APPEL A MONSIEUR LE PREMIER MINISTRE
POUR QUE LA LUTTE CONTRE LA MALTRAITANCE DES ENFANTS SOIT DÉCLARÉE GRANDE CAUSE NATIONALE 2014
Chaque jour, en France, deux enfants meurent de violences infligées par des adultes, le plus souvent leurs parents.
Au-delà du sentiment d’effroi que suscitent ce chiffre et l’atrocité des faits divers régulièrement rapportés par les médias, la maltraitance des enfants est un problème de société majeur que notre pays doit savoir enfin regarder en face.
En effet, des études récentes menées dans des pays à haut niveau de revenus, comparables à la France, ont montré qu’en moyenne dix pour cent des enfants sont concernés par une maltraitance physique, sexuelle ou psychologique, une négligence, une exposition à des risques majeurs, des carences affectives et/ou éducatives.
Cette réalité est insupportable en soi. Elle l’est aussi car un enfant ne peut grandir, s’épanouir et devenir un adulte socialisé et responsable que si ses besoins physiques, affectifs et éducatifs sont pleinement satisfaits par les personnes qui s’en occupent, généralement ses parents. Bafouer de façon intentionnelle ces besoins correspond à la maltraitance dans son acception la plus large et au-delà des coups et des agressions sexuelles, qui viennent spontanément à l’esprit quand on parle de maltraitance, il faut donc reconnaître aussi la gravité des violences verbales, des humiliations répétées et du délaissement affectif dont il est démontré qu’ils peuvent avoir les mêmes redoutables conséquences à long terme sur la santé physique et mentale des enfants victimes : suicides, addictions, anorexie/boulimie, délinquance, troubles graves de la personnalité, désocialisation, transmission trans-générationnelle de la violence.
Face à la maltraitance qui touche toutes les classes sociales, il est temps d’agir avec détermination, et avec tous les moyens nécessaires, pour que l’enfant cesse d’être nié en tant que personne digne de respect et ayant des droits propres.
Certes, la protection des enfants entraîne nécessairement une intrusion dans la sphère privée et une remise en cause du dogme de la famille naturellement bonne. Mais la violence envers des êtres faibles qui, de surcroît, n’ont pas la possibilité de se défendre et de faire entendre leur voix, y compris au sens électoral du terme, serait-il un phénomène si dérangeant qu’il doive rester tabou ?
Face à cette violence qui heurte la conscience humaine et qui reste trop souvent l’objet d’un déni de réalité, nous pensons que rien ne serait pire que la résignation. À l’issue d’un colloque national qui a réuni, en juin dernier au Sénat, les plus grands spécialistes de la maltraitance, nous voulons mobiliser la société tout entière, et d’abord les pouvoirs publics, afin d’améliorer le repérage, le signalement et le suivi des enfants maltraités.
C’est pourquoi nous vous demandons, Monsieur le Premier Ministre, de faire de la lutte contre la maltraitance des enfants la Grande Cause Nationale 2014.
Cet appel au premier ministre est visible sur les sites http://maltraitancedesenfantsgrandecausenationale2014.wordpress.com/ et http://colloqueviolencesenfants.wordpress.com/ où se trouve également la liste des premiers signataires.
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