Outreau – Procès de Rennes – Mercredi 3 juin 2015 – #plaidoiries des parties civiles – Tweets de la salle d’audience


L’audience est suspendue jusqu’à 14 heures. On entendra alors un psy en visioconférence. Puis, plaidoiries des parties civiles.


L’audience va reprendre avec la lecture de certaines pièces du dossier avant la dernière audition en visioconférence.

L’audience reprend. « Nous allons visualiser la cote D115 », annonce le président. Traduction : les photos des lieux.

A l’écran : un plan de l’appartement des Delay : cuisine, salle-à-manger, cagibi, deux chambres.

En photo : les collections de Thierry Delay dans le cagibi, les cassettes pornos dans une vitrine, des loups peints sur un mur …


Suite des photos : les télévisions, le canapé du salon, la boîte à godemichés, l’ensemble des cassettes vidéos saisies etc.


Suite des photos : un pot de lubrifiant, des polaroids de Myriam Badaoui et Thierry Delay nus, gros plan sur le sexe etc.

A la demande de Me Monneris, le président lit une lettre envoyée par Daniel Legrand père à son épouse Nadine.

On s’apprête à visionner la cote D212. Traduction : un trombinoscope des photos des mis en cause.


La cour projette en gros plan la photo de Jean-Marc Couvelard, handicapé, le visage complètement déformé.

L’audience est suspendue jusqu’à 15 heures, heure de la visioconférence avec Montréal pour l’audition de Hubert Van Gijseghem

es débats vont s’achever après l’audition de 51 témoins et experts. Dont 19 par visioconférence.

Hubert Van Gijseghem

L’audience reprend avec l’audition en visioconférence de Hubert Van Gijseghem, 73 ans, psychologue.


Hubert Van Gijseghem s’apprête à faire un état de la science en matière recueil du témoignage des enfants en justice.


Premier grand principe à respecter selon Hubert Van Gijseghem : « éviter la contamination du souvenir de l’enfant. »


Deuxième grand principe selon Hubert Van Gijseghem : « éviter le biais de confirmation par l’adulte. »

Dernier témoin, un psychologue canadien passionnant. Mais la piètre qualité de la visio rend son propos difficile à suivre.


H. Van Gijseghem : dans le biais de confirmation l’adulte développe un œil aveugle pour tout élément qui infirme son idée de départ


Selon Hubert Van Gijseghem, il faut « entendre l’enfant dans les 24h [après révélation] justement pour éviter la contamination. »


Hubert Van Gijseghem : mais « un enfant est en moyenne interrogé 26 fois avant d’être entendu dans des conditions protégées. »


Hubert Van Gijseghem : « autant que possible, il ne devrait y avoir qu’une seule audition … »


Hubert Van Gijseghem  » … la recherche démontre que la première déclaration de l’enfant risque d’être la plus fiable. »


Hubert Van Gijseghem : « la 1ere fois que l’enfant est interrogé sur l’événement, le coefficient d’exactitude est de 93% … »


Hubert Van Gijseghem :  » … la deuxième fois il l’est déjà beaucoup moins ».

Hubert Van Gijseghem : « toute question suggestive déteindra fatalement sur la parole ultérieure de l’enfant. »


Hubert Van Gijseghem : « l’intervieweur ne doit jamais fait référence à ce que l’enfant aurait déjà dit à quelqu’un d’autre. »


Hubert Van Gijseghem : « l’enfant ne devrait pas savoir que l’intervieweur sait qu’il a déjà parlé à quelqu’un d’autre. »


La qualité de la visioconférence avec Hubert Van Gijseghem se dégrade au fur et à mesure de son audition : on le voit à peine.

