La mascarade d’Outreau se perpétue à Rennes
Excipant de la souffrance d’enfants naguère violés à Outreau, quelques révisionnistes judiciaires jouent sur les procédures et provoquent un nouveau procès. L’un des calomniés d’Outreau, Daniel Legrand, en fait les frais, dans les ornières d’un tribunal à Rennes. Tragiquement vain…
L’affaire Dutroux de 1996, en Belgique, trotte dans toutes les têtes quand éclate, cinq ans plus tard, l’affaire d’Outreau (Pas-de-Calais). En cette ville limitrophe de Boulogne-sur-Mer, Myriam Badaoui a placé ses quatre fils en familles d’accueil, pour les protéger de la violence de leur père, Thierry Delay. La progéniture confie ses souffrances à des assistantes familiales, à l’Ase (Aide sociale à l’enfance), puis à la justice saisie des faits.
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23 mai 2015
RÉPONSE A MONSIEUR ANTOINE PERRAUD, OU : « PERSONNE N’EST OBLIGÉ DE ME LIRE ».
« Vous avez le droit de faire partie des meutes pavloviennes, je préfère appartenir aux rangs- plus clairsemés – des vigiles informées »
(Antoine Perraud, la Mascarade.)
« Railler l’aveuglement des uns ne rend-il pas les autres plus lucides encore ? » (Idem.)
« Outrés de rencontre », « imposteurs », « baudruche », « mystificateurs patentés», « convulsionnaires révisionnistes ». (Ibidem.)
Gare à nous ! Le capitaine Haddock a bouffé un Littré ! (Vous avez oublié, M.Perraud : « Moules à gaufre », « ectoplasmes », « bachi-bouzouks »)…
Avertissement au lecteur :
Pour saisir complètement le sens de ce billet, il conviendra de lire-ou même de relire – l’article de M.Perraud dont il est question (Oui, je sais… mais arrêtez de soupirer, cher lecteur). En plus, il faudrait vraiment vous farcir les commentaires (C’est d’ailleurs pénible, je le conçois, et surprenant dans un média « participatif », car j’y interviens sans discontinuer, tel la mouche du coche Perraud, qui a déjà beaucoup de mal à avancer…).
Préambule :
Ayant été publiquement traîné dans la boue par vous, M.Perraud, (voir supra) suite à mes remarques à propos de votre très informé et subtil article sur le procès Daniel Legrand ( La mascarade d’Outreau continue), mes commentaires dépubliés à tour de bras et mon alerte n’ayant pas abouti, j’estime avoir un droit de réponse…
Je me l’octroie d’autant plus facilement que je suis sur mon blog, un peu chez moi, en quelque sorte… Je vais donc ici, une fois n’est pas coutume, et ayant été persiflé (le mot est faible) non nominativement mais personnellement, vous parler de ma petite personne et, rapidement, de l’homme que je crois être… (Là, M.Perraud, vous pouvez arrêter votre lecture si vous voulez)…
MOI.
Je suis né à Paris l’automne 1951, dans un milieu fortement imprégné de catholicisme social. Ma mère était secrétaire et mon père employé dans une petite société de bureautique (Qu’ils reposent en paix). Comme tous les gens ordinaires, j’ai eu des conflits avec eux, mais ils m’ont toujours appris la droiture, le sens de l’honneur, le respect de la parole donnée. Ma mère me répétait quelques sages principes : « Il n’y a pas de sots métiers, il n’y a que de sottes gens. » Ma grand-mère d’autres encore : « Il faut toujours voter pour le plus rouge, il a bien le temps de blanchir… »
Je découvris, tout jeune, (Voyez, c’est comme une petite histoire…) que mon père avait été responsable durant l’Occupation d’un réseau de « corps-francs » (Ceux qui faisaient sauter les convois allemands ; spécialistes des « coups de main », ces hommes et femmes courageux s’amusaient aussi à dynamiter les entrepôts de munitions ennemis. Les Allemands et la police de Vichy les traquaient en tant que « terroristes »). A l’époque, en 1940, il était militaire dans un régiment de chasseurs alpins (les « diables bleus » que craignaient tant les Italiens). Son régiment avait versé dans la résistance dès la capitulation. C’était en Savoie. Mon père fut condamné à mort par la Gestapo, arrêté par des gendarmes français (il insistait bien sur l’adjectif), mais parvint, je ne sais comment, à leur fausser compagnie (Sinon, je ne serais pas là pour vous emmerder, M.Perraud…) et fut envoyé par ses chefs dans la région de Marseille. Il dut, bien entendu, changer son identité, plus précisément changer son nom de résistance précédent. Il participa à la libération de la ville… On l’avait placé, dès le débarquement allié en Provence, à la tête d’un groupe de soldats « indigènes » qui venaient des colonies de l’Afrique. Il me racontait avec malice la terreur des soldats allemands devant ces guerriers intrépides qui montaient à l’assaut le couteau entre les dents, au sens propre. Quant au Général de Lattre de Tassigny, à qui il dut serrer la pogne, il me disait de lui : « Ce type-là, il en avait du sang sur les mains ! » En effet, les goumiers, harkis et autres tirailleurs sénégalais étaient la plupart du temps envoyés au combat pour remplir les missions les plus tordues, neutraliser, par exemple, des positions allemandes dans des conditions d’une extrême dangerosité. Gloire et reconnaissance à ces hommes oubliés, noirs et maghrébins, des braves qui participèrent fièrement à la libération du territoire national et qui furent si mal récompensés par la France… Pendant ce temps, ma mère, toute jeune fille, vivait le quotidien de l’Occupation à Paris, puis en Bourgogne, chez des cousins. Dans sa tête, je n’existais peut-être pas encore, mais son ours en peluche s’appelant Jacquot, elle s’était promis d’appeler son premier fils de ce prénom… Je porte donc le nom d’un animal ! (Souriez, M.Perraud !).
