Outreau : l’intégralité de la déposition de Chérif Delay

1410205722_logo-vdn-web-test-3Publié le 22/05/2015
De notre envoyé spécial à Rennes, Eric Dussart

Chérif Delay est arrivé en milieu d’après-midi, jeudi, dans la salle des assises d’Ille-et-Vilaine. Entouré de deux gendarmes : il est détenu à Rennes, pour des faits de violence, et soigné en service de psychiatrie. Il s’est assis sur les bancs de la partie civile, juste devant son frère Jonathan. Les deux hommes se sont serré la main. Chérif dans son survêtement aux couleurs de l’Olympique de Marseille, son jeune frère en costume bleu clair.

La déposition du deuxième fils de Myriam Badaoui (on sait qu’il y en aura une troisième, avec Dimitri, mardi matin) était évidemment très attendue. Elle a été l’un des temps fort de la première semaine de ce procès, plongeant parfois la salle d’assises dans un profond malaise. Ce jeune homme est dans une grande souffrance, c’est évident. Au fil de ses réponses, ses propos ont paru de plus en plus fragiles. C’est pourtant sur ses accusations, entre autres, que devra se prononcer la cour d’assises.
Le président Philippe Dary s’est adressé à lui avec beaucoup de sérénité. Après lui avoir demandé son identité (« Chérif Delay, né le 18 février 1990 »), M. Dary l’a laissé s’exprimer spontanément, d’abord, avant de lui poser des questions.
Chérif Delay « Je vais vous parler par rapport aux souvenirs que j’ai encore, mais certains sont lointains. Je vais répondre aux questions. Je vais le faire sans aucun problème, M. le président. Je me souviens de choses très lointaines. Je me souviens d’une mère qui n’a pas voulu m’accepter, et qui a fini par prendre ses responsabilités. Elle s’est remariée avec un homme… un homme que je ne veux pas nommer, parce que je ne sais pas qui il est.
Je voulais un père et je ne l’ai pas eu. Jusqu’à M. Darque. (L’époux de son assistante maternelle NDLR)
Les faits ont commencé quand j’avais cinq ans, à Noël. Je me souviens que mon beau-père voulait ouvrir les cadeaux avant tout. Les ouvrir tout de suite. Moi, je rêvais comme tout le monde dans cette salle, je suppose, de dessins animés, et j’ai eu une cassette porno. Je ne savais pas ce que c’était. Mais j’ai eu ça. J’ai tout de suite dit que je n’aimais pas. Que je ne trouvais pas beau ce que je voyais. Mais tout de suite, quand le film a été fini, il est venu et m’a fait les mêmes choses, dans les mêmes positions.
(A cet instant, Chérif Delay détaille des sévices cruels. La noirceur terrifiante de l’inceste. De la part de son père, puis de sa mère.)
Ensuite, je suis parti dans des familles d’accueil. J’allais chez mes parents le week-end, et pour les vacances. Je n’ai pas voulu ces flashes, j’ai voulu esquiver ces situations qui me faisaient tellement mal.
Je me souviens d’une personne qui est venue avec une enveloppe marron. Je regardais par le trou de la serrure. A partir de là, j’ai vu défiler des gens chez moi. Mon beau-père s’en prenait à moi, à coups de ceinture. J’étais exclu de la fratrie, à cette époque. Je n’étais pas son fils, je n’avais pas le droit de l’appeler papa. J’ai dû manger ses excréments. Parce que je n’avais pas la même couleur que lui, pour lui, j’étais une merde. C’est ce qu’il disait.
Cette personne qui est là (Daniel Legrand ndlr), je la reconnais en tant que victime, lors d’une agression, chez moi. Il y avait Thierry Dausque, son père Daniel Legrand, Monsieur Wiel. Je dis Monsieur parce que je fais preuve de respect, mais je pourrais dire des grossièretés.
C’est un ressenti, aujourd’hui, qui me pourrait la vie. J’ai beaucoup de flashes qui se mélangent, à cause de l’ancienneté des faits. Ensuite, je suis allé dans des foyers, ça s’est très mal passé. A 18 ans, je me suis retrouvé SDF, je suis tombé dans l’alcool, la drogue. J’ai du mal à passer ces procès, mais ici, ce n’est pas la même ambiance que les autres procès. Je regarde depuis tout à l’heure, je vois que tout le monde fait ce qu’il veut, tout le monde dit ce qu’il veut et je vous en remercie, ça fait du bien. »
Le président « Vous avez évoqué des choses qui ont commencé en 1995. Vous avez aussi évoqué une enveloppe marron… »
Chérif Delay « C’est une image que j’ai. »
Le président « …un défilé de personnes… »
Chérif Delay « Oui. »
Le président « Vous parlez de vos parents et vous donnez d’autres nom. Thierry Dausque ? »
Chérif Delay « Oui. »
Le président « Vous évoquez essentiellement des abus que vous subissez au sein de votre famille. Au cours de l’enquête, on vous présente des photos et vous reconnaissez certaines personnes. Un certain Jean-Marc ; C’est qui ? »
Chérif Delay « C’est une personne qui squattait beaucoup vers le hall d’entrée de mon immeuble. On avait peur de lui. Il faisait des bruits bizarres. Des bruits chelous. »
Le président « Il parlait ? »
Chérif Delay « Non, il criait. Il grognait. »
Le président « Il a commis des faits identiques à ceux que vous avez décrits ? »
Chérif Delay « Pas tout à fait. Lui, c’était de peur, de crainte. »
Le président « Votre père l’aurait obligé ? »
Chérif Delay « Je ne sais plus. Je me souviens surtout de lui parce qu’il faisait peur. »
Le président « Vous avez aussi évoqué des noms d’enfants ; Vous vous souvenez ? »
Chérif Delay « Oui, mais je ne vais pas les citer ici. Moi, je me bats tous les jours avec ça… »
Le président « Thomas, Kelly, ça vous dit quelque chose ? »
Chérif Delay « Non, je ne me souviens pas. »
Le président « Dans le rôle de votre mère, d’autres choses vous ont marquées ? »
Chérif Delay « Bien sûr. Elle n’a pas tenu son rôle de mère. S’amuser avec un godemichet et me le mettre, ce n’est pas normal… »
Le président « Vous avez parlé d’un caméscope. »
Chérif Delay « Oui, je m’en souviens très bien. »
Le président « Dylan, selon vous, n’a pas forcément subi les mêmes choses ? »
Chérif Delay « Non. En tout cas, pas quand j’étais là, le week-end. »
Le président « Il a été dit que c’est parce qu’il avait de trop petites fesses. Est-ce ce que votre père… »
Chérif Delay « Beau-père. »
Le président « Oui. Enfin, il vous a reconnu, c’est votre père… »
Chérif Delay « Non. »
Le président « Eh bien, c’est d’accord. Dylan, donc… »
Chérif Delay « Lui, c’était juste quelques caresses… »
Le président « En 2001, on vous montre quelques planches photos… »
Chérif Delay « Oui. C’est un premier choc. J’en ai vu ! D’abord ma mère en photo et mon beau-père. »