Hubert Van Gijseghem : « plus il y a d’interlocuteurs, plus il y a d’histoires … »

Hubert Van Gijseghem : « … qui sont très évocatrices mais qui relèvent de l’origine d’un mythe. »


Hubert Van Gijseghem : « les tests projectifs ne sont d’aucune utilité pour savoir ce qu’il s’est passé dans la vraie vie. »


H. Van Gijseghem: les tests projectifs ont une utilité sur la réalité psychotique de l’enfant, mais aucune sur la véracité du récit

Me Forster à Hubert Van Gijseghem : « vous avez eu une licence en 1963. Vous avez fait une thèse en 1970 … « 

Me Forster à Hubert Van Gijseghem : « … mais je n’ai pas trouvé la thèse de doctorat que vous avez soutenue. »

Hubert Van Gijseghem : « c’était une étude empirique pour déterminer le lien entre dépression et délinquance. »


Hubert Van Gijseghem à Me Forster : « je ne comprends pas la question »


Me Forster à Stéphane Cantero : « je sais lire Monsieur l’avocat général, j’ai appris quand j’étais jeune. »


Me Reviron à Hubert Van Gijseghem : « il semblerait que vous avez participé à un colloque sur l’affaire d’Outreau. »


Hubert Van Gijseghem : « les pédophiles ont ceci de particulier qu’ils ont une attirance quasi-exclusive pour l’enfant. »


Hubert Van Gijseghem : « ça ne veut pas dire qu’ils ne peuvent s’imposer pas un contrôle de cette pulsion … »


Hubert Van Gijseghem :  » … mais cette attirance ne changera pas. »


Me Reviron : « que pouvez-vous nous dire du déni de l’adulte par rapport à des agressions sexuelles ? »


Hubert Van Gijseghem : « lorsqu’il n’y a pas de preuve flagrante, la plupart des adultes nient d’abord … »


Hubert Van Gijseghem : « c’est seulement les individus les moins construits qui vont assez facilement avouer. »


Avocat général : « ce qu’on dit traditionnellement ici c’est qu’on a 30 ans de retard sur les nord-américains »


Avocat général : « est-ce que la maison d’une assistante maternelle est un lieu à risque pour la qualité du recueil de la parole ? »


Hubert Van Gijseghem : « c’est totalement à éviter. »


Hubert Van Gijseghem : « l’enfant ne doit pas être interviewé dans un lieu trop confortable … »


Hubert Van Gijseghem :  » … il doit l’être dans un lieu qui inspire le respect. »


L’image de la visioconférence est désormais figée et on entend de moins en moins bien.


Hubert Van Gijseghem : « les souvenirs retrouvés sont la plupart du temps faux. »


Hubert Van Gijseghem explique avoir vu aux États-Unis une dizaine de cas de sévices intrafamiliaux mais dénonciations tous azimuts


Fin de l’audition par visioconférence de Hubert Van Gijseghem.

Le président annonce une suspension d’audience avant les plaidoiries des parties civiles. Me Monneris sera le 1er à plaider.

Me Yves Monneris

Les plaidoiries des parties civiles commencent, avec celle d’Yves Monerris, avocat de Cherif Delay


Reprise de l’audience avec la plaidoirie de Me Yves Moneris.
Le président avertit : « je ne tolérerai aucune réaction que ce soit »


Me Monneris : « j’ai l’honneur de défendre Cherif. »


Me Monneris : « je le connais depuis quelques temps pour l’assister dans des procédures où il est mis en cause. »


Me Monneris : « vous allez devoir débattre, le code de procédure pénal dit « délibérer en votre intime conviction ». »

Me Monneris : « vous forger, façonner cette intime conviction d’un procès qui a failli ne jamais venir. »

Me Monneris : j’appartiens à ce qu’on a appelé les révisionnistes. Je l’assume parce que je suis auxiliaire de justice

Me Monerris : « J’appartiens à cette cohorte qu’on a surnommé les révisionnistes, complotistes »

Me Monneris : « je crois en la séparation des pouvoirs. »

Me Monerris : « Je l’assume car moi je suis auxiliaire de justice, je crois à la séparation des pouvoirs »

Me Monneris : « la balance de la justice c’est votre cour qui en son âme et conscience, doit délibérer sur ce procès »


Me Monerris : la justice « a décidé qu’il y avait charges suffisantes pour renvoyer Legrand devant la cour d’assises des mineurs. »

Me Monneris : « non pas parce que j’en ai décidé ainsi, mais parce que la genèse de tout cela
c’est un arrêt … »

Me Monneris : … pas celui du juge Burgaud parce qu’il n’était plus en poste à l’époque …


Me Monneris : « … mais un arrêt de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Douai. »x

« J’en veux pour preuve ». Pas de doute, c’est un avocat qui plaide.

