Laurence Rossignol : La critique était prévisible, je l’avais anticipée. Mais j’espère en tirer du positif : elle est l’occasion d’ouvrir une discussion avec celles et ceux qui la mènent. Bien sûr, ce qui a été clairement identifié, historiquement, par les féministes, c’est la famille patriarcale et sa fonction d’assignation des femmes à leur condition. Dès lors les critiques disent, par exemple : « Placer Famille et Droits des femmes entre les mains de la même ministre c’est, en creux, renvoyer les femmes au foyer. » Mais enfin, en quoi parler de famille, c’est sous-entendre qu’on veut renvoyer les femmes au foyer ?
J’irais même plus loin, je pense que la question du renvoi des femmes au foyer est marginale aujourd’hui. Les deux sujets de préoccupation principaux sont, d’une part, la précarité dans le travail – le travail à temps partiel contraint – et d’autre part le chômage spécifique des femmes. Et ce qui menace les femmes aujourd’hui, ce n’est pas tant d’être renvoyées au foyer que de devoir organiser leur vie professionnelle en fonction de leurs responsabilités familiales.
Donc, pour parler encore « en creux », le ministère de la Famille serait plutôt celui de l’Égalité professionnelle ?
La famille, l’enfance, c’est le lieu où les inégalités entre femmes et hommes prennent racine, là aussi où elles se transmettent. Ceci est nourri d’observations statistiques : 40% des femmes changent leur façon de travailler et leurs projets professionnels à la naissance d’un enfant. Seulement 6% des hommes le font.
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