Le président lui montre des photographies : « C’est bien cela ? »
Chérif Delay « Oui, M. le président. »
Le président « Vous avez dit que votre père a fait des manières aux enfants. A vous, à Dimitri, à Jonathan, et aussi à Emelyne… »
Chérif Delay « C’est la fille… Si je ne me trompe pas, c’est la fille de Thierry Delay. »
Le président « Vous la voyiez, à cette époque ? »
Chérif Delay « Oui, pendant les vacances. »
Le président « Vous l’avez vue être abusée par votre père ? »
Chérif Delay « Je ne me souviens plus.
M. le président, si je peux me permettre, aujourd’hui, je ne me souviens plus mais ça ne veut pas dire que ça ne s’est pas passé. »
Le président « Bien sûr. Vous avez donc parlé de Couvelard, Jean-Marc, de Dausque, mais aussi de Delplanque, de Frank Lavier, de Sandrine Lavier, d’une Aurélie, vous en avez le souvenir ? »
Chérif Delay « Oui. »
Le président « C’était la compagne de Delplanque ? »
Chérif Delay « Je peux voir les photos, s’il vous plait ? »

On lui passe de nouveau un album.
Chérif Delay « Oui, je la reconnais. »
Le président « Y avait-il d’autres enfants ? »
Chérif Delay « Oui, je me souviens d’une en particulier. Aurore. »
Le président « Beaumont. »
Chérif Delay « Oui. »
Le président « Vous aviez dit d’autres noms. »
Chérif Delay « Par rapport à l’ancienneté, je ne peux plus donner de noms. »