Me Monneris : la chambre de l’instruction c’est l’organe qui juge des recours contre les décisions du juge d’instruction


Me Monneris : « entre cet arrêt de 2003 et aujourd’hui, il s’est écoulé un temps déraisonnable »

Me Monneris : « … parce que vous avez un procureur de la République, le procureur général de Douai en son temps … »


Me Monneris : « …qui est venu nous expliquer qu’il avait pris la décision …  »


Me Monneris : « … avec un quatuor d’avocats, de ne pas audiencer cette affaire. »


Me Monneris : Je n’ai pas à faire grief aux avocats de la défense d’être entrés dans ce jeu là.


Me Monneris : C’est leur rôle, c’est leur job.


Me Monneris : on a eu envie de faire un enterrement de première classe à ce procès

Me Monerris : pourtant, « on a voulu faire un enterrement de première classe à ce procès »

Me Monerris : « Il n’y a pas d’outrecuidance à l’audiencement de cette affaire. »


Me Monneris : Heureusement par le courage d’un autre procureur général, Olivier de Baynast, ce procès a été audiencé.

 Me Monneris : Vous voyez bien, il n’y a pas d’outrecuidance à l’audiencement de cette affaire.


Me Monneris : Voilà dans quelles conditions nous sommes aujourd’hui réunis.


Me Monneris : « voilà dans quelles conditions – nous avons eu quelques chamailleries – … »


« il y a eu une pollution médiatique de ce dossier à tel point qu’il viendra via le Nouveau Détective jusque dans la prison de Legrand »


Me Monneris : « … nous avons pu mener des débats sous l’égide de monsieur le président. »

Me Monerris : « Lorsque l’opinion tire le juge par la manche alors la justice quitte le palais. »


Me Monneris : « aujourd’hui, vous allez devoir retrouver une virginité pour prendre votre décision. »


Me Monneris : « ayez conscience qu’il va falloir briser ce lac gelé qui est en vous pour décider. »


Me Monneris : « décider si celui qui est ici dans le box est coupable des faits qui lui sont reprochés ou pas … »


Me Monneris : « … sur la base du dossier d’instruction. »


Me Monerris : « Je ne vais pas vous dire que ce dossier est la perfection judiciaire mais nous devons faire avec »


Me Monneris : « Nous devons faire avec les faiblesses de ce dossier. »

Me Monerris : « Je ne suis pas là pour refaire ni le procès de Paris ni le procès de Saint-Omer. »

Me Monneris : « Je ne vais pas vous dire qu’il est la perfection judiciaire. Il est ce qu’il est. »


Sur le juge Burgaud : « Là aussi, ne soyez pas déraisonnables entre ce qu’on voudrait faire dire et ce qu’il a été. »


Me Monneris : « Nous devons faire avec. Le juge, est-ce qu’il était aveugle ? Est-ce qu’il était violent ? »


Me Monerris : « je ne suis pas nécessairement d’accord avec l’organisation des confrontations néanmoins il va falloir faire avec (déjà dit) »


Me Monneris : « Je ne suis pas nécessairement en accord avec la méthodologie de certaines confrontations. »


Me Monneris : « Néanmoins, il va falloir faire avec. »


Me Monerris revient sur les « éléments matériels » du « dossier, rien que le dossier et seulement le dossier »


Me Monneris : « Ces gens, ils ont été assistés, ils ont eu des avocats. »


Me Monneris : « s’agissant de Daniel Legrand, il a eu des défenseurs. »


Me Monneris : « charge à ces défenseurs d’exercer des requêtes en nullité s’ils n’étaient pas d’accord. »

Me Monneris : « Daniel Legrand, oui, vous auriez du vous retrouver en liberté à un moment de cette procédure … »


Me Monneris : « … et ça n’a pas été le cas. Mais pour autant, vous aviez des éléments matériels. »


