Outreau – Procès de Rennes – Jeudi 28 mai 2015 – Audition de Marie-Christine Gryson-Dejenhansart – Tweets de la salle d’audience

L’audience va reprendre avec l’audition de Marie-Christine Gryson-Dejenhansart, psychologue qui a examiné les enfants Delay.

Marie-Christine Gryson-Dejehansart est déjà dans la salle.

Me Forster cite chaque jour la cote 1947 en soulignant qu’il la connaît parce que c’est son année de naissance.

Marie-Christine Gryson-Dejenhansart

Le président revient sur les recherches entreprises pour retrouver une fillette correspondant au signalement.

Le président explique que ces recherches en Belgique, Grande-Bretagne, Allemagne et Suisse sont demeurées vaines.

Les expertises de M-C Gryson sont en 3 parties : « analyse de la personnalité, du récit et retentissement traumatique éventuel. »

M-C Gryson : « les expertises des enfants d’Outreau ont été particulièrement pénibles en termes d’atrocité. »


M-C Gryson : « dans la fabulation, les caractéristiques sont simples : il y a une sorte de jubilation, comme dans le jeu. »

M-C Gryson explique qu’elle a subi une intervention récemment et n’est « pas dans un état formidable. »

M-C Gryson : « tous les enfants Delay ont eu de grandes facilités à s’exprimer dans ce cadre bienveillant. »

M-C Gryson lit les déclarations de Chérif devant elle : « tout était très dur et si je disais, j’étais mort par mon père. »

Chérif à M-C Gryson : « Mon père m’a suspendu au plafond. J’étais dans le coma. Je fais toujours des cauchemars. »

Chérif à M-C Gryson : j’ai voulu me suicider de mon balcon, puis au foyer. Plus tard, je serai policier pour arrêter les méchants

M-C Gryson au sujet de Chérif : il revoit des scènes en flashes, vit le récit, l’accompagne de gestes. Il a un regard de supplice

Parmi les tests utilisés par M-C Gryson, il y a la présentation de bandes dessinées spécifiques.

M-C Gryson : « le petit cochon est le petit animal auquel l’enfant s’identifie le mieux, parce qu’il a la peau rose. »


M-C Gryson au sujet de Chérif : « le passé l’envahit et l’avenir l’envahit. Donc il ne peut pas vivre sa vie. »

M-C Gryson : « un des dessins de Chérif est une maison transpercée. Il m’a dit : « cet arbre là, il a poussé comme ça ». »

M-C Gryson a ensuite expertisé Dimitri : « ce qui était très significatif était son rapport à la sexualité. »

M-C Gryson : Dimitri était très en difficulté. On l’a surpris à la fenêtre avec un sac sur la tête il voulait passer par la fenêtre

Dimitri à M-C Gryson : « il m’a tenu les bras. Ils ont commencé. Olivier, François, Dominique, Mickaël, chacun leur tour »

Dimitri à M-C Gryson : « ils vont tous aller en prison, maman aussi. Et moi je vais passer en CE2 »

Dimitri à M-C Gryson : « Maman elle a parlé en premier, elle est quand même un peu sympa. »

M-C Gryson : un enfant qui fabule, il a des distances de réflexions. L’enfant qui vit un récit traumatique est dans la sidération

M-C Gryson (toujours sur les dessins de cochons) : les enfants s’identifient tellement au cochon que dès fois il disent « je »

M-C Gryson évoque l’expertise de Jonathan : « il commence par le souvenir écran « j’étais assis sur une chaise » »

Jonathan à M-C Gryson : « mon père il faisait des choses avec des adultes : des gens, l’abbé Dominique. »

Jonathan à M-C Gryson : « il me forçait à faire des manières à l’abbé Dominique dans ma bouche. C’était l’horreur »

M-C Gryson explique que pendant son récit Jonathan « a un regard de dégoût, il a des hoquets. »

M-C Gryson : « Jonathan est dans une mise à distance, dans un clivage, dans une forme de déni pour se mettre à l’abri. »

M-C Gryson : « Dylan, qui a subi des événements traumatiques très tôt, est le plus déstructuré. »

Dylan à M-C Gryson : « je fais des cauchemars de Papa. Il a fait des manières. »

Dylan à M-C Gryson : « il met son zizi dans mes oreilles et puis il le met dans mon derrière, dans ma bouche et puis je m’en vais »

M-C Gryson : « dans les dessins, Dylan se dessine de manière fantomatique. »

M-C Gryson montre un dessin à la cour : « Dylan m’a dit que le monsieur met de la paille dans le trou noir de la maman »

Le président : les enfants peuvent tenir des discours fantasmés qui impliquent des personnes qui ne soient pas leurs agresseurs ?

M-C Gryson : « dans l’examen psychologique, l’enfant revoit des scènes. On est dans la réminiscence d’une scène traumatique. »

M-C Gryson : « l’enfant qui fabule réfléchit à la vraisemblance. Là, il ne réfléchit pas, il est dans la sidération. »

M.-C. Gryson « On sait que ce que racontent les enfants, c’est pas des histoires »

M-C Gryson : « ça fait 20 ans qu’on sait qu’on doit travailler comme ça. »

Le président : « encore une fois, Madame, il ne s’agit pas de nier le traumatisme de ces enfants, il est bien réel. »

M-C Gryson : « il faut savoir qu’un enfant minimise tout le temps. »

M.-C. Gryson « Un enfant minimise tout le temps »

Le président : « selon vos expertises, le plus traumatisé, c’est Dylan. C’est pourtant celui qui ne va citer quasiment personne. »

M.-C. Gryson « Dylan mélangeait agresseurs et agressés, donc il était complètement déstructuré »

M-C Gryson : « Dylan était trop jeune, il n’était pas construit, il ne savait pas qui faisait quoi. »

M.-C. Gryson « L’enfant a honte de raconter, il en rajoute jamais »

M.-C. Gryson « Un enfant ne peut pas se tromper d’agresseur »

M-C Gryson : « la justice les a reconnu victimes mais pas la société. Et ça c’est ingérable. »

M-C Gryson : « L’abbé Dominique dans son livre et ses conférences, il dit que les enfants ont menti. »

M-C Gryson : « être reconnu par la justice c’est une chose mais dans notre société de l’image le plus important c’est les gens. »

Le Monde – Les quatre condamnés d’Outreau disculpent Daniel Legrand

Logo Le MondeLe Monde.fr avec AFP | • Mis à jour le

« M. Daniel Legrand n’était pas dans l’affaire. » L’ultime des quatre condamnés d’Outreau, David Delplanque, laconique, a disculpé mercredi 27 mai Daniel Legrand devant la cours d’assises de Rennes. Ce dernier est jugé depuis une semaine pour l’affaire de pédophilie dans laquelle il a été acquitté il y a dix ans, avec douze autres personnes. A la barre, M. Delplanque, 41 ans, a refusé d’expliquer les raisons qui l’ont poussé à l’accuser au cours de l’instruction.

« Je n’ai plus rien à dire. J’essaie d’oublier cette histoire. »

Le prévenu fait face une troisième fois à la justice, car, contrairement aux douze acquittés et aux quatre condamnés, il était mineur au moment d’une partie des faits. Et c’est sur cette période qu’il est actuellement jugé, son acquittement de 2005 ne portant que sur les faits postérieurs à sa majorité. Les déclarations de David Delplanque font écho à celles de Thierry Delay, Myriam Badaoui, et Aurélie Grenon qui l’ont aussi innocenté devant la cours d’assises de Rennes.
Pour lire l’article, cliquez sur le logo du Monde