Le président « S’agissant de l’accusé, ici dans le box, vous l’avez vu en tant que victime ? »
Chérif Delay « Oui. »
Le président « Qu’a-t-il subi ? »
Chérif Delay « Par rapport à mon beau-père, exactement comme moi. Des sodomies, des fellations… »
Le président « Votre beau-père était-il seul ? »
Chérif Delay « Non. Il y avait Dominique Wiel, Thierry Dausque… Il y avait d’autres personnes… »
Le président « Son père était là ? »
Chérif Delay « Oui, M. le président. »
Le président « Vous en êtes certain ? Comment pouvez-vous être certain qu’il s’agissait de son père ? »
Chérif Delay « Parce qu’il l’appelait papa, M. le président ! »
Le président « Quelle était son attitude ? Il regardait passivement ? »
Chérif Delay « Oui. »
Le président « Il ne participait pas ? »
Chérif Delay « Je ne suis pas sûr. »
Le président « La première fois que vous avez été entendu par le juge d’instruction, il vous a été demandé : « Daniel Legrand père et fils, ils t’ont fait du mal ? » Vous vous souvenez ? »
Chérif Delay « Non. »
Le président « Vous avez dit Daniel Legrand est un grand ami de mon père. Une fois, il est venu. Il était saoul, il m’a frappé, il ne m’a pas fait de manières. »
Chérif Delay « Je ne me souviens plus. »
Le président « Vous avez aussi parlé de cassettes porno. Avec la boulangère, Mourmand, Delplanque, Lavier, Wiel, Martel. Et s’agissant de Wiel, on vous a demandé s’il vous avait fait du mal, vous avez répondu non… »
Chérif Delay « Je me souviens de lui parce que ma mère voulait que je sois chrétien, par rapport à mon père. »
Le président « Vous avez l’image de Daniel Legrand victime d’une agression, de la part de votre père. Et aussi de Daniel Legrand auteur d’une agression avec d’autres. Vous citez Dausque, Wiel, votre père… »
Chérif Delay « Beau-père ! »
Le président « Oui, pardon, c’est vrai que… Dans une sorte de réflexe pavlovien, je le dis comme ça, mais vous avez raison…
A l’époque du juge d’instruction, vous sembliez en confiance, vous parliez librement. Vous ne mettez en cause ni Dominique Wiel, ni Daniel Legrand. On vous parle du fils et vous ne répondez pas, et le juge ne vous relance pas. »
Chérif Delay « Moi, je vous parle de mes souvenirs. »
Le président « Vous avez donc deux souvenirs. Une quand il est victime des faits, et une quand il commet une agression. Cette scène s’est passée comment ? C’est un flash ou vous voyez une scène ? »
Chérif Delay « C’est une scène ! C’est dans l’entrée, chez moi. Devant, il y a ma chambre, avec des lits, des dessins et tout. Je suis attaché. Je vois des adultes se toucher entre eux et dans mon souvenir, il y a aussi Dimitri, au moins. Et ils viennent et ils commencent une partouze. »
Le président « Y a-t-il d’autres mineurs ? »
Chérif Delay « Non. Je ne vois que Dimitri et moi. »
Le président « Ils vont abuser de Dimitri et de vous ? »
Chérif Delay « Oui. »
Le président « Y a-t-il des femmes ? »
Chérif Delay « Dans cette scène-là, non. Ma mère est venue pour regarder et elle a fermé la porte. »
Le président « C’était dans votre chambre ? »
Chérif Delay « Oui, en face de la porte d’entrée. »
Le président « Vous comprenez qu’on peut s’interroger sur vos souvenirs, aujourd’hui. Ces images, comment arrivent-elles dans votre esprit, alors qu’en ces termes-là, vous n’en avez jamais parlé. Notamment de Daniel Legrand père, dont vous disiez qu’il était un ami de votre père mais vous n’avez jamais parlé du fils. Et là, aujourd’hui, vous en parlez pour la première fois. »
Chérif Delay « Je vous explique mes souvenirs. »
Le président « Bien sûr, bien sûr… Mais vous comprenez ? Ce n’est pas anodin. »
Chérif Delay « Oui, bien sûr. »
Le président « Vous étiez petit, au moment de l’enquête. Vous aviez dix-douze ans… »
Chérif Delay « Douze ans. »
Le président « Vous avez été réentendu, après. Vous parlez d’une Karine, Duchochois, vous parlez d’un réseau, vous dites que vous allez en Belgique. Mais pour des caresses, des attouchements, de la part de la boulangère, d’une Madame Lepers… On ne vous a jamais montré de photos de Daniel legrand père et fils ? »
Chérif Delay « Non. »
Le président « Mais vous les avez vus, à Saint-Omer, au procès de Paris… »
Chérif Delay « J’étais à la barre, comme ici. J’ai cité des noms. »
Le président « On ne vous a pas demandé de vous tourner vers les accusés ? »
Chérif Delay « Si. »
Le président « A Saint-Omer ? Au premier procès ? Vous les avez regardés ? Ils étaient dix-sept accusés. Vous les avez reconnus ? »
Chérif Delay « Certains. »
Le président « Vous avez reconnu Daniel Legrand père et fils ? »
Chérif Delay « Dans mon souvenir, non. Je ne les ai pas reconnus. J’étais complètement déstabilisé. Je fais remarquer que j’étais à l’hôpital. J’étais venu avec un psychologue. Je vous rappelle que j’étais dans le box. »
Le président « Vous dites que vous en avez reconnu certains. Lesquels ? »
Chérif Delay « Ben, les quatre qui ont été condamnés. Mon beau-père, ma mère. Delpalnque, Aurélie Grenon… »
Le président « Qui d’autre ? »
Chérif Delay « Le taxi. On l’appelait le taxi… »
Le président « D’autres ? »
Chérif Delay « Je pense que oui. Il y avait le prêtre, Dominique Wiel. Je l’ai reconnu. Et je… Je ne sais pas… »
Le président « Vous n’avez pas reconnu Daniel Legrand père et fils ? Vous ne les avez pas évoqués, à Saint-Omer. »
Chérif Delay « Je ne pense pas. »
Le président « Et à Paris ? »
Chérif Delay « Dans mon souvenir, on était dans une salle. Tous les enfants, on attendait. Des avocats sont venus, nous ont parlé. Ils ont dit que ça allait bien se passer. La salle était immense. »
Le président « Oui, c’est une grande salle d’assises. Et il y avait moins d’accusés. »
Chérif Delay « Je ne les ai pas regardés. »
Le président « On ne vous l’a pas demandé ? »
Chérif Delay « Si, mais je ne les ai pas regardés. On m’a montré des photos. »
Le président « Vous avez reconnu Daniel Legrand fils ? »
Chérif Delay « Dans mon souvenir, non. »
Le président « Comment avez-vous vécu l’après-cour d’assises de Paris ? En 2005-2006, l’après-Outreau… »
Chérif Delay « J’étais très éloigné de tout ça. »
Le président « Vous avez essayé d’oublier ? »
Chérif Delay « J’étais dans un moment de déni. Pendant un moment, je me disais qu’il ne s’était rien passé, puisque… »
Le président « Pourtant, il y a bien eu quatre condamnations. Vous avez été reconnus comme victime. »
Chérif Delay « Vous me demandez comment je l’ai vécu… »
Le président « Oui, oui. Ne prenez pas mal ce que je dis. Ensuite, vous êtes allé en famille d’accueil. »
Chérif Delay « Oui, jusque douze ans. Puis je suis allé à l’hôpital, puis en foyers, en Belgique. »