Me Monneris :  » … vous avez les éléments de la police. Ces éléments quels sont-ils ? »


Me Monneris : « ces éléments c’est la parole des enfants : c’est Dimitri, c’est par lui que tout interviendra. »

 Me Monerris « C’est d’abord ces enfants, et Dimitri, qui parle d’un Dany Legrand. On vient vous dire, en réalité c’était la taille. Non ! »


Me Monneris : « qu’interviendra l’évocation de Dany Legrand. Alors on vient nous dire Legrand, c’était la taille. »


« Vous l’avez entendu ici lorsque sa tata a expliqué qu’il s’agissait bien d’un nom. Dimitri l’a confirmé, il est venu vous dire sa vérité »


Me Monneris : « mais sa tata, quand elle vient déposer, elle vous dit que c’est bien d’un nom qu’il s’agit. »x

Me Monneris : « ensuite, vous avez Jonathan. »


Me Monneris : « Jonathan c’est plus particulier parce qu’effectivement ses propos peuvent prêter à confusion. »


Me Monneris : « mais vous avez vu ce jeune enfant dans la vidéo. Il faut rapporter les choses à ce qu’elles sont. »


Me Monneris : « Lorsque Cherif est, à son tour, dans le bureau du juge d’instruction, le juge lui pose des questions. »

Me Monneris : « on lui demande s’il connaît Daniel Legrand père et Daniel Legrand fils. Que répond-il ? »


Me Monneris : « il parle de Daniel Legrand père, il dit que c’est un bon ami de son père. »


Me Monneris : « mais il ne parle pas de Daniel Legrand fils. »

Me Monneris : Est-ce à dire qu’aujourd’hui quand il vient dire « j’ai des souvenirs très précis et circonstanciés »

Me Monneris : « … il ne serait pas dans la sincérité ? »


Me Monneris : « il dit « lui il était là». Il est très prudent dans sa parole. »


Me Monneris : ce serait facile pour lui de dire « il m’a violé ». Mais il dit « il était là et il m’a fait des choses »


Me Monneris : « vous aurez compris l’importance de sa parole. Parce que lui la détention, il sait ce que c’est. »


Sur Chérif : « La détention il sait ce que c’est, il ne s’amuse pas avec la vérité, il n’a qu’une seule vérité qui est la sienne. »

Me Monerris: »Alors on va vous dire, et le procès de Paris et le procès de Saint-Omer, il ne l’a pas reconnu ! Parlons-en »

Me Monneris : « je ne suis pas là pour refaire le procès de Saint-Omer, le procès de Paris. »

Me Monerris rappelle que les enfants étaient dans le box des accusés à Saint-Omer.


Et de qualifier Wiel de « Robespierre de la soutane », lui qui a reconnu « que les enfants ont été traumatisés » lors de ce procès

Me Monneris : « mais parlons-en lorsque le Robespierre de la soutane, c’est-à-dire l’abbé Wiel … »

Me Monneris : « … vient dire « moi je considère qu’à Saint-Omer ces gamins n’étaient pas en mesure de s’exprimer. »


Me Monneris : « ces propos sont importants pour comprendre ce qu’était l’enfer de ces gamins. »

Me Monneris : « quand on s’interroge pour savoir si ces enfants ont bien été victimes de leurs parents … »


Me Monneris : « … on ne frise pas l’indécence. On l’a dépassée. »


Me Monneris : « cette parole, il faut lui donner une valeur … »


Me Monerris : « vous avez vu que la valeur de la parole des enfants nous a considérablement occupés. »


Me Monerris : « Il faut admettre peu ou prou que le recueillement de la parole des enfants n’est pas si catastrophique »


Me Monerris : « donnez du crédit à la parole des enfants »


Me Monerris : « on a des aveux, on a des mises en cause, on a quelques éléments matériels. »


Me Monerris : « et c’est sur cet ensemble que vous allez vous déterminer. »

Me Monerris : »Chérif est extrêmement précis » dans ses accusations. On est bien dans la minorité de Legrand »

Me Monerris : « On est en septembre-octobre 1998 », après la Coupe du monde


A cette période, « Daniel Legrand a pu commettre des agression sexuelles sur Chérif. C’est cette question que vous aurez à vous poser…


…en considérant cette parole des enfants, en lui donnant une valeur.


