11/ Le test du Rorschach expliqué par Marie-Christine Gryson-Dezjehansart

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Restait à expliquer le test du Rorschach – la personne interprète le monde extérieur à partir de son vécu profond.
Dans le test d’Aurélie, le thème de l’araignée était envahissant. 
Son psychisme était totalement parasité par cette image analogique de panique intrusive vécue corporellement par la victime.
La mémoire n’a pas pu intégrer l’effraction de type sexuelle car elle est incongrue et le psychisme de l’enfant ne possède pas les ancrages susceptibles d’y accrocher le souvenir d’un tel fait.
Faire croire et écrire que l’expertise se fonde sur un seul de ces éléments, comme on l’a entendu – « l’enfant est soi-disant victime parce qu’elle voit des araignées dans les taches du Rorschach » –, est d’une très grande malhonnêteté.
Cette illustration est précisément fournie parce qu’elle est parlante et démonstrative pour les non-spécialistes. Et cet élément s’ajoute à l’ensemble des autres critères – au moins quarante – pour former un faisceau de données significatives.
Cette phrase sur l’araignée a évidemment été reprise dans la presse comme étant le résumé tourné en ridicule de l’examen de crédibilité 2.
La stratégie a été efficace et l’on ne peut s’étonner de la question désolée du Canard enchaîné, le mercredi suivant : « Sont-ce des méthodes d’expert ? » en évoquant les caricatures décrites plus haut.

2. Le procédé a été identique pour discréditer le travail de mon camarade expert en extrayant 
du test un « lézard à grosse queue ». Nous avons participé au même groupe de recherches sur 
le Rorschach, dirigé par Zéna Helman, pendant de nombreuses années.

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Autres billets sur l’affaire d’Outreau
1/ Outreau – La vérité abusée
2/ Outreau, la vérité abusée. 12 enfants reconnus victimes
3/ Outreau : Les lettres de Kevin Delay au juge Burgaud
4/ 24 février 2011 – La parole de l’enfant après la mystification d’Outreau
5/ Outreau : la télédépendance de l’opinion – « télécratie 4 » – « procès- téléréalité »
6/ Des troubles du comportement
7/ Saint-Omer – juin 2004 : Les enfants présumés victimes sont placés dans le box des accusés !
8/ Saint-Omer – Selon M. Monier, une telle configuration des lieux a eu un effet négatif sur le procès, personne n’étant à sa place
9/ Saint-Omer – Mercredi 2 juin 2004 – Le procès bascule le jour des rétractations provisoires 
de Myriam Badaoui
10/ La victime envahie par le souvenir traumatique ne marque aucune pause « pour réfléchir »
12/ Militantisme association
13/ Les points de défaillance au procès de Saint-Omer
14/ Florence Aubenas : le danger de la victime résiliente mêlée à toutes les causes
15/ Un éclairage sur les rétractations et les contaminations
16/ Outreau : presse & justice – Florence Aubenas : je consulte le dossier d’instruction
17/ À propos des aveux de l’un des accusés acquittés d’Outreau
18/ Il s’avère que c’est l’ingestion d’un médicament – l’amobarbital –, qui peut induire sous hypnose la construction des faux 
souvenirs, et non pas l’hypnose seule

René Girard décrit le processus de désignation qu’utilise le système agresseur

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Il décrit trois stéréotypes victimaires d’une pertinence clinique rare. Le premier est un état de crise qui déstabilise les rapports sociaux : la stérilité qui s’est abattue sur Thèbes par exemple. Le deuxième est la désignation d’un bouc émissaire accusé d’un crime considérée comme étant responsable de la crise par un lien de causalité magique : Œdipe a commis l’inceste et le parricide ; lors des épidémies de peste, on désignait les juifs accusés d’empoisonner les puits ou les vampires dont on déterrait les corps. La vérité est bafouée au profit de l’énormité de l’accusation : le capitaine Dreyfus est un traître ! Le troisième stéréotype concerne certains signes victimaires faciles à identifier, lesquels sont une monstruosité physique ou morale, réelle ou supposée: Œdipe est un immigré boiteux ; les juifs ont le nez crochu ; les sorcières entretiennent des relations diaboliques, etc.

René Noël Théophile Girard, né à Avignon le 25 décembre 1923, est un philosophe français, membre de l’Académie française depuis 2005. Ancien élève de l’École des chartes et professeur émérite de littérature comparée à l’université Stanford et à l’Université Duke aux États-Unis, il est l’inventeur de la théorie mimétique qui, à partir de la découverte du caractère mimétique du désir, a jeté les bases d’une nouvelle anthropologie. Il se définit lui-même comme un anthropologue de la violence et du religieux.