La famille de mon père, contrairement à celle de ma mère qui était commerçante à Bercy, était issue d’une vieille lignée qu’une généalogie sans doute quelque peu incertaine, faisait remonter à l’époque de Jeanne d’Arc (Rien que ça ! En tout cas, c’était le résultat des recherches minutieuses de mon oncle Général, qui était généalogiste quand il n’y avait pas trop de guerres…) M.Perraud !… Vous n’écoutez pas !
Traditionnellement, dans cette famille de la droite catholique conservatrice, les garçons étaient militaires ou prêtres. Les filles se mariaient( à des militaires parfois), et pondaient des marmots. Le rejeton que j’étais dut s’accommoder de cet héritage. En tout cas, il fut élevé (moi) dans l’amour et la protection, mais aussi l’intransigeance, la rigueur morale et intellectuelle (Vous me suivez, M.Perraud ? ). Bercé dès mon plus jeune âge par les marches militaires, la lecture de Tintin, la pratique traditionnelle dans la famille du dessin, le scoutisme, les écrits de Pascal et de Montaigne, les sketchs de Fernand Raynaud, je dus apprendre par cœur, au milieu de cette culture hétéroclite, le fameux « IF » de Rudyard Kipling : « Tu seras un homme, mon fils ». Je pense avec le temps que c’était une preuve d’amour et de confiance de la part de mon père, faite de la promesse de ne jamais défaillir et de rester droit et loyal en toutes circonstances…
Pour le reste, je me suis marié très jeune et eus, grâce à trois femmes, quatre enfants. Mes enfants, j’ai tâché de les aimer et de les éduquer dans les mêmes principes. Ils constituent, avec mes quatre petits-enfants, ce que j’ai de plus cher ici-bas (Non, non, ne pleurez pas, M.Perraud, attendez plutôt la fin).
Après des études de littérature et de sciences politiques à l’Université de Vincennes (Ah ! Jean Levaillant !… Casamayor, mon maître !…), je suis devenu, par la force des choses et l’obligation de gagner ma vie, instituteur suppléant en Picardie, puis, rapidement, responsable régional du SGEN-CFDT, syndicat très virulent (à l’époque !). L’alliance : milieu catholique/éducation chez les curés/classe moyenne conservatrice par mon père, radical-socialiste par ma mère/résistance commençait à porter ses fruits explosifs… Ainsi, même si je suis agnostique, je trouve encore que le Christ était un mec super cool qui n’avait pas froid aux yeux ( Là, vous commencez à vous rendormir, M.Perraud !…). Comme beaucoup de ma génération, j’ai vibré pour le combat des LIP, manifesté pour le Chili (Allende reste quelqu’un que j’admire : lui aussi a tenté d’aller « jusqu’au bout »). Je me souviens d’un slogan des paysans chiliens : « On préfère manger du pain noir debout que du poulet à genoux ! ». Mon activisme syndical de tête raide me valut quand même d’être muté d’office (dans certains cas, l’Éducation Nationale réagit promptement…) et d’avoir quasiment toute ma vie une progression de carrière pas franchement rapide (Je prenais trop au sérieux sans doute la formule de La Boétie : « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux ». Vous connaissez, M.Perraud ? Les « paisanos » chiliens, pour la plupart incultes, connaissaient, eux…).
