Le choix délibéré d’experts judiciaires incompétents avec pour conséquence: la protection des pédophiles

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Collectif féministe de soutien aux mères et aux enfants victimes du patriarcat
Par Guillaume Leroy
5 janvier 2013
Les juges choisissent souvent des experts judiciaires incompétents pour expertiser les affaires de pédophilie. Faisant cela, ils protègent les pédophiles.
Il leur arrive aussi de choisir un expert compétent en matière de pédophilie (abus sexuels sur enfants perpétrés par un adulte), parfois le plus célèbre. Mais les juges savent que cet expert va déléguer l’expertise à un expert incompétent.
On est donc en droit de se demander s’il n’existe pas une véritable complicité entre les juges et les experts pour protéger les pédophiles.

Le vernis de compétence sur les expertises incompétentes

La seconde situation est particulièrement perverse, car le juge pourra affirmer qu’il n’y a pas de problème puisque l’expert incompétent (B) sera en principe supervisé par l’expert compétent (A).
L’expertise incompétente aura par conséquent un beau vernis de compétence.
Mais la réalité est tout autre. Et les juges et les experts compétents (A) ne peuvent l’ignorer :
– L’expert incompétent (B) ne sera pas capable de repérer les signes d’abus sexuels sur enfant et sera immédiatement instrumentalisé par le pédophile (voir les explications plus loin dans l’article),
– il rapportera donc à l’expert compétent (A) qui le supervise des matériaux dans lesquels les abus sexuels sur enfants n’apparaitront pas,
– l’expert compétent pourra ainsi dire en toute sincérité : il n’y a rien, ce sont de fausses allégations.

La cécité et l’instrumentalisation des experts incompétents

Un expert compétent et expérimenté en matière de pédophilie possède plusieurs qualités incontournables :
– la capacité à repérer les signes d’abus sexuels sur enfants (demande une grande connaissance de la question),
– la capacité à repérer les processus de violence (la pédophilie est une violence envers l’enfant),
– la capacité à repérer les pathologies associées à cette violence (perversion narcissique, sociopathie, etc.),
– la capacité à ne pas se laisser instrumentaliser par l’abuseur présumé.

Si l’expert n’est pas très expérimenté dans ces domaines, il ne verra rien (atteint de cécité) et sera immédiatement instrumentalisé par l’abuseur.

Un expert instrumentalisé se met au service du pédophile

Tout professionnel chevronné sait que l’instrumentalisation est le plus grand risque lorsque l’on travaille avec des abuseurs.
Dans le cas de l’instrumentalisation d’un expert, il y aura alors aménagement des matériaux de l’expertise au profit du pédophile :
– refus de voir les preuves,
– banalisation voire disparition des éléments se rapportant aux abus sexuels sur enfants,
– instrumentalisation de l’enfant pendant les entretiens,
– pathologisation de la personne qui dénonce les faits, etc.

Comment ne pas se laisser instrumentaliser par un abuseur

Pour ne pas se laisser instrumentaliser, l’expert chevronné appliquera un cadre très strict qu’il maintiendra coûte que coûte, de manière très précise.
S’il sent qu’il commence à avoir une propension à sortir du cadre et  à s’acharner sur l’une des parties, il ira en parler à son superviseur. Tous deux auront conscience que ce professionnel est probablement en présence d’un abuseur. Ils travailleront donc sur cet axe.
Ce travail conjoint avec son superviseur fera immédiatement sortir le professionnel de son contre-transfert (voir ci-dessous), puisqu’il aura conscience qu’il est instrumentalisé par un potentiel abuseur. Cela change complètement sa façon de le percevoir.
Il sera alors à nouveau capable d’appliquer son cadre et de travailler en toute impartialité.

