Denis SALAS magistrat, essayiste, auteur d’Erreurs judiciaires, Dalloz, 2015 1 juin 2015 à 18:16
TRIBUNE
A quoi sert la justice quand elle juge un homme déjà acquitté ? Au troisième « procès Outreau », qui se tient jusqu’au 6 juin, comparaît à nouveau, pour des raisons de procédure, Daniel Legrand, innocenté comme douze autres personnes il y a dix ans. Paradoxe : si « Outreau 3 » est une nouvelle preuve de la montée du sentiment victimaire dans notre société, il révèle aussi que la justice française ne sait toujours pas restaurer la dignité de ces victimes au nom desquelles on parle si souvent.
A première vue, ce troisième procès dans l’interminable affaire Outreau vient de nulle part. Les arcanes de la procédure font tomber un fruit étrange que l’on croyait appartenir à un passé révolu. Qu’on me permette, au-delà du procès lui-même, un commentaire sur le sens de ce surprenant retour du refoulé. Comment le comprendre sans en dénoncer a priori l’absurdité, voire la monstruosité ? J’y vois surtout le signe d’une mutation de notre sensibilité collective au prisme de l’activité judiciaire. Le nouveau visage de cette affaire traduit une inversion du sens de l’injustice longtemps…
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