J’ai donc poursuivi ma petite « carrière », enseignant successivement de la sixième aux classes Préparatoires aux Grandes Écoles (de Commerce). Par la suite, je devins un des responsables départementaux du syndicat Sud-Education (ça va pas vous plaire…). Ma curiosité intellectuelle et humaine se tourna de très bonne heure sur la Seconde guerre Mondiale (allez savoir pourquoi…) et sur la Shoah. J’avais en quelque sorte envie de comprendre ce que « l’homme est capable de faire à un autre homme » (Primo Levi). Je fis un tour assez rapide au PCF, puis au PG (mais ça, ce n’est pas votre tasse de thé non plus…). Quoi qu’il en soit, je devais avoir l’impérieux besoin d’agir. En réalité, ce besoin ne m’avait jamais quitté…
OUTREAU…
Après avoir fait ainsi le tour de pas mal de questions, et appris à la fois à connaître mes semblables et saisir mes limites (« on fait ce qu’on peut avec les moyens du bord… »), je suis tombé-très tardivement- sur les questions de pédocriminalité… Fort heureusement, ma fréquentation avec les sujets liés à la Shoah et à l’extermination des Roms m’avait appris que l’être dit « humain » était capable de toutes les atrocités, y compris de ce qu’un entendement ordinaire est infichu d’imaginer… Dès lors, c’était devenu pour moi : « Ce que des adultes peuvent faire subir à des enfants, souvent petits, parfois des bébés… (Eh oui ! M.Perraud…). Là ont débuté mes recherches, certainement un peu monomaniaques (Affaire Dutroux, affaire Alègre, fichier Zandvoort, disparues de l’Yonne, tortionnaire d’Appoigny… Je n’étais pas franchement en bonne compagnie, mais je voulais savoir…). Puis vint mon intérêt pour l’affaire dite d’Outreau. Je reconnais qu’au départ (ça devrait vous réjouir, M.Perraud), j’adhérai, comme beaucoup de gens, à la version officielle… Après tout, des médias aussi unanimes ne peuvent pas se tromper tous ensemble, pas tous en même temps, on n’est pas en Corée du Nord, sapristi !… Et puis, en quelque sorte, c’était rassurant (J’ignorais, à l’époque, qu’un procès presque identique se déroulait à Angers, qu’une soixante d’adultes avaient été condamnés… Certes, les médias n’avaient pas pris la peine de se déplacer sans doute parce qu’il n’y avait ni curé, ni huissier, ni taxi golfeur à se mettre sous la dent ; ni d’ailleurs de « ténors » du Barreau ou de journaliste à la mode… De l’inceste quart-mondiste : banal et inintéressant…).
Peu à peu cependant, et je ne sais en vertu de quel étrange phénomène (curiosité mal placée, méfiance congénitale pour la parole politique, pour les médias dominants, pour l’opinion commune, habitude atavique de nager à contre-courant ?…), le doute a commencé à s’installer (vous devriez essayer le doute de temps en temps, M.Perraud…), et j’ai alors beaucoup travaillé, lu, vu, consulté, parlé (avec des pédopsychiatres notamment). Je me souviens (vous allez rire) de m’être énervé plusieurs fois lorsque je tombais via Internet sur des sites invraisemblables, qui échafaudaient des théories d’Illuminati qui, pour le coup, ne m’éclairaient en rien… J’étais obligé de me cramponner à mon clavier d’ordinateur pour ne pas être happé soudainement par une faille temporelle (vous auriez été débarrassé de moi…) ! J’étais bien fâché aussi de constater que quelques clics m’entraînaient sur des sites complotistes, conspirationnistes, néo-nationalo-socialisto-soraliens…Voire carrément dans des endroits plus suspects encore, si c’est possible, à savoir l’ennemi héréditaire : l’extrême droite… En faisant des recherches sur Outreau, je suis même tombé une fois nez à nez avec une publicité pour Mein Kampf !… Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire !… Je me disais : « Bon sang ! Mais pourquoi la gauche (sic) ne s’intéresse-t-elle pas à ces questions ?… » Mais bon, il fallait continuer, trier, comprendre, sans trop garder la tête dans le guidon, prendre ses distances, raison conserver, etc. (Toutes choses, M.Perraud, que vous faites mieux que moi…).