L’arme des abuseurs : le contre-transfert

La sortie du cadre et la propension d’un professionnel à s’acharner contre l’une des parties est le signe d’un contre-transfert. Et les abuseurs savent particulièrement bien provoquer un contre-transfert (de l’émotionnel) chez autrui.
Le contre-transfert est une résonance émotionnelle entre l’affaire et le vécu du professionnel. Cette résonance lui fait perdre sa capacité à être présent de manière impartiale. Son état émotionnel prend le dessus et lui fait perdre toute lucidité.
Un professionnel en plein contre-transfert n’est donc plus en état de travailler et doit aller immédiatement en supervision, voire se faire retirer le dossier si le contre-transfert persiste (sorties de cadre et acharnement contre une partie).
Le travail sur le contre-transfert est l’un des axes fondamental de la supervision. Malheureusement, un professionnel incompétent et inexpérimenté n’aura pas conscience de son contre-transfert et n’en parlera donc pas à son superviseur.
Ce professionnel présentera alors l’affaire à son superviseur avec un vernis d’impartialité, afin de protéger le pédophile et le superviseur risque de ne rien voir.
Il peut aussi arriver, comme c’est le cas avec les experts judiciaires, que cela arrange les superviseurs de ne rien voir et qu’ils laissent faire, voire deviennent complices des sorties de cadre et de l’acharnement contre l’une des parties.

L’instrumentalisation des professionnels : signe de la présence d’un abuseur

Pour les professionnels chevronnés, l’instrumentalisation des professionnels est un moyen de repérer un abuseur.
Une instrumentalisation se détecte très facilement avec les sorties de cadre et l’acharnement envers l’une des parties.
Un professionnel instrumentalisé devrait immédiatement aller en supervision, voire se faire retirer le dossier, car il n’est plus en état de travailler. En effet, les sorties de cadre et l’acharnement vont engendrer une succession de procédés anti-déontologiques voire illégaux :
– non-respect du cadre,
– changement de stratégie,
– refus de voir des preuves,
– confusion, flou,
– récolte partiale des matériaux de l’expertise,
– collusion ouverte avec l’une des parties,
– etc.
Le problème avec les experts judiciaires incompétents, c’est qu’ils sont incapables de repérer leur contre-transfert qui est à l’origine de tout cela. Ils ne vont donc pas en parler à leur superviseur et le superviseur se garde bien de les interpeler sur le contre-transfert.
Donc ces experts incompétents vont conserver le dossier et protéger l’abuseur (en l’occurrence, un pédophile) coûte que coûte (au lieu de maintenir coûte que coûte le cadre comme c’est leur rôle).

L’incompétence et l’inexpérience des experts judiciaires

La plupart des experts judiciaires sélectionnés sont de jeunes diplômés qui n’ont aucune expérience dans le domaine de la maltraitance et des abus sexuels, encore moins dans le domaine de la pédophilie.
D’autre part, les experts judiciaires sont la plupart du temps des professionnels de l’enfance. Comment un professionnel de l’enfance peut-il expertiser un adulte, de plus un présumé pédophile ?
Seul un professionnel travaillant avec des adultes, très compétent et expérimenté en matière de pédocriminalité peut expertiser un présumé pédophile. Avec tout autre expert, il y aura incapacité à repérer les signes et instrumentalisation de l’expert (comme décrit plus haut).

Les experts judiciaires sont quasiment tous adeptes de la théorie pro-pédophile du Syndrome d’Aliénation Parentale (SAP)

Un autre facteur aggravant qui explique cette complicité avec les pédophiles, c’est qu’au cours de leur cursus, tous les experts judiciaires ont été biberonnés à la théorie pro-pédophile du Syndrome d’Aliénation Parentale (SAP).
En Suisse où la situation est particulièrement préoccupante (dans ce pays, aucune voix de professionnel ne s’élève contre cette théorie du SAP), l’institut qui forme les experts judiciaires se nomme IUKB (institut universitaire Kurt Bosch). Cet institut est dirigé par le chantre suisse du SAP (Dr Philip Jaffé) qui fait régulièrement appel au grand propagateur du SAP (Van Gijseghem) pour intervenir dans les formations. Voir la partie qui concerne l’IUKB et le Dr Jaffé dans l’article : Comment les masculinistes et pro-pères ont pris la tête de la protection de l’enfance
Cette théorie créée par Richard Gardner, un pro-pédophile notoire, prétend que l’essentiel des dénonciations d’abus sexuels sur enfants seraient de fausses allégations. A cause de cette théorie, lorsqu’il aura dénonciation de pédophilie intra-familiale, les experts judiciaires considèreront systématiquement cette dénonciation comme un simple conflit de couple. Pour eux, il n’y a rien. C’est leur a priori de départ.
Pourtant, le SAP est une théorie non-scientifique rejetée par la communauté scientifique internationale. Voir l’article : La communauté scientifique internationale s’oppose au Syndrome d’Aliénation Parentale (SAP) : instances etprofessionnels
Comme par hasard, cette théorie pro-pédophile est utilisée exclusivement par la magistrature et la protection de l’enfance. Voir l’article : Comment la magistrature en est-elle venue à adopter la théorie pro-pédophile du Syndrome d’AliénationParentale (SAP) ?
Cette théorie très contestée est d’ailleurs taboue : elle n’est que rarement nommée clairement et les professionnels n’osent dire qu’ils adhèrent au SAP. Cette théorie du SAP créée par un pro-pédophile (un abuseur) est elle-même une instrumentalisation massive de tout un domaine professionnel (la profession de l’enfance) puisqu’elle touche les professionnels dans leur contre-transfert, à savoir : la haine et le mépris des mères, véhiculés dans l’imaginaire collectif par Freud et le patriarcat. Voir l’article : Un concept psychologique paranoïaque va entrer dans la loi pour sanctionner des parents au civil et au pénal
Alors que le SAP est en toile de fond des évaluations des assistants sociaux, des expertises judiciaires et des jugements, il n’est que rarement nommé : on parle le plus souvent de fausses allégations, de lavage de cerveau, etc.  Ces informations cachées qui imprègnent tout mais ne sont jamais nommées sont typiques des processus pervers.

