Procès Lavier : Que devient Aurore, victime d’ Outreau rétractée, mise en garde à vue mais pas en examen… par M.-C. Gryson

12 juillet 2011
L’affaire Lavier n’a pas été jugée ce jeudi 7 juillet au Tribunal de Boulogne sur mer pour des raisons procédurales : une question de constitution prioritaire (QCP) déposée par la défense au sujet de la garde à vue du couple. L’examen préalable de cette question avant l’examen du fond entraîne un délai supplémentaire et l’audience est reportée au 26 Janvier 2011.

Une cassette vidéo a justifié, selon le Parquet de Boulogne sur mer, les poursuites pénales pour « Corruptions de mineurs » en plus de celle de « Maltraitances habituelles sur mineurs » déclenchées par la fugue et les plaintes de deux enfants Lavier. Cette cassette vraisemblablement très compromettante, n’a donc pas été visionnée comme prévu par les journalistes venus en grand nombre. Qu’elle puisse un jour être visionnée par la presse… c’est peu probable. Il s’agit de la cassette vidéo dans laquelle figure Aurore 18 ans, ex-enfant reconnue victime à Outreau, qui a été mise en garde à vue avec ses proches, mais non mise en examen, car mineure au moment des faits. Elle fait partie des 5 personnes proches du couple Lavier qui tous ensemble simulent des actes sexuels en présence de deux enfants.

Aurore est retournée vivre chez Franck Lavier son Beau-Père et Sandrine sa mère, acquittés en appel à Paris après avoir été condamnés pour viol et corruption de mineurs en première instance aux assises de Saint Omer en 2004. Sa cadette en revanche, a toujours maintenu ses accusations à l’égard de sa famille – entre autres – et elle est restée en famille d’accueil.

Aurore, que je dénomme Aurélie dans mon ouvrage « Outreau la vérité abusée »
http://www.hugoetcie.fr/Tous-les-livres/Documents/Outreau-La-verite-abusee
a été – rappelons-le – au centre d’une véritable mystification de l’opinion lors du procès de Saint Omer. Je décris cet épisode dans le chapitre intitulé « l’imposture de la virginité d’Aurélie » Le fait qu’elle soit vierge alors qu’elle dénonçait des viols a permis à la Défense d’emporter la conviction médiatique sur les soit-disant mensonges des enfants d’Outreau. Les sodomies et les fellations ont disparu de la nomenclature de ce qui est reconnu comme étant des viols. Les magistrats et les jurés ne l’avaient pas oubliée toutefois et Aurore âgée alors de 11 et 12 ans – et qui avait maintenu ses accusations durant les deux procès – a été déclarée victime de viols, agressions sexuelles et corruption de mineurs tout comme onze enfants d’Outreau. Malheureusement, le Président du Conseil Général du Pas de Calais, représentant légal des enfants, n’ayant pas voulu communiquer sur le verdict, l’emballement médiatique que l’on connaît a laminé la vérité judiciaire des enfants pour ne retenir que celle des adultes.

Dès lors, il a été ancré dans l’opinion ce que j’appelle dans mon ouvrage la storytelling « les enfants carencés peuvent inventer des agressions sexuelles », storytelling au service d’une synergie d’intérêts médiatico-politiques pour les plus avouables.
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La question qui se pose est la suivante : qu’a t-il pu se passer pour qu’Aurore se rétracte, allant jusqu’à nier son statut de victime ?

Précisons d’emblée que les allégations et les rétractations des adultes dans le domaine des agressions sexuelles ne peuvent en rien être comparées à celle des enfants et des adolescents. Le psychisme de ces derniers est en cours de développement, l’appréhension de l’impact du traumatisme sexuel ne peut relever uniquement du simple bon sens qui est pourtant si souvent bienvenu en psychologie.

C’est à la lumière de dizaines d’années de recul et des centaines d’études au long cours de victimes avérées, que la victimologie a pu mettre au point des protocoles d’investigation élaborés scientifiquement complétés et enrichis par les études cliniques et l’expérience personnelle.

Le cas d’Aurore, est celui d’une enfant d’Outreau reconnue victime judiciairement et qui, devenue adolescente, se rétracte dans un contexte très particulier. Elle avait maintenu ses accusations de viols durant les deux procès d’Outreau – elle avait 11 et 12 ans, il faut encore le rappeler. Les trois experts qui l’avaient examinée – dont moi-même – avions accrédité ses dires et objectivé la réalité d’indices liés aux agressions sexuelles tout comme le rapport de l’IGAS.