Le président « Quels sont les événements marquants de votre vie, aujourd’hui ? »
Chérif Delay « J’ai pas envie. Je sais que c’est un devoir d’expliquer l’après-Outreau, mais j’en ai complètement ras-le-bol. J’en peux plus. Je suis fatigué de tout ça. J’ai été insulté, diffamé, pendant la période des foyers, sans que je puisse répondre. Je ne peux pas inventer… Je n’ai que des souvenirs.
Je suis resté très longtemps en foyers, puis j’ai fini SDF à dix-huit ans. J’ai picolé, j’ai fumé, je suis devenu violent. J’ai provoqué la police. J’ai été incarcéré pendant sept mois, les souvenirs sont là. A Sequedin.
Puis je suis parti trois ans en Afrique. Vous me demandez les événements marquants… Ce sont ces trois années-là qui ont marqué ma vie. J’avais quitté ce pays. Quitté le statut de menteur. J’en pouvais plus. Je suis allé jusqu’à mélanger les choses. Aujourd’hui, je vis dans une haine… Dans l’idée de me venger mais je ne le fais pas. J’ai décidé de tourner la page.
Je ne comprends pas qu’on ait pu juger comme ça cette affaire. Comme je l’ai vécue… Je ne comprends pas. Je suis encore aujourd’hui en prison. Je suis incarcéré parce que je suis violent. J’ai l’impression de reproduire certaines choses de mon passé.
J’ai un projet d’album. J’ai écrit un livre, aussi. J’ai cru que ça m’aiderait à tourner la page, ça n’a fait que tourner la mayonnaise. Aujourd’hui, il y a tellement de choses que je voudrais exprimer, mais je ne le ferai pas. Sinon, je sortirais de mes gonds…
Quand je pense à mon beau-père, à ma mère… A toutes ces personnes qui ont marqué ma vie. Quand j’ai vu tous ces acquittés avec les ministres… J’ai dit « Comment c’est possible ? » Voilà comment je vis… »
Le président « Je voudrais revenir sur quelque chose. Les agressions sur Dimitri et vous, c’était quand vous aviez quel âge ? »
Chérif Delay « Dans mon souvenir, c’est en rapport avec la coupe du monde. On voyait des matches. La coupe du monde 1998. »
Le président « Vous l’associez à cette année-là ? »
Chérif Delay « Oui. »

Le président « Une dernière question : récemment, vous avez déposé plainte, vous en avez le souvenir ? Vous vous accusiez de certains faits ? Vous vous souvenez de ça ? »
Chérif Delay « C’était en… »
Le président « En 2013. Vous en avez le souvenir ou pas ? »
Chérif Delay « J’ai porté plainte ? »
Le président « Oui. Vous avez dénoncé des faits. »
Chérif Delay « Euh… »
Le président « Nous avons un procès-verbal de la DIPJ de Lille. Le PV de synthèse d’une enquête daté du 7 janvier 2013, sur la recherche de toute personne disparue en 1998 sur la commune d’Outreau. Ce pv dit qu’il n’y a eu aucune disparition non élucidée et rappelle des faits dénoncés par Chérif Delay, qui serait l’auteur d’un meurtre, sur une petite fille âgée de huit ans. Il l’aurait tuée à coups de bêche. Des adultes vous auraient masturbé, Delay, Dausque, Wiel… Tout cela s’est clôturé par un non-lieu. Les faits n’étaient pas avérés. Vous vous souvenez de ça ? »
Chérif Delay « Vaguement, M. le président… »
Le président « Et que vous avez voulu retirer votre plainte, vous vous en souvenez ? »
Chérif Delay « Non. »
Le président « C’est récent, pourtant. 2013. »
Chérif Delay « … »
Le président « Non ? Vous n’avez aucun souvenir plus précis de ça ? »
Chérif Delay « De l’accusation que je me suis donné, oui… Mais de la déposition, non… »
Le président « Il y a un autre PV, qui cite le couple chez lequel vous viviez à l’époque. Les policiers sont allés vous interroger là-bas. Il y a aussi une expertise qui dit que vous avez des tendances suicidaires, que vous prenez un traitement, que vous représentez un réel danger, pour vous et pour les autres.
Vous avez voulu retirer votre plainte, expliquant que vous ne pensiez pas que cela prendrait une telle ampleur, que vous ne vouliez pas d’un Outreau 2. Vous n’en avez pas de souvenir ? »
Chérif Delay « Si. »
Le président « Qu’est-ce que vous pouvez dire de ça ? »
Chérif Delay « Si je voulais enlever ma déposition c’est que c’était nécessaire. Parce qu’il y avait du rajout. »
Le président « De votre part ? »
Chérif Delay « Oui. Parce que je mélangeais… Je ne sais pas si on peut comprendre… les cauchemars et les images… les souvenirs.
C’est de la psychiatrie. Après ça, je suis reparti en psy, et je me rends compte qu’il y a la réalité et les cauchemars…
Le président « Et qu’est-ce qui est la réalité ? Et les cauchemars ? »
Chérif Delay « C’est qu’en 2012, j’aurais pu dire devant vous j’ai tué cette fille. Peut-être qu’elle a existé, peut-être non. Pour les médecins, c’est non… »