La magistrate Martine Bouillon

En 1997, la magistrate Martine Bouillon écrit un livre pour dénoncer la loi du silence en matière de pédophilie : « Viol d’anges, pédophilie, un magistrat contre la loi du silence » Lien sur le livre.
Peu après la sortie de ce livre, Martine Bouillon a été sanctionnée. Le 27 mars 1999, Martine Bouillon participe à une émission présentée par Elise Lucet sur France 3 sur le thème « Reportage : viols collectifs, cérémonies sordides, drogues, sacrifices, tortures, charniers d’enfants en France. Le lendemain de cette émission, Martine Bouillon est mutée en province par un magistrat qui sera plus tard suspecté de pédocriminalité.

Voici le texte sur le site de France 3 :

Martine Bouillon, la substitut du procureur de Bobigny, qui révèle en direct sur le plateau TV l’existence en Région Parisienne de CHARNIERS D’ENFANTS, a été muté en province (Amiens) par le Conseil Supérieur de la Magistrature (dans lequel siège le Président de la République …) le lendemain matin même de la projection tardive du documentaire (!!!). Sous le prétexte d' » atteinte à la délicatesse  » (?!). Le Haut Magistrat qui lui a assigné l’ordre de mutation a été mis en examen par la suite pour pédopornographie, mais a été blanchi (!!!). M.B. se refuse désormais à tout commentaire sur cette affaire déclarant seulement qu’elle a « des personnes à protéger ». Reportage de France 3

La mystification Outreau

L’affaire Outreau est une belle démonstration de la manière dont la magistrature protège les pédophiles.
La psychologue Marie-Christine Gryson est l’un des experts de l’affaire Outreau. Depuis 2006, elle mène un combat pour que cette mystification soit enfin reconnue. Voici un article dans lequel elle résume son action : Le film « Outreau l’autre vérité »: la sixième étape sur la démystification d’Outreau
Dans un premier temps, des experts (dont Marie-Christine Gryson) ont reconnu la gravité des abus sexuels sur les enfants. Puis un nouvel expert a été nommé. Sans avoir entendu les enfants, ce nouvel expert a conclu qu’il ne s’agissait que de fausses allégations. Suite à cela les accusés ont été acquittés et les experts expérimentés qui avaient reconnu les actes de pédophilie discrédités et ridiculisés.
Le 2 janvier dernier (2013), le journal Le Point a publié un article sur l’enquête que mène le journaliste d’investigation Jacques Thomet (ex rédacteur en chef de l’AFP) sur l’affaire Outreau : Affaire Outreau : l’étrange déposition de Chérif Delay
De nombreux ouvrages, articles et films existent sur ce thème de la mystification d’Outreau:
– le cinéaste et auteur Serge Garde, son film « Outreau, l’autre vérité » et co-auteur de livre de Chérif Delay « Je suis debout. L’aîné des enfants d’Outreau sort du silence »,
– le journaliste Jacques Thomet, ses articles sur Blog de Jacques Thomet et son livre « Les Dracula d’Outreau »),
– Ceri (son Blog de Ceri alias Donde Vamos),
– Marie Christine Gryson, son ouvrage remarquable « Outreau la vérité abusée » Outreau la vérité abusée, son site La vérité abusée, son Blog Mediapart
Pour lire l’article, cliquez sur l’image du collectif féministe

