Des spots radio qui invitent les victimes de viol à parler

Logo-francetvinfoLa rédaction d’Allodocteurs.fr
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« Après un viol, parler c’est commencer à se reconstruire » : avec sa campagne, lancée le 3 mars sur Internet et diffusée à la radio à partir du 5 mars, le Collectif féministe contre le viol (CFCV) veut inciter les victimes à sortir du silence.

Lise, Anna et Mathilde ont été violées par leur patron, leur mari ou le frère d’une amie, comme elles le racontent d’une voix âgée dans des spots de 30 secondes. Elles se sont tues pendant 20, 30 ou 40 ans.

« Aucune femme ne mérite ça« , conclut l’une d’entre elles, les victimes étant invitées à contacter le numéro gratuit 0800 05 95 95 géré par le Collectif féministe contre le viol (CFCV), où elles trouveront écoute et accompagnement pour faire valoir leurs droits.

En s’appuyant sur trois témoignages inspirés de faits réels, la campagne réalisée bénévolement par l’agence CLM BBDO et le studio Chez Jean met « l’accent sur la souffrance » aggravée des victimes gardant un viol « pour elles pendant de très longues années« . « Parce que c’est difficile d’en parler« , qu’elles ont honte ou se sentent coupables, « trop souvent elles se taisent« , souligne le CFCV. Or, « libérer la parole est la première étape de la reconstruction« , estime Marie-France Casalis, responsable des formations au collectif.

Trop peu de victimes de viols témoignent

Depuis l’ouverture de sa ligne en 1986, le CFCV a reçu 50.000 témoignages de femmes de tous âges, dont certains sont également accessibles sur une plateforme en ligne dans le cadre de la campagne, comme celui d’une octogénaire, violée à 18 ans.

Plus de 86.000 femmes sont victimes de viol ou tentative de viol chaque année, selon le CFCV. « Près de 80% des agresseurs sont des proches« , rappelle la présidente du collectif, Emmanuelle Piet. Seulement 13% des victimes portent plainte et 1% des plaintes conduisent à une condamnation.

Parmi ses revendications figurent une enquête systématique à la suite des plaintes, le jugement des viols exclusivement aux assises (alors qu’ils sont souvent requalifiés en agressions sexuelles, jugées en correctionnelle et passibles de peines moins lourdes) ou encore la prise en charge à 100% des soins pour les victimes.

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Viol : « On met en cause avant tout la victime. Ce qui explique à quel point les victimes sont abandonnées » (association)

Logo France InfoRédaction de France Info
mercredi 2 mars 2016

Muriel Salmona, présidente de l’association « Mémoire traumatique et victimologie », a dénoncé sur France Info mercredi « la culture du viol » et « l’absence de solidarité vis-à-vis des victimes », alors qu’un sondage Ipsos publié mercredi montre que les idées fausses sur le viol perdurent dans la société française.

La présidente de l’association dénonce le mythe de la victime aguicheuse et les stéréotypes récurrents qui circulent autour du viol : « ‘Elle l’a bien cherché’, ‘elle a provoqué’, ‘elle ne s’est pas suffisamment protégée’, (…) ‘peut-être qu’elles aiment être forcées’, ‘dire non ça veut dire oui’, c’est ça la culture du viol et c’est terrible ».

« On met en cause avant tout la victime, pas l’agresseur. Ce qui explique à quel point les victimes sont abandonnées, ne sont pas protégées, ne peuvent pas avoir accès à une justice normale et cela explique le chiffre effarant des viols. Cela génère une tolérance par rapport à beaucoup de comportements avec une absence de solidarité vis-à-vis de victimes », a expliqué Muriel Salmona.

Seulement 10% des victimes portent plainte, 2% pour les viols conjugaux : « Elles ont peur ne pas être crues, de ne pas être entendues, elles ont peur d’être blâmées, d’être culpabilisées, (…) Elles sont menacées souvent », a-t-elle expliqué. Elle a rappelé que 90% des viols sont commis par des proches « dans la famille » et « dans le couple. »

Muriel Salmona balaye aussi le mythe de l’homme aux pulsions sexuelles qu’il ne pourrait pas maîtriser : « Tout cela est bien entendu faux. (…) Il faut déconstruire toutes ces idées reçues auprès des plus jeunes particulièrement. C’est eux qui adhèrent le plus à la culture du viol », a-t-elle dénoncé.

Elle réclame « une volonté politique très très forte. Il ne faut pas laisser les victimes sans protection et sans soin. Les conséquences psychotraumatique sont très lourdes », a-t-elle insisté.

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