Au cours de sa plaidoirie, Me Monerris reproche à l’avocat général d’avoir écrit à un témoin (l’expert entendu précédemment)


Stéphane Cantero lui a envoyé un mail pour le remercier d’avoir accepté de venir témoigner. « Une subornation de témoin! » dénonce Monerris


« Le témoin il doit être vierge », poursuit Me Monerris dans son aparté.


Me Monerris : »Au-delà de la parole des enfants, qu’est ce qu’on a d’autre dans ce dossier ? »


« On a des déclarations, des aveux, des mises en causes, quelques éléments matériels et c’est sur cet ensemble que vous allez vous déterminer »


Me Monerris : « En quoi ces gens acquittés qui viennent déposer, qui n’ont rien à dire pour dire s’ils ont vu ou non Legrand… » 1/2

…seraient de nature à remette en cause le faisceau d’indices liés à la parole des enfants, aux aveux de Legrand… »


…et aux mises en cause par les gens qui ont été condamnés »


Me Monerris : « on a fait venir le patron du sexshop : « il vous a dit, je ne le connais pas. » »


Me Monerris : « on a fait venir Monsieur Brunet : il vous a dit « je ne le connais pas, je ne peux rien en dire » »

Me Monerris : On a fait venir le journaliste belge, on a essayé de vous emmener sur la piste de Dany


Me Monerris : l’avocat général de Paris nous a dit « c’est une fausse piste ».


Me Monerris : « Thierry Dausque, qu’est-ce qu’il vous dit ? J’en sais rien, je ne connais pas Daniel Legrand. »


Me Monerris : « Lavier, rendez-vous compte qu’il en vient à contester … »


Me Monerris :  » … la qualité de victime de sa propre fille qui a été violée – c’est la vérité judiciaire – « 

Me Monerris : « On a Karine Duchochois, la journaliste-témoin. »


Me Monerris : « elle connaît tellement bien le dossier, qu’elle vous dit je vais tout vous expliquer. »


Me Monerris : « je peux entendre, parce que j’ai également des enfants, qu’elle souffre du placement de son enfant. »


Me Monerris : « mais ce qui a déclenché son placement, ce n’est pas sa mise en cause dans ce dossier … »


Me Monerris : « mais parce qu’elle était incapable de prendre en charge son enfant. »

Me Monerris : « Monsieur Marécaux ? Je ne connais pas non plus, il vous dit. »


Me Monerris : « Est-ce qu’ ils ne se sont pas, dans une vertu thérapeutique, livrés à une reconstruction de l’esprit. »


Me Monerris : Des mises en cause, il y en a eu. Alors aujourd’hui, effectivement, des mises en cause il n’y en a plus.

Me Monerris : « Ces éléments, c’est le dossier, c’est l’instruction nous ne pouvons pas les passer sous silence »


Me Monerris : « on a vu Myriam Badaoui, Thierry Delay, David Delplanque, Aurélie Grenon … »


Me Monerris : « … qui vous disent « Daniel Legrand, il n’y a rien à faire là-dedans ». »

Me Monerris : « mais je m’interroge sur Myriam Badaoui, sa vérité acquise et certaine. »


Me Monerris : « comment on peut considérer aujourd’hui la parole de Myriam Badaoui ? »


Me Monerris : « il faut voir comment Myriam Badaoui décrit des scènes de torture. »


Me Monerris : « comment à ces scènes de torture, elle nous dit que celui-ci était présent. »


Me Monerris : « ces éléments sont le socle de la culpabilité. »


« Oui ces éléments sont éparses mais ils sont le socle de la culpabilité »


« Legrand dit ‘que nenni je suis allé à Outreau’. Mais le taxi Martel dit l’avoir emmené à Outreau, ça c’est un élément objectif ! »


Me Monerris : « ces éléments, mis bout à bout sont une réalité qui va même conduire Daniel Legrand à passer aux aveux »