D’Auschwitz à Outreau : la mémoire massacrée des enfants survivants

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Docteur en psychopathologie-HDR, Expert près les tribunaux

JUSTICE – Il y a tout juste un mois, la France commémorait le 70ème anniversaire de la libération des camps de concentration. Les cérémonies qui ont eu lieu à ce moment-là et les témoignages des survivants (tous enfants à cette période), pourraient laisser penser que parler de l’holocauste a toujours été possible. Ce serait une erreur. À la libération des camps, la majorité des déportés a été condamnée au silence, non seulement en raison de leurs propres difficultés à se dégager de l’indicible de ce qu’ils avaient subi mais surtout parce que personne ne voulait entendre ces récits de l’horreur.

C’est la même violence du déni de la réalité de ce qu’ils ont vécu qui s’impose aujourd’hui, en France, aux enfants maltraités : pour ceux qui parviennent à révéler, il existe une identique difficulté à être reconnus victimes de ce qu’ils révèlent par cette communauté des autres pourtant censés le protéger (proches, société, monde judiciaire).

Le lien entre les enfants rescapés des camps de concentration et ceux qui ont survécu aux maltraitances et en particulier aux abus sexuels, apparaîtra sans toute excessif à ceux qui méconnaissent les conséquences traumatiques de ces violences. Et pourtant, il existe un lien indéfectible entre tous ces enfants aux vies fracassées : celui du génocide identitaire dont ils ont été victimes et ses traces traumatiques dans leur corps, dans leur âme, dans leur mémoire et dans leur histoire.

La terreur, la honte vous sidèrent. Les humiliations et la désaffilation organisées par vos bourreaux vous condamnent à la perte de toute confiance en l’autre à un âge où cette confiance est pourtant essentielle pour grandir sereinement. La terreur subie vous tétanise. L’emprise et l’identification à l’agresseur vous saturent de culpabilité. Les violences faites à votre corps entraînent une symptomatologie post-traumatique spécifique qui hypothèque votre devenir et ce d’autant plus que vous êtes un enfant en plein développement (troubles anxieux, autodévalorisation, perte de confiance dans l’avenir, reviviscences, problèmes psychosomatiques, cauchemars, hypervigilance, troubles de la mémoire et de l’attention, tristesse).

La mémoire traumatique encrypte vos traumatismes dans les abysses cérébraux et vous expose à des ressentis complexes et à des souvenirs lacunaires. Le fait de ne pas être totalement mort alors que d’autres n’ont pas survécu ou ont sombré dans des troubles majeurs hantent votre présent d’une conviction de ne pas être légitime. L’effraction psychique produit un sentiment d’étrangeté et l’impression de ne jamais être à sa place.

Pour ceux qui ont survécu à l’holocauste comme pour ceux qui ont survécu aux viols et aux autres maltraitances subies, s’annonce une autre épreuve qui pour certains deviendra un véritable enfer : pouvoir se dégager de ce statut d’objet de violence pour (re)devenir sujet de son histoire. Cette réinscription dans le monde des vivants (voire cette inscription, pour les enfants maltraités depuis l’enfance ou les enfants nés dans les camps), nécessitent la concomitance de deux processus dont chacun est en lui seul incertain : parvenir à témoigner ET que ce témoignage permette la reconnaissance des atrocités subies.

Comment dès lors l’enfant victime peut-il témoigner et être entendu à la hauteur de ce qu’il a vécu ? S’il est trop déstructuré psychiquement, son récit apparaît bizarre, ses pertes de mémoire inconcevables compte tenu de la gravité de ce qu’il prétend avoir subi. S’il est trop précis dans son témoignage, sa parole est considérée comme suspecte. S’il présente des troubles post-traumatiques envahissants il sera psychiatrisé et rapidement étiqueté de telle ou telle pathologie ; s’il ne présente pas de troubles visibles, il sera soupçonné de ne pas avoir subi tout ce qu’il dit. Pour l’enfant victime le parcours s’annonce des plus douloureux tant l’incompréhension voire la contestation de ce qu’il a vécu lui est opposée.

