Dans le monde occidental, les statistiques le prouvent 1 homme sur 4 a été agressé sexuellement dans l’enfance.Il existe désormais des organismes aux États-Unis, au Canada, en Nouvelle-Zélande, en Irlande, en Angleterre… etc qui viennent en aide spécifiquement aux hommes survivants d’agressions sexuelles.
Il est malheureux de constater que certains mythes et préjugés empêchent toujours les hommes de rechercher l’aide dont ils ont besoin et qu’ils méritent absolument
Mémoire de DU en art thérapie : programme de danse et drama thérapie pour les hommes abusés sexuellement dans l’enfance
Une réflexion au sujet de « Pour les hommes survivants d’agressions sexuelles par Caroline Benamza »
Je souffre énormément ces jours. Je crois que depuis que j’ai sorti l’inceste, je commence seulement à réaliser ce qui m’est arrivé. Ça n’est pas vraiment l’acte en lui-même qui me pose un problème, après tout ça s’est passé et c’est tout. Non ça va plus loin que ça.
C’est toute la destruction qui va autour. Toute le culpabilisation, l’anéantissement de l’embryon de la confiance, le rejet et ensuite le poids d’être un homme et tout ça à 5 ans, l’âge de l’insouciance, des jupes de sa mère mais pas celles-là.
Les femmes me dégoûtent en ce moment, qu’est-ce que j’ai connu des femmes ? L’inceste et l’adultère. Est-ce tout ce qu’une femme est capable d’offrir ? La souffrance et l’anéantissement ? Une femme porte un enfant et le met au monde dans la douleur, est-ce une forme de vengeance ? Je pensais qu’une mère donnait les armes à son fils pour devenir un homme, pas qu’elle lui donnerait un poids insupportable, une bombe à retardement. La première femme de ma vie à violé mon amour et la deuxième l’a volé.
N’avoir aucun souvenir de sa mère partie à 6 ans, cela aurait dû éveiller ma curiosité, au contraire, j’ai bâti l’image d’une mère parfaite pour remplacer les souvenirs que je n’avais pas. Les souvenirs aujourd’hui revenus grâce à l’analyse, l’image parfaite fait place à la désillusion, à l’abomination. J’avais construit cette image sur mes lectures, sur les dessins animés de Walt Disney où la mère serre son enfant contre son cœur. La mienne me serrait contre son sexe en haletant. Elle me faisait porter tout le poids de sa culpabilité, incapable de la porter elle-même. Le mauvais garçon qui a donné des pulsions à sa mère.
Comment se construire après cela, comment construire une vie avec une femme ? La seule solution est de retrouver enfin une femme avec la même perversité. Pourquoi ai-je eu 3 filles ? Est-ce vraiment le fruit du hasard ou est-ce que j’ai tenu tellement à ne pas offrir à cette femme un garçon qu’elle aurait pu détruire à son tour ? Est-ce à cause de cela que cette femme n’ayant pas eu le fruit de ses désirs à choisi la plus grande souffrance que l’on peut choisir pour un mari, l’adultère ? Qu’y a t il comme autre ultime souffrance qu’une femme pourrait encore m’infliger, à part m’arracher un enfant ? Peut-être que cette souffrance m’attend aussi, comme quelque chose d’inéluctable, comme le dernier baiser empoisonné de la Femme.
La Femme n’est-elle pas supposé porter l’amour, véhiculer l’amour ?
Est-ce que nous sommes sur un Mythe ?
Est-ce que la Femme est là pour assouvir son propre plaisir au détriment de tout ce qui l’entoure et qui en attend de l’amour et de la tendresse ?
Je me dis aujourd’hui que la meilleure chose est d’éviter cette femme qui vous dévore à l’image d’une lionne affamée, ne faisant que peu de cas de la souffrance de sa proie.
Oui je n’étais pas un enfant, j’étais une proie, la proie d’un félin assoiffé de sang. Le plus cruel est que ces lionnes-là ne vous achèvent pas pour assouvir leur appétit, elles vous mutilent et prennent plaisir à vous regarder agoniser le plus longtemps possible. Elles vous vident de votre sang comme un vampire en vous en laissant juste assez pour vivre, ou plutôt pour survivre, car c’est la seule chance qu’elles vous laissent. Comme les victimes des indiens dont le supplice était de les laisser au soleil du désert avec un lacet de cuir mouillé qui se resserrait doucement autour de la gorge. La seule différence est que ce supplice avait comme avantage de finir par la mort, nous n’avons pas cet avantage, notre lacet à nous laisse toujours passer un petit filet d’air, qui racle une gorge meurtrie et ensanglantée et qui occasionne une douleur qui nous fait tressaillir à chaque fois qu’il passe dans dans nos poumons, parce qu’à 5 ans, ils n’ont pas eu le temps de développer.
Je pourrais raconter pendant des heures ce qu’est la vie d’un survivant, parce que nous la vivons à chaque minute de notre vie vie, à chaque espoir, à chaque envie, à chaque instant. Toujours ce filet d’air toxique qui nous arrache les entrailles. A l’image de Prométhée qui se fait manger ses entrailles tous les jours, celles-ci repousse toutes les nuits et l’oiseau recommence son supplice le lendemain. C’est cela que nous vivons, nous les survivants et à 41 ans, je ne compte plus depuis combien d’années cela dure ni quand ces fichus entrailles arrêteront de repousser. Alors pour ceux qui peuvent se demander ce qu’une personne ayant subi l’inceste peut ressentir de nombreuses années après, en ce qui me concerne, cela ressemble au supplice de Prométhée.
Bough