L’une des assesseures pose à son tour quelques questions : « Ce mélange des choses, c’est un diagnostic de vous ou des médecins ? »
Chérif Delay« Des médecins. »
L’assesseure « Et vous, qu’en pensez-vous ? »
Chérif Delay « Si je ne dis pas comme eux, je vais être hospitalisé… »
L’assesseure « Daniel Legrand n’a été victime qu’une fois ? »
Chérif Delay « Non, plusieurs fois. »
L’assesseure « Et agresseur ? »
Chérif Delay « Une fois. Pendant la partouze. »
L’assesseure « Il a commis des faits de viol ou d’attouchements ? »
Chérif Delay « Des caresses, des attouchements. »
L’assesseure « Pas de pénétration ? »
Chérif Delay « Non. »
L’assesseure « Est-ce que ça pouvait être un autre couple père-fils. Qu’est-ce qui vous fait dire que ce sont eux ? »
Chérif Delay « Non, son visage m’est familier. Ce visage. »

Le président « Son visage d’aujourd’hui ? »
Chérif Delay « Oui, ce visage-là. »
Le président « Pourtant, il a beaucoup changé. Il a vieilli. »
Chérif Delay « Mais vous me demandez… Comment je peux vous expliquer ?.. »
Le président « Mais il n’y a rien à expliquer. D’autres sont venus avec leur fils ? »
Chérif Delay « Oui. Dausque. »
Le président « Dans votre souvenir, vous êtes allé en Belgique, avec les policiers ? »
Chérif Delay « Oui. »
Le président « Et vous avez le souvenir de Daniel Legrand père et fils, en Belgique ? »
Chérif Delay « Non. En Belgique, non. »

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Outreau – Procès de Rennes – Vendredi 22 mai 2015 – Audition du juge Burgaud – Tweets de la salle d’audience

L’audience va reprendre. La connexion avec Boulogne-sur-mer est déjà établie pour la visioconférence du greffier du juge Burgaud

L’audition du juge Burgaud cet AM attire du monde

Chérif Delay est de nouveau dans la salle cet après-midi, à côté de Jonathan, sur les bancs des parties civiles

L’audience reprend. Le premier à être entendu par visioconférence est Patrick Duval, le greffier de Fabrice Burgaud à l’époque

Patrice Duval, ancien greffier du juge Burgaud, a été entendu par la commission parlementaire mais pas lors des 2 premiers procès.

Chérif Delay est arrivé à l’audience. En tant que partie civile, il a la possibilité, même si détenu, d’assister aux débats.

L’audience reprend avec l’ancien greffier du juge Burgaud. Pull gris et bleu sur chemise claire, il est entendu en visioconférence

ça commence bien : « je n’ai pas grand chose à dire étant donné que c’est une affaire qui date de 2001 »

Patrice Duval : « les faits sont anciens et je ne me souviens pas trop de cette affaire. »

Patrice Duval (greffier) : « pour moi, les actes de procédure ont été faits régulièrement et je n’ai pas de précision à apporter »

Patrice Duval (greffier) : « je ne comprends pas ma citation à comparaître devant cette cour. »

« Je ne comprends pas ma citation à comparaître devant cette cour ». Il était greffier sur cette affaire de mai 2001-février 2002

Patrice Duval (greffier) : « les gens étaient entendus, il y avait un peu de tension quelque fois mais pas de véritable problème »

– Le président : « Est-ce que vous vous êtes entendu professionnellement avec le juge Burgaud. » Soupir…
– « Plus ou moins. »

– Le président : est-ce que vous vous êtes entendu avec le juge Burgaud ?
– Patrice Duval : Long soupir. « Plus ou moins. »

Patrice Duval, ancien greffier de Fabrice Burgaud, au sujet du juge : « Il était euh… enfin… euh… On n’était pas pareils quoi »

« On était pas pareils quoi », ajoute le greffier sans en dire plus sur d’éventuelles tensions avec le juge Burgaud.

Le président entre dans le vif du sujet : « Comment se passait la retranscription des procès-verbaux ? »

– Président : Comment s’établissaient les PV ?
– Patrice Duval : M. Burgaud écrivait puis je retranscrivais sous sa dictée

Le président : « la question est délicate, je vais vous la poser quand même … »

– Président : vous est-il arrivé de faire remarquer que ce n’était pas forcément ce que vous aviez entendu ?
– Patrice Duval : Non.

Le président, ancien juge d’instruction lui-même, rappelle que la qualité de l’instruction dépend beaucoup du binôme juge-greffier

Me Reviron : on ne peut pas vous taxer d’être particulièrement gentil avec M. Burgaud ?
– Patrice Duval : Comment cela ?

Badaoui a affirmé que Burgaud lui avait soufflé le nom Legrand, ce qui ne figure pas, bien sûr, sur les PV. Le juge a toujours démenti

Pour le greffier, aucun souci dans la retranscription de procès-verbaux. « Les mis en examen avaient la possibilité de relire »

Il parle toutefois de PV de confrontations difficiles à retranscrire. Il cite celle où l’abbé Wiel s’est mis à chanter la Marseillaise

Ce greffier n’avait pas été entendu lors des 2 premiers procès, suite à la commission parlementaire, ill a été cité par la partie civile

Me Reviron le questionne sur l’audition du 27 août 2001 de Badaoui, sans avocat. Seuls le greffier et le juge étaient présents.