Me Monerris : « ces aveux sont essentiels »


Me Monerris : « ces aveux construisent la dernière pièce de l’édifice de la culpabilité de Daniel Legrand. »


Me Monerris : « lorsque Daniel Legrand passe aux aveux, est-ce que on l’a forcé, on l’a poussé ? »

Me Monerris : « soyons raisonnables un instant. Comment pour sauver ma peau, je vais aller accuser un autre ? »


Sur les aveux de Legrand : « Comment pour sauver ma peau, je vais aller en accuser un autre ? »


Me Monerris : comment pour sauver ma peau, je vais faire des déclarations stupéfiantes et néanmoins circonstanciées ?

Me Monerris : « Daniel Legrand, il dit qu’il ne quitte jamais Wimereux mais c’est quelqu’un qui est capable de se déplacer »

Me Monerris : « Il est capable d’aller en Belgique pour acheter un pot d’échappement avec un chéquier volé »

Me Monerris : « c’est contraire à la logique. »

Me Monerris : « la dernière question est de savoir pourquoi … »


Me Monerris : « … Daniel Legrand ne donne aucun élément précis et circonstancié pour le mettre hors de cause. »

Me Monerris : « ce faisceau d’indice est suffisant pour que vous puissiez entrer en voie de condamnation. »

Magistrats et jurés regardent leur montre. A la 50 ème minute de la première des 12 plaidoiries. Nous ne les oublions pas.

Me Monneris « Les aveux de Daniel Legrand constituent la dernière pierre de l’édifice de sa culpabilité »

Le premier avocat conclut à « la logique d’une culpabilité peu discutable » de Daniel Legrand.


Me Monerris a terminé sa plaidoirie, c’est maintenant au tour de l’autre avocat de Chérif Delay, Me Forster

Me Léon-Lef Forster

Me Forster : « Je tiens à remercier le président d’avoir tenu des débats objectifs, qui ont donné la parole à tous. »

Me Forster : « si les acquittés ont pu avoir des souffrances … »


Me Forster :  » … elles sont toutes relatives par rapport à la souffrance des victimes. »


Me Forster : « c’était impressionnant de voir ce gamin, tout petit, raconter des choses innommables. »

Me Forster : « dans ce procès, en dehors des effets de manche dont je suis en partie responsable … »

Me Forster : « Dans ce procès, au delà des effets de manches dont je suis en partie responsables il y a la destruction »

Me Forster :  » … il y a la déchirure de gamin pénétrés par des sexes d’adultes … »


Me Forster : « … et des objets multiples et pendant des années. »


… »la déchirure de gamins pénétrés par des sexes d’adultes, par des objets de façon multiple pendant des années »

Forster : « Chérif ce qu’il vous a dit c’était un cri. On a pas besoin d’avoir une culture profonde pour ressentir combien c’était authentique »

Me Forster : après, « c’est la première fois qu’il a dormi la nuit, alors vous n’avez pas été là pour rien messieurs les jurés ».

Me Forster : « ils sont brisés et chacun s’exprime comme il peut. »


Me Forster : « … et au moins si ce procès avec une raison d’être … »


Me Forster : « … cela a été la possibilité pour eux d’exprimer, d’essayer d’exprimer. »


Me Forster : « et quand Cherif a dit à son père : « je n’ai plus peur de toi » … »


Me Forster : « … cela n’a pas été repris, cela a été très peu repris. La vérité des enfants, on veut la gommer. »


Forster : »La vérité des enfants on veut la gommer. Ils ont été reconnus victimes. En ce qui concerne le père et la mère ils n’ont pas menti ! »

Me Forster : « ils ont été reconnu victimes, mais on ne l’a pratiquement pas dit. »


Me Forster : « en ce qui concerne le père et la mère, ils n’ont pas menti. »


Me Forster : « Dimitri, il a eu du mal à commencer à parler. Puis peu à peu sa parole venait. »

Me Forster : « c’est la première fois depuis des années qu’il a dormi une nuit entière, monsieur et mesdames les jurés »


Me Forster : « Alors vous n’avez pas été là pour rien. »


