Le cancer sans crier gare

Le cancer s’était installé en elle sans crier gare. Étonnant, elle n’en ressentait aucune douleur et savait que lorsqu’elle en pâtirait, il serait trop tard. Un étrange compagnon qu’elle connaissait sans le nommer depuis un moment déjà. Était-il le voyeur de sa souffrance ? Était-il là pour préparer décemment son départ ? pour l’aider à vivre le dénouement de sa vie en toute conscience ? l’aiderait-il à grandir toute seule sans lui en donner vraiment le temps ? Camille devait apprendre à se résigner, sans évoluer en adulte désenchantée.
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Car elle avait l’angoisse de tout ce qui peut mourir, Camille était vieille ; paradoxalement, elle n’avait pas peur du cancer, car elle se sentait plus jeune : libérée du combat intérieur qui lui mangeait son énergie, de la confusion et de la détresse. Tout en remerciant la vie de ne plus avoir à l’organiser, sans ce poids lourd qui pesait sur ses épaules avant ses vingt-six ans, elle acceptait la mort. Georg l’en avait déchargé et elle en riait même parfois.
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Le cancer lui donnait une ultime liberté, celle que lui envieraient nombre de personnes entre vie et mort. Concrétisant la connaissance de la possibilité de sa mort elle entrait en affaire avec cette dernière en apprenant qu’elle ne serait pas obligée de vivre jusqu’à un temps indéterminé. En refusant d’ingérer ses médicaments, elle prenait la liberté d’écourter sa vie. Après tout, si elle ne se soignait pas, elle mourrait à quarante-cinq ans. Bon, elle n’avait pas pu. La pression éthique et sociale avait été assez forte pour mettre en avant les enfants et elle voulait revoir Georg. L’ambiance d’intolérance grandissante au réel lui demandait d’être discrète sur sa décision d’acceptation avec le corps médical remarquable de compétence. Approchant l’Humain marqué par la finitude, elle ne voulait pas passer à côté de sa mort Elle commençait à avoir du respect pour elle-même et se donnait à réfléchir sur ses futures conditions de vie. L’impression que lui avait faite, comme à tout un chacun, elle en était consciente, 1984 de Georg ORWELL, émergeait, alors qu’elle vivait de cette manière depuis dix, quinze ans. Les années avançaient, elle s’essoufflait, angoissée par ce manque de bonheur et d’espoir pour le futur.

Extraits d’un tapuscrit en cours : Interdits ordinaires.

Une réflexion au sujet de « Le cancer sans crier gare »

  1. Certains disent qu’il y a un lien entre le cancer et notre parcours, comme si l’emmergence de cette maladie nous communiquait quelque chose sur nous même ! Je crois que nous sommes « corps, âme et esprit » et que ces 3 états communiquent ensemble, alors je continue de m’interroger …..! Tu as une très belle plume !
    Mistral

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