Me Reviron : « le 27 août, Myriam Badaoui va donner connaissance au juge d’un prénom et d’un nom : Daniel Legrand. »

Me Reviron : « si c’était le juge Burgaud qui avait donné ce nom à Myriam Badaoui ça vous aurait fait réagir ? »

Patrice Duval (greffier) : « oui, mais je ne m’en souviens pas. »

C’est lors de cette audition que Badaoui met en cause Daniel Legrand père et fils, dont la police vient de découvrir l’existence

Si le juge avait suggéré les noms des Legrand, « ça m’aurait fait réagir mais je ne me souviens pas », dit en substance le greffier

– Me Reviron : c’est arrivé que M Burgaud suggère des réponses aux personnes qu’il interrogeait ?
– P. Duval : je n’ai pas le souvenir

Le greffier n’arrête pas de dire qu’il ne se « souvient pas », que ça fait « 15 ans »

Il ne se souvient pas de l’interrogatoire de curriculum vitae de Daniel Legrand pendant lequel il fait des aveux (rétractés ensuite)

Burgaud faisait noter les entrées et les sorties dans le cabinet. Pour la partie civile, c’est la preuve que tout était consigné

– Me Reviron : le juge Burgaud mettait le doigt sur certaines photos qu’il montrait ?
– P. Duval : je n’ai pas le souvenir

Le président évoque un PV d’audition du juge Burgaud avec une réponse de Myriam Badaoui qui fait une demi-page.

Le président : « il y a dans la retranscription de cette demi-page, des phrases qui sont caractéristiques de relances. »

Par exemple, relève le président : « Le propriétaire du sex-shop s’appelle BIEN Daniel Legrand. »

Le président souligne qu’il y a des « phrases caractéristiques de relance » dans un PV de Badoui où elle dit « le proprio s’appelle bien Legrand »

Lors de son audition devant la commission parlementaire, Patrick Duval disait déjà : « Je n’en ai plus souvenance. Cela fait plus de quatre ans. »

Le greffier qui est entendu venait d’être nommé greffier d’instruction au moment de l’affaire. Il a arrêté après.

A l’époque, le greffier venait d’être muté à Boulogne et n’avait pas eu de formation pour travailler à l’instruction

Patrice Duval : « les avocats étaient là pour relire les déclarations et s’il y avait quelque chose à changer, c’était changé »

– Avocat général : « est-ce que vous avez le souvenir de la gestion par le juge Burgaud des gardes à vue ? »
– Patrice Duval : « Non. »

Patrice Duval reconnaît avoir bénéficié d’une formation très légère pour devenir greffier auprès d’un juge d’instruction.

La commission parlementaire avait souligné que cette absence de formation du greffier avait fait partie des dysfonctionnements de l’affaire

Me Delarue rappelle que face à la pression du dossier, le greffier avait été retrouvé parfois en larmes à côté du photocopieur

– Me Delarue : vous étiez très atteint au point qu’on puisse vous retrouver en larmes ?
– Patrice Duval : long silence. Oui, c’est vrai

« Je peux dire le juge vous traitait fort mal, je lui en fait la réflexion », indique Me Delarue

– Me Delarue (défense) : « Est-ce que vous avez eu le sentiment de pouvoir vous opposer au juge Burgaud ? »
– Patrice Duval : « non. »

Devant la commission, le greffier avait déclaré : « L’attitude de M. Burgaud était hautaine et méprisante : jamais un mot agréable »

Me Delarue relit la déclaration de Patrice Duval au sujet du juge : « Assez distant, froid, ne faisant confiance à personne … »

Me Delarue poursuit : « attitude hautaine, méprisante, jamais un mot d’encouragement. » Vous confirmez ?
– Patrice Duval : oui.

Fin de l’audition du greffier, qui n’a pas donné grand chose vu qu’il ne se souvient de rien.

Fin de l’audition de l’ancien greffier du juge Burgaud, visiblement très désagréable pour lui.

L’association Enfance et majuscule a redemandé sa constitution de partie civile. Courte suspension d’audience

L’avocate de l’association Enfance majuscule redemande la constitution de partie civile qui lui a été refusée.

L’audience est suspendue, le temps d’établir la visioconférence avec Paris pour l’audition du juge Burgaud.

Le juge entendu par la cour d’assises de Rennes L’audience en direct ici

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Pour rappel, le juge Burgaud avait déclaré devant la commission :  « J’estime avoir fait honnêtement mon travail, sans parti pris d’aucune sorte »

Le juge Burgaud apparaît à l’image, en costume-cravate, le même visage juvénile. Des réglages son sont effectués.

Connexion établie avec Paris. L’ancien juge d’instruction Fabrice Burgaud apparaît à l’écran. Costume bleu, cravate grise

Fabrice Burgaud présente toujours le même visage de poupin, quasiment le même qu’il y a dix ans.

L’audition de Fabrice Burgaud en visioconférence débute.

 

En effet, il s’exprime très différemment du greffier… *Rire* ^^

Le magistrat, aujourd’hui à la cour de cassation, était âgé de 29 ans au début de l’instruction. Il en a donc 44 ans.

