Le cinéaste Roman Polanski arrêté à Zurich – 27\09\09


LEMONDE.FR | 27.09.09 | 12h22 • Mis à jour le 28.09.09 | 08h45

Les organisateurs du festival de cinéma de Zürich ont annoncé, dimanche 27 septembre, que la police suisse avait arrêté le cinéaste Roman Polanski, sous le coup d’un mandat d’arrêt américain datant de 1978. Un porte-parole du ministère de la justice suisse a confirmé qu’il était en « détention provisoire en attente d’extradition », mais qu’il pouvait faire appel de la décision.

Le réalisateur de Chinatown et Rosemary’s Baby a fui les Etats-Unis en 1978, après avoir plaidé coupable dans une affaire de mœurs. Il est accusé d’avoir eu une relation sexuelle avec une jeune fille de 13 ans. Polanski avait au départ fait l’objet de six chefs d’inculpation, et notamment de viol, pour avoir eu une relation sexuelle avec elle après lui avoir fait consommer du champagne et de la drogue. Il a rejeté l’accusation de viol mais a plaidé coupable de relation sexuelle avec une mineure, ce qui est passible de 20 ans de prison.
S’il est extradé aux Etats-Unis, le cinéaste, âgé de 76 ans, pourrait finir sa vie en prison.
Polanski avait alors passé 47 jours en prison. Fin janvier 1978, au lendemain d’une réunion entre ses avocats et un juge lors de laquelle ce dernier avait laissé entendre qu’il allait le renvoyer sous les verrous, Roman Polanski avait pris un avion pour l’Europe et avait élu domicile en France.

UN DOCUMENTAIRE SUR SON PROCÈS
Le cinéaste a ensuite dénoncé les conditions du procès : en juin dernier, ses avocats ont plaidé pour obtenir l’abandon des charges pour détournement de mineure, dénonçant des vices de forme dans la procédure. Se fondant sur les éléments nouveaux mis au jour par un film documentaire réalisé par Marina Zenovich, Roman Polanski : Wanted and Desired, ses avocats ont assuré que ce dossier « a été infecté depuis le début par des manquements à l’éthique professionnelle » de la part des magistrats. Mais l’absence de Polanski, qui aurait dû se constituer prisonnier pour comparaître, a certainement joué en sa défaveur.
La victime elle-même est favorable au classement de l’affaire. La jeune Samantha Geimer avait confié en 2003 au Honolulu Star-Bulletin qu’elle avait accepté de poser pour des photographies que Roman Polanski allait prendre pour Vogue, rappelle l’agence BNOnews : « J’ai eu un peu peur à la fin [de la deuxième séance de photos], et j’ai compris qu’il avait d’autres intentions, (…) mais je ne savais pas comment m’en sortir ». Elle a également accusé Polanski de lui avoir fait boire du champagne et de l’avoir droguée pour pouvoir abuser d’elle.
Son départ précipité pour la France, n’a pas empêché Roman Polanski de faire carrière. Sa consécration est assurément en 2002, au moment de la sortie du Pianiste, qui a cumulé les récompenses : Palme d’Or à Cannes, il reçoit trois Oscars et sept César en 2003. Logiquement, il ne s’était pas présenté à Los Angeles en 2003 pour recevoir l’Oscar du meilleur réalisateur décroché pour le Pianiste. Le Festival du film de Zurich devait lui remettre dimanche soir un prix pour l’ensemble de son œuvre. Son arrestation a « choqué » les participants, selon les organisateurs, qui assurent que la rétrospective consacrée à ses œuvres est maintenue. De son côté, un représentant de la police cantonale a précisé que « l’arrestation de Roman Polanski s’est faite sur ordre de Berne » sans toutefois donner plus de précisions.
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Frédéric Mitterrand « stupéfait »
Le ministre de la culture se déclare « stupéfait » par l’arrestation de Roman Polanski dont il rappelle qu’il est citoyen français. Le ministre « vient d’apprendre avec stupeur la procédure engagée à l’encontre de Roman Polanski, réalisateur de cinéma de réputation internationale et citoyen français, actuellement retenu en Suisse », indique le ministère dans un communiqué.

Le ministre précise qu’il « s’en est entretenu avec le président de la République, Nicolas Sarkozy, qui suit le dossier avec la plus grande attention et partage le souhait (…) d’une résolution rapide de la situation ». « Sans vouloir s’immiscer dans un processus judiciaire très ancien et donnant lieu à des appréciations exagérées », Frédéric Mitterrand indique qu’il « regrette de la manière la plus vive qu’une nouvelle épreuve soit ainsi infligée à celui qui en a déjà tant connu ». (AFP)
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