France-Inter : Outreau et la fabrique du mensonge. Commentée par Jacques Cuvillier

Logo MediapartCe 30 avril, la fabrique du mensonge était sur France-Inter.
Cette émission consacrée à l’affaire d’Outreau n’a écarté aucun des clichés qui constitue la doxa telle qu’elle a été concoctée par de brillants avocats de la défense et continuellement enseignée depuis une dizaine d’années au bon peuple Français. Cette fois, c’était un chef d’œuvre : un récit soigneusement construit avec des termes bien ciselés pour atteindre leur cible, lu de manière théâtrale par de bons comédiens, un ton sentencieux et ampoulé… à la limite du ridicule.

Toute la collection des idées reçues émaillées d’allusions perfides pour décrédibiliser les enfants victimes, le juge d’instruction, la justice, rien ne manquait à l’exception bien entendu des faits anormaux qui ont effectivement caractérisé ce procès : les pièces de l’instruction – même les plus troublantes – largement absentes des débats, les victimes dans le box des accusés – et les accusés aux côtés du public et des journalistes – les gosses malmenés à la barre, la perturbation des audiences, le recours immodéré aux médias sur qui la défense s’est appuyée pour diffuser ses montages stratégiques, et accessoirement les mensonges qui devaient porter atteinte aux experts, les conclusions du procès en appel tirées avant que les jurés ne se réunissent… Rien de tout cela n’avait sa place, pas plus que le fait incontestable que 12 enfants ont été reconnus victimes de viols agressions sexuelles, proxénétisme. Cela aurait fait désordre dans cette pièce où tout était soigneusement filtré et peigné pour faire une sorte de récit imparable à même d’entraîner dans les esprits une conviction indélébile. Indélébile, mais débile compte tenu de tout ce qui fait défaut pour que la réalité soit un tant soit peu respectée.
Pour lire l’article, cliquez sur le logo de Médiapart

logoRéécoutez jusqu’au 23 janvier 2018
L’affaire d’Outreau a défrayé la chronique de 2001 à 2006. Tout un chacun hésite à y replonger… trop de souffrance, trop d’horreurs vécues par ces jeunes enfants, dans cette histoire qui commence comme un conte horrible dans la région de Boulogne-sur-Mer.

Film – « Outreau l’autre vérité »

Après vérification, il semble que le film « Outreau l’autre vérité » ait été débarrassé de son rajout final, cette charge contre la franc-maçonnerie, à partir d’une fausse déclaration de la présidente d’Innocence ne Danger, Homayra Sellier. Une charge diffamatoire qui n’avait rien à voir avec notre film. En conséquence, nous avons décidé de ne pas porter plainte.
Bien sûr, nous ne pouvons cautionner le piratage du film… Surtout au moment où le DVD du film est abouti et va être mis en vente d’abord en direction des « institutionnels » (médiathèques, bibliothèques, Comités d’entreprises, etc.) puis en vente publique début mars 2015.
Le seul point positif à tirer de cette péripétie, c’est le grand nombre de visionnages constatés en quelques jours. Oui le film est attendu. Cette attente traduit aussi une exigence de vérité qui fait chaud au cœur.
Nous avons fait le film. C’est vous qui le ferez vivre… Amitiés. Serge Garde

Documentaire de Serge Garde, 2012.
Zelig Films Distribution – Qualité HDTV.
________________________________
Le troisième procès d’Outreau se déroulera du 18 mai au 5 juin 2015 à Rennes (Ille-et-Vilaine).

Pour approfondir le sujet, le livre « Retour à Outreau – Contre-enquête sur une manipulation pédocriminelle » de Jacques Thomet.

Synopsis et détails :
Nous avons tous été sur-informés pendant l’affaire dite d’Outreau. Elle a traumatisé les consciences et déstabilisé l’institution judiciaire. Jamais une affaire retentissante n’avait aussi peu divisé l’opinion publique. Comme si l’esprit critique avait été anesthésié. Pourquoi ?
Dix ans après, il est temps de s’interroger, de façon dépassionnée, sur ce phénomène qui nous a submergés.
Outreau, un symbole de l’erreur judiciaire ? Que treize des dix-sept accusés aient été acquittés après un ou deux procès, n’est-ce pas le fonctionnement normal de la justice ? Le véritable problème n’est-il pas celui de la détention provisoire ? Outreau, un fiasco judiciaire ?
Oui, mais ce n’est pas celui qui a été dit. C’est à ce décryptage qu’« Outreau, l’autre vérité » vous invite. Un film qui ne laisse aucune place à la fiction. Un film qui repose exclusivement sur des documents et sur de nombreux témoignages, tous inédits.
Musique
« The 2nd Law: Isolated System » de Muse (Google Play)