Dans l’attente de la reprise de l’audience, Burgaud patiente, face à la caméra. Étrange face à face avec la cour, dématérialisé

L’audience a repris, décline son identité, il en fait âgé de 43 ans

Fabrice Burgaud : « je vous remercie de m’entendre en qualité d’ancien juge d’instruction dans le cadre de l’affaire d’ « 

Fabrice Burgaud : « apparaissaient déjà dans les procès-verbaux des mineurs présumés victimes d’autres noms [que leurs parents] »

commence par rappeler qu’apparaissait déjà dans les PV d’audition de mineurs d’autres noms d’auteurs et de victimes présumés

Parmi ces noms « un Dany legrand en Belgique »

Fabrice Burgaud : « à partir de juin 2001, de nouveaux noms apparaissent dont un certain Dany Legrand lié à la Belgique. »

Fabrice Burgaud : « Thierry Delay, lors d’un parloir, parlait de la Belgique et de déplacements avec un certain taxi Martel. »

Fabrice Burgaud : « on avait des choses établies, notamment sur les époux Delay … » 1/2

Fabrice Burgaud : « … et à côté, des éléments pour lesquels les investigations se sont avérées infructueuses ». 2/2

: « les services ont fait un travail minutieux pour vérifier les déclarations des enfants, ce qui a permis de mettre hors de cause des personnes »

évoque de fausses pistes déjouées, comme celle d’un jeune homme se présentant pour accuser Dominique Wiel

Burgaud : « j’ai fait expertiser tous les enfants, en particulier les Delay. Si on prend le cas de Jonathan des stigmates ont été trouvés… »1/2

…alors qu’on était à plusieurs mois des faits. Cela signifiait selon l’expert une durée et une fréquence très importante de viols »

Fabrice Burgaud : « La difficulté était de savoir ce qui pouvait être établi et ce qui pouvait être de fausses accusations »

Fabrice Burgaud : « autre difficulté du dossier : le fait que M et Mme Delay aient été convoqués au commissariat de police la veille »

Fabrice Burgaud dans une longue déposition revient sur les difficultés de l’enquête : jeune âge des victimes, ratés de la police

« Il faut toujours avoir un œil critique », concède évoquant le très jeune âge des enfants

Fabrice Burgaud : « il fallait garder un œil critique et ne pas prendre au pied de la lettre tout ce que les enfants disaient. »

Sur des agressions avec une baguette de pain évoquées par des enfants, dit que cela pouvait être un jouet

Fabrice Burgaud : « autre difficulté et pas des moindres, c’était une instruction sous pression des médias. »

évoque la « pression médiatique qui a d’une certaine part qui a entravé le bon déroulement d’un certains nombres d’investigation »

F. Burgaud : je connaissais la région car j’ai y fait une partie assez longue de ma scolarité : 1 an à Béthune, 6 mois à Dunkerque.

en vient aux « conditions de l’identification de Daniel Legrand dans ce dossier »

F. Burgaud : on s’est interrogé pour savoir si Dany était un prénom, un diminutif … De nombreuses pistes ont été explorées.

Pendant l’enquête, plusieurs Daniel Legrand sont retrouvés : « un en région parisienne, un autre en région lyonnaise », dit F. Burgaud

Fabrice Burgaud tient à rappeler que « plusieurs personnes ont été mises hors de cause » après leur garde à vue.

Selon Fabrice Burgaud, Myriam Badaoui donne beaucoup de détails sur Daniel Legrand fils au cours des auditions …

cite les éléments à charge de l’époque contre Daniel Legrand, qui reposaient essentiellement sur les déclarations de Badaoui

Daniel Legrand écoute attentivement et fait une moue perplexe

Badaoui « donne des détails sur la coupe de cheveux de Legrand fils l’époque présumée des faits, des vêtements qu’il portait… »

Sur les aveux (rétractés) de Legrand, « il s’excuse auprès des victimes pour tout le mal qui leur a fait »  1/2

… »Ce qui peut paraître surprenant pour quelqu’un qui n’a rien fait ». évoque d’autres excuses dans une lettre de Legrand, »sincères » 2/2

Fabrice Burgaud : « à l’automne 2001, les Legrand avaient véritablement disparu, comme s’ils étaient en cavale. »

Fabrice Burgaud : les photos, c’est pas toujours très net. C’était des photos qu’on avait obtenues d’après leur carte d’identité

Pendant la confrontation de Daniel Legrand avec ses accusateurs, il est mis « en très grande difficulté », selon Fabrice Burgaud.

Legrand « disait ‘les enfants hurlaient, les enfants criaient' », des « détails précis », selon

: « A un moment donné je me suis demandé s’il n’était pas victime plutôt qu’auteur »

: « C’est pas possible que ces détails soient tirés de la presse ou sortis de l’imaginaire »

Sur ses rétractations, y voit « l’effet prison », la peur du passage « devant les assises » et la « maltraitance » par les autres détenus

Fabrice Burgaud précise que pendant les aveux de Daniel Legrand « il n’y a aucune pression de ma part et son avocat était présent »

a « désigné plusieurs experts pour comprendre ses revirements ».

Mais n’en démord pas, insistant sur les « très grandes précisions de ses déclarations lorsqu’il fait des aveux »

Le président interroge sur la façon dont il a déterminé la période des faits, qui ne figurait pas dans le réquisitoire introductif

« Nous sommes partis des déclarations mais on aurait dû sur les mises en examen préciser une période, cela aurait été + lisible », concède

« Comment peut on se défendre face à des accusations qui ne sont pas marquées dans le temps », s’interroge le président.

Question importante pour Legrand puisqu’il est renvoyé devant cette cour pour des faits commis lorsqu’il était mineur.

Il a été acquitté des mêmes faits pour une période lorsqu’il était majeur. Or aucune date précise n’est citée dans le dossier le concernant.