J’ai assisté dès mardi 19 mai 2015 aux débuts du procès de Daniel Legrand à Rennes, avec bien sûr déjà, mes petites idées sur tout ça… J’ai rencontré là-bas, sous ce ciel mêlé de pluie et de soleil qui fait le charme de notre Bretagne, des défenseurs des enfants, des bénévoles, des gens formidables de dévouement, de patience, d’opiniâtreté, de courage, d’abnégation, d’humanité, de sang-froid, d’intelligence, de liberté d’esprit ; des gens aussi qui avaient recueilli ces enfants martyrisés, abandonnés à la rue comme des chiens errants par une République qui avait grassement indemnisé les « acquittés ». J’ai rencontré à Rennes ce jour-là une armée de l’ombre d’« anonymes » honnêtes, généreux et désintéressés qui avaient tenté de consoler comme ils le pouvaient ces enfants crucifiés par les terrifiants cauchemars qui peuplaient leurs jeunes nuits, condamnés pour toujours à revivre dans le sommeil leur Enfer passé… (Où donc étiez-vous, durant tout ce temps, M.Perraud ?… A la messe ?…). J’ai rencontré enfin, à Rennes ce jour-là, des êtres humains, hommes et femmes, jeunes ou plus âgés, qui font patiemment (ne souriez pas, M.Perraud) un travail remarquable et nécessaire, puisque les grands médias ne le font plus depuis longtemps sur ce sujet… Je n’ai vu à Rennes ce jour-là, ni de fous, ni d’illuminés, ni d’exaltés à mes côtés… Maître Lef Forster est-il fou ? Maître Reviron est-il exalté ? Avez -vous donc soudain le torticolis au point de ne pouvoir tourner la tête et regarder ailleurs, de l’autre côté par exemple ? Non, M.Perraud, les jeunes adultes que sont maintenant les enfants Delay ne recherchent pas l’argent ! Ils cherchent une chose bien plus haute, mais qui vous échappe un peu : ils cherchent le respect, M.Perraud… Le respect, vous en avez entendu parler ?
VOUS…
M.Perraud, en les insultant comme vous le faites, vous ne vous grandissez pas… En m’insultant, vous insultez mes convictions, mon histoire, mon parcours, tout ce qui m’a construit tel que je suis aujourd’hui… En outre, je ne vous avais pas insulté, moi… Cependant peut-être suis-je fou en effet de croire encore en l’humanité, un naïf idiot imaginant qu’il existe des braves gens que l’on berne pour des raisons multiples et complexes, mais qui n’a jamais cru, en aucune manière que ce soit, à un quelconque « complot », pas plus qu’il n’a cru au Protocole des Sages de Sion !… Prenez-moi pour un niais si ça vous chante, un « Zorro des chaumières », un « Zola », comme vous dites, mais dispensez-vous de me confondre avec ces Trissotin vaniteux à la recherche de je ne sais quelle notoriété de pacotille dont je me fous éperdument… Ce que je désire simplement voyez-vous, comme toutes celles et tous ceux qui m’accompagnent dans ce combat juste mais inégal, c’est de pouvoir me regarder dans la glace sans avoir à rougir de ce que je suis.
M.Perraud, un peu solennellement : vous n’avez absolument aucune leçon à me donner. Je ne prends mes leçons que chez des gens que j’estime. En revanche, vous pourriez en recevoir, de dignité et de courage, chez Shérif, Dimitri et Jonathan Delay…
M.Perraud : j’aurais beaucoup de mal à vous pardonner.
PS : Un conseil cependant : ne perdez pas votre temps à me répondre, car je n’attends rien de vous, hormis des excuses pour mes camarades, pour les enfants Delay et pour moi. Traitez-nous plutôt par la condescendance et le mépris, comme vous savez si bien le faire.
Jacques Delivré.
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CENSURE PAR MEDIAPART : Mon commentaire qui date d’un mois environ, et qui suivait l’article d’Antoine Perraud (« La mascarade d’Outreau continue ») vient d’être DEPUBLIE aujourd’hui par Médiapart.
Je vous le renvoie, donc :
« Monsieur Perraud.Votre article est infâme, véritablement. Vous insultez les seuls gens courageux qui tentent d’y voir un peu clair dans cette affaire très compliquée. En outre, il est gravement diffamant envers Marie-Christine Gryson à qui vous prêtez des intentions inavouables. Croyez-vous sérieusement que nous faisons tout ce labeur de réinformation pour le plaisir ? Nous tentons seulement de montrer que la réalité présentée par les médias dominants (et aujourd’hui par Médiapart, qui rejoint ainsi les Durand-Soufflant et autres Aubenas) est pour le moins truquée, voire faussée, voire tendancieuse, voire carrément fausse, et s’apparente-je pèse mes mots-à la propagande la plus grossière… Puisse le citoyen honnête, le lecteur ordinaire, se faire une idée juste des choses… Cela ne se fera pas en lisant votre article en tout cas. Pour finir, Monsieur, sachez que je ne vous salue pas. »
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