Me Forster : « si vous avez un doute, vous acquitterez Daniel Legrand. »

Forster : « Si vous avez un doute, vous acquitterez Daniel Legrand car c’est la règle fondamentale de la République »


Me Forster : « c’est le principe fondamentale de la loi française. Le doute doit profiter à l’accusé. »


Me Forster : « je vais vous expliquer néanmoins pourquoi pour moi il n’y a pas de doute, il y a une certitude. »

Me Forster : « Je vais néanmoins vous indiquer pourquoi pour moi, il n’y a pas de doutes »

Me Forster : « cette certitude va reposer sur quelques éléments nets, peu nombreux. »


Me Forster : « on a fait le procès de l’enquête, le procès du procès. Mais vous n’êtes pas là pour juger du procès. »


Me Forster : « vous êtes là pour juger de la culpabilité ou de l’innocence. »

Me Forster : « un mot simplement, parce que ça me pèse … »

Me Forster : « comment peut-on imaginer quand une personne est envoyée devant une juridiction … »


Me Forster :  » … on peut décider qu’elle comparaisse ou qu’elle comparaisse pas ? »


Me Forster : « Comment peut-on décider quand une personne est renvoyée devant une juridiction qu’elle comparaisse ou pas ? »


Me Forster : « c’est la destruction de l’État de droit. C’est l’arbitraire. La règle n’est pas élastique. »

Me Forster : « C’est la destitution de l’État de droit, c’est arbitraire ! »

Me Forster : « nous avons eu un expert, une vedette médiatique de l’expertise. »


Me Forster : « moi je suis un avocat comme les autres, extrêmement modeste. »


Me Forster : « qu’il n’ait pas entendu parler de Pinel, fondateur de la psychiatrie de l’enfant … »


Me Forster : « il nous prend pour des incultes complets ! Vous nous faites venir quelqu’un qui ne sait même pas ça. »

Me Forster : « tout cela, monsieur l’avocat général, pour faire douter de leur parole ! »


Me Forster : « moi je ne dis pas que la parole d’enfant est sainte. »


Me Forster : « mais entre « rien ne doit être retenu » ou « tout doit être retenu », il y a quand même un grand fossé. »

« Je ne dis pas que la parole de l’enfant est sainte mais entre rien ne doit être retenu et tout doit être retenu il y a quand même un fossé »


Me Forster sur « Dany legrand » : « C’est pas sa tata qui lui transmet comment pourrait-il donner le nom de quelqu’un qu’il n’a jamais vu ? »

Me Forster : « C’est élémentaire on peut tourner autour du dossier cet élément est insurmontable. »


Daniel Legrand, dans le box, écoute avec attention les plaidoiries


Sur les bancs des parties civiles, Chérif s’est absenté il y a peu mais Jonathan est là

Me Forster : « alors, dans ce qui doit être retenu, mesdames, messieurs les jurés. »

Me Forster : « legrand, on nous a bombardés, c’est peut-être ‘le grand' »


Me Forster : « Si on nous fournit un élément valable de l’autre côté de la barre, vous acquitterez ! »


Me Forster sur les aveux de Legrand : « L’aveu n’est pas la reine des preuves. Je vais pas faire dans le politiquement correct »


Me Forster : « Par contre, il faut voir la nature de l’aveu, les prévisions dans l’aveu »

Me Forster : aux jeunes avocats, on dit « il ne faut pas lire trop, c’est lassant pour les jurés et les magistrats »


Me Forster :  » … mais moi je tiens à faire savoir que ce n’est pas ma parole que je veux faire entendre. »


Me Forster :  » … c’est la parole des enfants. »


Me Forster : « moi je ne vous dis pas que tout est vrai, qu’il n’y a pas des images qui se superposent. »

Me Forster : « mais ce n’est pas parce que l’enquête n’a pas été adaptée que cela doit nuire aux victimes. »


Me Forster : « Parce que les victimes sont les premières victimes. »


Me Forster : « c’est l’élément essentiel du dossier. »


Me Forster : « à vrai dire, je pourrais arrêter de plaider, mais ne vous inquiétez pas je vais continuer. »


