thème de la maison. Des couleurs vives à l’acrylique et appliquées au rouleau (j’adore le rouleau, j’y passerai des heures…). Du vert pour les murs pour symboliser la nature, et mon jardin dont je m’occupe sans cesse en ce moment, du rose, du jaune pour les fleurs dont les couleurs égaient si bien mes journées et que je vais devoir abandonner pour aller « au boulot », m’enfermer entre quatre murs, et surtout porter ce fichu masque pendant des heures, face à des clients qui se démarquent par leur incivisme.
Un masque qui m’empêche de respirer et de parler convenablement, et qui en plus, me rappelle celui de la nuit pour les apnées. Un masque qui m’étouffe… Et pour finir un beau bleu de Prusse (mon préféré), un peu nacré pour figurer les ciels de nuit. Je me suis servie d’un vieux morceau de carton qui faisait office de palette et sur lequel j’avais fait pas mal d’essais de couleurs pour figurer le toit. Les différentes couches successives font ressortir les reliefs du carton et figurent très bien l’aspect des tuiles. J’aime beaucoup faire avec ce que j’ai, me débrouiller avec les effets, me laisser surprendre par la matière. Cela procure beaucoup de satisfaction, et par conséquent d’apaisement.
Qu’avez-vous ressenti tout au long de l’évolution de votre création ?
C’est toujours ce même immense sentiment d’apaisement qui m’envahit lorsque j’entre en action. J’aime tout préparer avec soin. Toutes mes affaires sont alors étalées sur la table et les idées mauvaises s’envolent en fumée pour laisser la place aux idées créatives ! Dans ces moments-là j’ai toujours une pensée pour mes patients et j’espère sincèrement qu’ils ressentent la même chose, avant, pendant et après !
Durant le temps de la séance, c’est d’abord un moment d’échange entre professionnelles qui commence par le questionnaire d’anxiété qui se rapproche du cube harmonique que j’utilise en séance, mais beaucoup plus élaboré. A chaque nouvelle séance je constate que mes réponses sont bien plus assurées à la fin de l’atelier. Je repars bien plus sereine même si nous avons parfois abordé des sujets « qui fâchent ». Emmanuelle est en fait la seule personne avec qui j’échange au sujet de la COVID et de mes craintes : Mon mari, ne se sent pas concerné car il est seul sur ses chantiers, ma mère est dans le déni absolu, et mes collègues beaucoup plus jeunes que moi pensent visiblement que leur âge les protège ! Bref, je suis seule avec mes angoisses, sauf quand je peux échanger avec Emmanuelle, le temps de cette séance pendant que je crée ou avec mon fils qui a toujours veillé à ce que je fasse attention par rapport à ma santé…
Que ressentez-vous en regardant votre production ?
Je la trouve superbe ! Elle a beau renfermer mes angoisses que je lui confierai désormais, je la trouve carrément à mon goût et j’ai beaucoup de nouvelles idées pour continuer à la personnaliser. Elle me plait tellement que je vais certainement songer à la proposer en atelier surtout avec les enfants. Je lui trouve un petit côté enfantin, comme dans les contes de fées, comme un air un peu magique, un pouvoir. Elle pourrait aussi devenir un support pour des histoires à créer, à écrire, à imaginer…
Elle est à l’opposé de la COVID, elle a un avenir !
Quant à moi je suis prête à accueillir cette semaine qui m’attend, bien plus sereinement que je ne le croyais…
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