Pour le président, le découpage temporel de la justice lorsqu’elle a renvoyé Legrand devant deux juridictions est « arbitraire »

invoque la difficulté de demander à des enfants et à des « adultes très désocialisés » des dates précises.

Sur les aveux de Legrand, le président indique qu’il répète « ça c’est passé comme disait Myriam » et ne donne aucune précision sur ce qu’il a fait

… ni sur des dates précises (il évoque 96-2000). Il désigne Chérif et Dylan mais pas Jonathan. ça interpelle, relève le président

répond que les aveux de Legrand étaient spontanés et qu’il n’a pas pu préparer un interrogatoire avec des questions plus précises

Le président : « pourquoi les albums photos présentés à Legrand ne comprennent que des mis en cause ? »

indique que les policiers ont procédé ainsi à cause du grand nombre de personnes mises en cause et donc de photos

Les policiers entendus à la barre ont dit que c’était des instructions du juge

: « c’était pas des instructions de ma part. Je leur faisais confiance vu le peu d’expérience qu’était la mienne »

: « Mais vous avez raison, j’aurais pu les reprendre (les albums photos) »

Le président s’étonne : pourquoi aucune photo de D. Legrand n’est présentée aux Delay alors qu’il est mis en examen pour des agressions sur ces enfants

Le président : « c’est assez surprenant, je suis désolé de vous dire ça, c’est une rélfexion que je me suis faite à la lecture du dossier »

se justifie difficilement en expliquant qu’il ne voulait pas soumettre les enfants à une nouvelle audition

Le président met les pieds dans le plat : a-t-il soufflé les noms des Legrand à Myriam Badaoui. « La réponse est non », assure le magistrat

4 jours après l’identification de 2 Legrand par la police (sur la base du dany legrand cité par la tata de Dimitri) 1/2

Badaoui répond sur une demie-page et va faire elle-même le lien entre dany legrand et Daniel legrand, ajouter qu’il a un fils 2/2

… et ajouter que le père est le proprio du sex shop, plaque tournante d’un réseau de cassettes pédophiles.

Le président : « on est très surpris par cette déclaration de Badaoui qui valide une info qui remonte à 4 jours, qui n’a pas encore été vérifiée »

« Pas de question cachée » dans le PV de Badaoui, assure

Le président : « Faisiez vous des promesses de libération conditionnelle aux mis en examen en échange de révélations ? »

« Je n’ai fait aucune promesse de libération », répond

Sur l’un des seuls albums photo de la procédure bien fait, Badaoui désigne les Legrand et un monsieur X.

Le président : « des recherches ont-elles été effectuées sur ce point ? » « Je n’ai pas souvenir », répond

Après les questions incisives du président Dary, lui-même ex-juge d’instruction, c’est la partie civile qui interroge maintenant

Me Reviron, avocat de Jonathan, qui a demandé l’audition de , repose la question : « avez vous donné les noms des Legrand à Badaoui ?

« C’est pas moi qui lui ai donné ces noms », répète . Il ne varie pas depuis les procès de Saint-Omer et la commission parlementaire

Fabrice Burgaud : « je n’avais aucun intérêt. Mon but c’était la manifestation de la vérité. »

Fabrice Burgaud revient sur la lettre de Daniel Legrand : « il s’excuse auprès des victimes pour le mal qu’il leur a fait. »

Fabrice Burgaud « la façon dont je l’interprète c’est une sincérité dans ces excuses. »

Fabrice Burgaud : « quand des gens inventent des faits, ils ne donnent pas des détails de crédibilité. »

Fabrice Burgaud : « je me suis interrogé pour savoir si Daniel Legrand n’était pas plus victime des faits qu’auteur. »

Lorsque Daniel Legrand revient sur ses aveux, Fabrice Burgaud juge ses « rétractations peu surprenantes ».

Fabrice Burgaud : « c’est difficile à assumer ce type de faits, c’est beaucoup plus confortable de revenir sur ses déclarations »

Fabrice Burgaud achève ses 45 minutes de déposition. Place aux questions.

Le président interroge Fabrice Burgaud sur le fait qu’il n’y a aucune date donnée pour les faits reprochés à Daniel Legrand

« On aurait du le préciser », reconnaît Fabrice Burgaud.

Le président : « comment peut-on se défendre face à des accusations qui ne sont pas marquées dans le temps ? »

Fabrice Burgaud : c’est difficile de demander à des enfants de 3 ou 5 ans une temporalité et les adultes étaient désociabilisés

Fabrice Burgaud : « c’est sûr que c’est plus facile de dater les dossiers financiers. »

Le président rappelle qu’après ses aveux, Daniel Legrand ne reconnaît sur photo que Dylan et Cherif.

Le président souligne aussi que Daniel Legrand reconnaît sur photo d’autres enfants mais aucun de ces enfants ne le désigne lui.

Fabrice Burgaud explique que le procès-verbal des aveux de Daniel Legrand « est improvisé. L’interrogatoire n’a pas été préparé. »

Le président interroge Fabrice Burgaud sur les albums photos présentés aux victimes qui ne comprenaient que des mis en cause.

Le président interroge Fabrice Burgaud « vous avez raison, il aurait été souhaitable de panacher. »

Le président P. Dary, ancien juge d’instruction lui-même, est très précis dans ses questions sur le travail de Fabrice Burgaud.