La guerre de la Justice américaine contre les mères

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La guerre de la Justice américaine contre les mères
Interview de Caroline Bréhat
Par Francine Sporenda
18 juin 2016

Qui est Caroline Bréhat ?

Caroline Bréhat a été journaliste freelance à New York pendant 10 ans (sous le nom de Natasha Saulnier). Elle a écrit et publié pendant cette période :
« Kill, Kill, Kill Crimes de guerre en Irak ? » avec le sergent du Corps des Marines Jimmy Massey en 2005 (Editions du Panama) ;
« Hot Dogs And Croissants, The Culinary Misadventures Of Two French Girls In America » en 2015 .
Avant « Mauvais Père », Caroline a écrit « J’ai aimé un manipulateur » (Editions des Arènes) traduit en 8 langues.
Elle vit maintenant en Bretagne où elle est traductrice pour le PNUD et ONU-Femmes et expert judiciaire près la Cour d’appel de Rennes.

Francine Sporenda

Dans votre livre « Mauvais père », vous racontez le parcours du combattant d’une mère française essayant de protéger sa fille des manipulations et agressions physiques et psychologiques d’un père américain. Il est décrit comme un pervers narcissique. Sa femme est la belle-mère de l’enfant. Vous relatez que le système judiciaire américain est complètement dominé par les théories du SAP de Gardner: toute femme qui, au cours d’une séparation, révèle des violences –en particulier sexuelles–commises par son mari sur son enfant, est aussitôt soupçonnée d’être « aliénante » (de vouloir dresser ses enfants contre le père). Pouvez-vous nous parler de cette théorie du SAP aux États-Unis ?

Caroline Bréhat

Il règne dans les tribunaux américains une culture de la suspicion de la parole maternelle lorsque celle-ci dénonce des violences paternelles, a fortiori sexuelles. La mécanique est bien rodée : dès qu’une mère dénonce des violences paternelles, la partie adverse (le père et son avocat) brandit le SAP.
Automatiquement, les accusations de violences se retournent contre la mère qui devient « aliénante » (pathologique). Elle peut être dès lors « punie » par un transfert d’autorité parentale. La garde : l’enfant est confié au père abuseur. De nombreuses mères ne peuvent ainsi plus voir leur enfant que dans le cadre de visites médiatisées payantes (à des tarifs exorbitants aux États-Unis). Cela les condamne à assister, impuissantes, à la dégradation de leur enfant. Certaines mères reçoivent une injonction de non communication avec leur enfant sous peine d’emprisonnement.

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Tribunal : Le spectre d’Outreau à Gravelines

Logo Le phare DunkerquoisTribunal : Le spectre d’Outreau à Gravelines

Edouard Odièvre
28/06/2016

Moins de trois ans après l’affaire Outreau, une affaire très similaire éclate à Gravelines. Mais avec ce sulfureux précédent, quel crédit accorder à la parole des enfants ?

Les faits

Septembre 2005 : Les services sociaux signalent pour la première fois une suspicion de maltraitance au sein d’une famille gravelinoise. Mais celle-ci, « très fuyante », ne coopère pas.
2007 : La protection de l’enfance est alertée sur le cas du fils aîné, mais l’évaluation ne diagnostique pas de danger.
15 décembre 2008 : Le CHD signale au parquet de Dunkerque des soupçons de maltraitance sur l’aîné : bleus, contusions et une fissure anale.
19 décembre 2008 : Le parquet place quatre des enfants dans une famille d’accueil. Le père, la mère, l’oncle, la tante, le parrain sont accusés de viol aggravé. Le père est emprisonné préventivement en mai 2010.
Septembre 2011 : La cour d’appel de Douai juge illégales une partie des garde à vue et de l’enquête préliminaire, au cours de laquelle les suspects avaient avoué les faits sous la pression. Le père est remis en liberté sous contrôle judiciaire.
27 juin 2016 : Les cinq prévenus comparaissent devant le tribunal correctionnel pour violences, atteintes sexuelles et/ou corruption de mineurs.

« Ils s’amusaient à nous jeter contre les murs »

Des mots simples et terribles car enfantins agitent le tribunal de Dunkerque. Un gamin – quatre ans au moment des faits – raconte avoir « fait le zizi avec papa ». Un autre décrit le prix à payer pour obtenir une pomme, selon les curieuses règles d’un jeu sexuel familial. Et les punitions, à genoux sur un manche à balai, deux boîtes de conserve dans les mains. Si l’un d’eux avait le malheur de s‘endormir pendant qu’il était au coin, il était réveillé par une taloche monumentale. « Les grands s’amusaient à nous jeter contre les murs. »

Enfance volée

On est dans l’épouvantable, le sordide au dernier degré, et même les estomacs bien accrochés des magistrats sont mis à rude épreuve. Sur le banc des prévenus, il y a le père, laconique et maladroit quand on en vient à l’éducation qu’il prodiguait à sa progéniture :
« Il est arrivé que je le pousse dans un fauteuil, il se faisait mal, mais c‘était pour jouer ! », explique t-il benoîtement.

La mère, elle, est la plus acharnée à nier : « C’est rien que des conneries ! », siffle t-elle en coulant un long regard hostile à l’avocat de ses propres enfants. Elle admet très difficilement certaines punitions, mais explique qu’ « il n‘y a que comme ça qu[’elle] les calmai[t] ». Sous la pression, elle aussi commet quelques impairs, comme quand elle reconnaît avoir donné des fessées. « Mais je ne laissais pas de traces. »

L’oncle, lui, est le mieux disposé à répondre aux questions des juges. La punition du balai et des conserves, il est le seul à l’assumer, expliquant qu’il subissait lui-même ce châtiment dans sa jeunesse et que c’était le moyen le plus sûr d’occuper les mains de ces gosses turbulents.

La tante, qui après avoir accusé sa sœur et son beau-frère au cours de la longue enquête, s’est désormais ravisée et consacre son audition à les couvrir, plutôt maladroitement. Ces quatre-là sont prévenus d’agressions sexuelles, de violences habituelles et de corruption de mineurs sur quatre enfants, entre décembre 2007 et décembre 2008 à Gravelines. Le dernier, un grand échalas endormi, n‘est poursuivi que pour la corruptions de mineurs…

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