Me Forster : « quand Dimitri transmet le nom de Dany Legrand en Belgique, il sort ça d’où ? »


Me Forster : « comment pourrait-il dire le nom de quelqu’un qu’il ne connaît pas et qu’il n’a jamais vu ? »


Me Forster : « c’est élémentaire. On peut tourner autour du dossier, cet élément est insurmontable. »

Me Forster : « les enquêtes d’environnement du policier qui ferait mieux de devenir avocat, elles sont stupéfiantes. »

Me Forster : « et puis, il y a des aveux. »


Me Forster : « là, je vais rejoindre ce qui va certainement être plaidé : l’aveu n’est pas la reine des preuves. »

Me Forster : « Par contre, il faut voir la nature de l’aveu. Il y a quand même des coupables qui ont le droit d’avouer. »


Me Forster : « ils n’en deviennent pas pour autant des innocents. »


Me Forster : « Un coupable qui avoue ne devient pas innocent parce que l’aveu n’est pas la reine des preuves… »


Me Forster aux jurés : « Excusez moi si la tournure est un peu compliquée. »


Me Forster : « j’ai presque terminé, c’est pour rassurer tout le monde. »

Me Forster : « comment peut-on dire qu’il n’y a pas des charges sérieuses ? Sérieuses ! »


Me Forster : « il y a la lettre de sa sœur Peggy à Daniel Legrand. »


Me Forster : « c’est pas une preuve irréfutable, c’est pas une preuve absolue, mais quand même …  »


Me Forster : Peggy écrit « ils ont fait une perquisition chez moi et Laurence et ils n’ont rien trouvé. »


Me Forster : « … De toute façon, je ne m’en inquiète pas car je savais que c’était une connerie. »


Me Forster : « moi je ne vais pas écrire à quelqu’un d’innocent : « ils n’ont rien trouvé » »


Me Forster : « Le taxi Martel, qui a toujours dit qu’il était innocent, qui n’a jamais flanché (le concernant), il dit je reconnais Legrand. »


Me Forster : « Comment peut on dire, avec Dimitri et Martel, qu’on n’a pas de charges sérieuses ? »


« Si on avait pas poursuivi cette enquête, si on n’avait pas poursuite, les enfants seraient toujours dans le déni de ce qu’ils ont vécu »


« Badaoui ne serait pas en résurrection métaphysique et Monsieur Delay serait encore à compter les crânes pour s’endormir »

Me Forster : « je suis honoré de leur confiance parce qu’ils ont toutes les raisons de douter du monde des adultes. »


Aux enfants Delay : « j’ai été honoré de votre confiance parce qu’ils ont toutes les raisons de douter du monde des adultes »

Me Forster : « les parties civiles n’ont pas à demander de sanction … »


« Les parties civiles n’ont pas à demander des sanctions »

Me Forster : « … et les années passant il ne faut pas détruire un être humain »


Me Forster : « … parce qu’un être humain est toujours une espérance. »


Forster cite Maupassant : « Il ne faut pas détruire un être humain car un être humain est toujours une espérance »


Me Forster : « mais leur certitude sur la culpabilité est ma certitude. Je demande la condamnation. »


Me Forster : « mais leur certitude sur la culpabilité est ma certitude. Je demande la condamnation. »


L’audience est suspendue. Elle reprendra demain avec la suite des plaidoiries des parties civiles

L’audience est suspendue jusqu’à demain 9 heures. On aura la suite des plaidoiries des parties civiles.

Une réflexion au sujet de « Outreau – Procès de Rennes – Mercredi 3 juin 2015 – #plaidoiries des parties civiles – Tweets de la salle d’audience »

  1. Hubert Van Gijseghem n’est pas rassurant.
    Me Monneris mesure ses mots.
    C’est bien aussi de avoir rappeler où était la place des enfants, c’est-à-dire dans le boxe des accusés et de redire que leur parole est importante aussi à entendre.
    Je crois que se sont les éléments qui poussent monsieur Legrand à avouer un peu, mais le mot reconnaitre que… sinon je ne crois pas qu’il l’aurait fait…

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