Au final quoi qu’il dise, quoi qu’il puisse exprimer, quoiqu’il manifeste, l’enfant qui a failli être exterminé par la violence des hommes, ne réagit jamais comme la communauté des autres le voudrait. Il est alors condamné à se taire. Sortis des camps, les rares déportés qui ont tenté de témoigner se sont fait traiter de menteurs par ceux qui savaient que les camps existaient et qui, pris d’une subite et indécente amnésie, tenaient plus que tout à ce que le silence impose sa loi ; mais aussi par tous ceux qui préféreraient rester dans une si confortable ignorance coupable.

C’est le même constat pour les enfants victimes de violences et de maltraitance et les qualificatifs ne manquent pas: menteurs et des affabulateurs jusque dans les années 1990 ; ils deviennent aliénés, répétant à l’insu de leur plein grès des écrits traumatiques qu’ils n’ont nécessairement pas vécus. Ce 5 juin 2015 marque une nouvelle ère : le « syndrome d’aliénation parentale » étant désormais dénoncé par la communauté scientifique internationale qui a refusé de l’inscrire dans sa dernière classification des pathologies psychiatriques (le DSM V), c’est une autre dénomination qui s’impose, celle des faux souvenirs (déjà utilisée au XIXe siècle). Pendant trois semaines s’est déroulé à Rennes ce que de nombreuses personnes ont qualifié de troisième acte de l’affaire d’Outreau : trois des enfants reconnus victimes de viol par les assises de Douai, puis par la Cour d’appel de Paris, ont poursuivi en justice un homme qu’ils accusent de les avoir violés quand lui-même était mineur (soit des faits remontant à près de quinze ans).

Lors de son réquisitoire l’avocat général des assises, soudainement autoproclamé expert psychiatre, a établi de la seule hauteur de son prétoire, que les témoignages des parties civiles ne pouvaient pas être entendus par les jurés car il s’agissait de « faux souvenirs ». Méprisant les auditions des différents experts à forts renforts de propos disqualifiants les personnes, leur expertise et leur fonction d’expert, ce magistrat a imposé son point de vue. Cette affirmation ne s’étayant sur AUCUNE expertise récente de la parole de ces parties civiles (les dernières remontant à plus de 13 ans) et allant à l’encontre de l’état actuel des connaissances scientifiques sur la mémoire traumatique, l’avocat général n’a en fait affirmé que sa seule interprétation idéologique des récits des parties civiles. Si une telle stratégie sémantique usant de la rhétorique perverse, était attendue des avocats de la défense (qui portés par un tel soutien ne se sont même pas donné la peine de plaider), elle ne peut qu’interroger de la part d’un avocat général ; représentant du ministère public.

Que signifie l’usage de ces termes : « faux souvenirs », « enfants aliénés », « enfants menteurs » ? Que nous disent-ils du lien de notre société aux enfants et plus particulièrement du système judiciaire aux enfants victimes ? Ce que nous constatons c’est que de tels termes dénient toute possible réalité aux violences faites aux enfants; qu’ils interdisent tout témoignage, tout récit traumatique et qu’ils condamnent victimes et mis en cause à une errance réflexive (le témoignage ne pouvant s’inscrire dans aucune élaboration pensable). La dénégation du vécu traumatique des enfants maltraités, produit une nouvelle violence, celle de leur expulsion de toute.

Ce dont témoignent aussi les propos de l’avocat général c’est la permanence et la force d’une logique négationniste en France face à toutes les maltraitances et violences subies par les enfants et ce, au plus haut niveau de l’État (puisque l’avocat général le représente).

Qu’elle est donc cette France où la dictature du silence et l’interdit du témoignage s’imposent aux enfants victimes ? Quand une société ne porte plus attention à ceux qui sont son avenir, elle s’ampute de son futur. Le silence imposé aux victimes par l’état est la caractéristique des logiques terroristes et terrorisantes propres aux dictatures. C’était cela le changement ?

Ces petits d’hommes ont été massacrés deux fois par la vie : par ceux qui leur ont fait subir les pires atrocités et par ceux qui leur ont dénié le droit d’en témoigner. Si la logique judiciaire conclue à l’acquittement des mis en cause, la motivation peut être explicitée par bien d’autres raisons que celles motivées par des idéologies négationnistes qui nous rappellent combien les mécanismes de déshumanisation et leurs effets sur les petits d’homme comme les adultes restent d’actualité dans la société française.

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