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Outreau – Procès du clan Lavier le 26 janvier 2012
26 janvier 2012 – Procès Lavier – Outreau
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La nausée… à propos de l’affaire DSK et des victimes de viols par la Docteure Muriel Salmona

4 juillet 2011

La nausée… En entendant à nouveau un concert de propos sexistes et indécents… et la mise en cause de Nafissatou Diallo en France et aux Etats-Unis.

L’espace de quelques semaines, on a pu, j’ai pu y croire… un petit peu… passé le choc de la vague de propos sexistes et la déferlante des pires stéréotypes sur le viol, les femmes et la sexualité (cf le communiqué de l’association : http://stopauxviolences.blogspot.com/2011/05/communique-de-lassociation-memoire.html), rassérénée par la levée de boucliers et la dénonciation des féministes en retour, j’ai pu croire qu’aux États-Unis les femmes se plaignant d’avoir subi un viol étaient plus protégées qu’en France et qu’elles avaient accès à une justice plus éclairée et à une présomption de véracité.

Mais las… En quelques jours tout s’écroule et j’assiste médusée à un scénario bien trop connu par toutes celles et ceux qui accompagnent les victimes de viol à longueur d’années : alors que Dominique Strauss Kahn, même s’il vient d’être libéré sur parole et s’il bénéficie de la présomption d’innocence, reste à ce jour toujours inculpé de crimes sexuels, la plaignante se retrouve elle, en position d’accusée, bien qu’elle maintienne son témoignage concernant le viol qu’elle dit avoir subi, son procès se met en place, et ce n’est pas la défense qui le fait (ce qui fait partie des droits de la défense si cela reste dans les limites de la décence et du respect de la dignité de la plaignante) mais le procureur, à charge et à charge… Avec les mêmes arguments entendus à longueur d’enquêtes de police et de procédures judiciaires mettant en cause la crédibilité de la plaignante, ses mensonges passés et présents même s’ils n’ont pas de rapport direct avec l’agression relatée, ses incohérences dans sa version des faits, ses comportements, sa « mauvaise vie », sa vénalité… et la plupart des médias et des commentateurs de relayer de façon indigne…

Ce scénario, avec le revirement soudain de la police et du procureur qui s’acharnent alors sur la plaignante, j’en ai maintes et maintes fois été témoin avec mes patientes victimes de viol que je suis en tant que psychiatre spécialisé en psychotraumatologie et en victimologie. Tout commence pas trop mal lors du dépôt de plainte et des premières auditions (avec malgré tout beaucoup de dysfonctionnements), le viol rapporté par la plaignante semble pris en compte par les enquêteurs, et soudain tout bascule sur un ou plusieurs détails, considérés comme des « mensonges » mettant en cause totalement sa crédibilité : la plaignante lors de la déposition a omis de dire qu’elle avait consommé du cannabis ou de la cocaïne ce qui apparait sur la prise de sang ; la plaignante a omis de révéler certains faits de son passé ; la plaignante n’avait pas fait part lors des auditions de certains échanges internet ou téléphonique avec celui qu’elle désigne comme son agresseur ; la plaignante a mal identifié le lieux du viol ou a décrit une chronologie des faits, un agencement des lieux, un trajet qui s’avèrent inexacts, incohérents ou pas assez précis ; la plaignante a oublié des pans entiers de son emploi du temps le jour de l’agression… Elle est alors maltraitée, accusée de mensonges et la procédure aboutit à un classement sans suite ou à un non-lieu…. Elle peut être accusée de dénonciation mensongère et être mise en garde à vue et malmenée comme cela vient d’arriver à une jeune patiente de 14 ans. Et si un procès à quand même lieu, le procureur général demande l’acquittement (comme cela s’est passé récemment lors d’un procès aux Assises obtenu en appel).

Alors que je soutiens une patiente adolescente, une personne du parquet me dit : « vous savez votre patiente n’est pas celle que vous croyez…ce n’est pas une oie blanche… » Un responsable de la police me dit : « vous savez mes hommes je ne les tiens plus à partir du moment où ils pensent qu’on leur a menti, qu’on s’est moqué d’eux et qu’ils ont mis de ce fait un innocent en garde à vue ! « … alors que je lui décrit la garde à vue scandaleuse et violente d’une jeune adolescente de 14 ans victime d’un viol et accusée de dénonciation mensongère d’un crime imaginaire après un non-lieu pour absence des faits (cf exemples détaillés plus loin).


Faut-il rappeler que les violences sexuelles n’ont rien à voir avec un désir sexuel ni avec des pulsions sexuelles, ce sont des armes très efficaces pour détruire et dégrader l’autre, le soumettre et le réduire à l’état d’objet et d’esclave. Il s’agit avant tout de dominer et d’exercer sa toute puissance.

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