1/ Vivre après l’inceste : Haïr ou pardonner de Roland Coutanceau

Vivre après l’inceste : Haïr ou pardonner ?

Broché
Paru le : 01/01/2004

Editeur : DDB

Collection : médecine

ISBN : 2-220-05404-7

EAN : 9782220054049

Nb. de pages : 319 pages

Poids : 310 g

Dimensions : 13cm x 20,5cm x 2,1cm

Pourquoi m’a-t-il fait ça ?  » C’est la question que se pose encore Ida Brein bien des années après l’agression incestueuse dont elle a été victime.

Elle témoigne, dans la première partie de ce livre, de ce qu’elle a subi, des retombées de cette trahison sur sa vie sentimentale et sexuelle, du parcours accompli pour faire reconnaître sa souffrance et pour la dépasser. Partant d’une évaluation de ce témoignage, Roland Coutanceau, psychiatre et spécialiste de l’inceste, éclaire de façon très novatrice la souffrance psychique de la victime, le silence qui lui est imposé, et ce qui conditionne un tel drame.
Cet acteur de terrain plaide alors avec v conviction pour que la judiciarisation du délit incestueux aille de pair avec un accompagnement de la victime et de son agresseur : le suivi psychologique peut en effet, quand les conditions sont favorables, éviter l’éclatement des liens familiaux. Cet essai très complet, préfacé par Boris Cyrulnik, qui connaît bien les travaux de Roland Coutanceau sur toutes les formes de violence et leurs possibilités de résilience, lance de nombreuses pistes pour que soient mieux compris et pris en charge les acteurs de ce tabou social quasi universel.
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Voir aussi les billets concernant le livre de Roland Coutanceau :

2/ Peut-on pardonner ?
3/ Un silence difficile à rompre
4/ Désordres relationnels et sexuels
5/ Le père incestueux
*/ L’enfant investi d’une sorte de mission
6/Les milieux sociaux et culturels
7/ Quelques conséquences sur les survivantes
8/ Le dévoilement
9/ Trois profils des pères incestueux
10/ Les mères

6/ un obstacle vous interdisant l’accès à une vie mieux aboutie par François Roustang

Page 110

Lorsque quelqu’un souffre d’un problème, d’une difficulté, d’un symptôme qu’il voudrait voir disparaître, il suffit de lui proposer d’y faire face ou simplement d’y porter attention et de lui demander d’attendre que la solution, ou du moins un commencement de solution, se fasse jour. J’ai répété cette expérience des centaines de fois et le plus souvent non sans effet. Il est évident que ce schéma revêt dans chaque cas des formes singulières. L’exposé d’un exemple permettra cependant d’en extraire quelques principes. Une jeune femme se plaint de ne jamais pouvoir conduire jusqu’au bout ses entreprises et de se frustrer elle-même par des échecs qu’elle pourrait éviter. Au cours d’une première séance il lui est impossible de se détendre et moins encore d’abandonner le souci de comprendre. La deuxième séance n’est pas plus efficace, mais c’est pour des raisons inverses : elle entre en hypnose avec une telle facilité que les difficultés de son existence disparaissent. L’oscillation entre impossibilité et facilité, ou entre le se sentir très mal et le se sentir très bien, me semble alors représenter la fuite devant toute transformation ; c’est pourquoi je lui propose de faire face à son problème et d’attendre. Voici quelques répliques d’un dialogue entrecoupé de longs silences :

– Il y a probablement, lui dis-je, un obstacle vous interdisant l’accès à une vie mieux aboutie.

– J’ignore quel peut être cet obstacle.

– Vous n’avez pas besoin de le connaître ; il suffit que vous y portiez une attention prolongée et que vous attendiez le plus tranquillement que vous pourrez.

– Je ne peux pas avoir de projets ; je suis courageuse quand le feu a pris, mais, lorsqu’il est éteint, c’est la déprime.

– Pouvez-vous regarder, écouter, sentir cela ?

– Il y a une petite pellicule très dense sur une énorme épaisseur de chaos et de confusion.

– Pouvez-vous vous en approcher quelque peu ?

– Image de camp de concentration, de rails qui n’aboutissent à rien et des gens alentour qui travaillent dans les champs sans rien voir. On ne peut pas vivre quand il y a ça à côté.

– Est-ce que l’on ne peut plus vivre, comme cela arrive aux rescapés, ou est-ce que l’on ne doit pas vivre ? Considérez longuement cela.

– On ne doit pas vivre, je ne dois pas vivre.

– Mettez-vous bien en face de ce « je ne dois pas vivre »…

N’est-il pas porteur d’un lien qui ne saurait être rompu ?

– Une tante qui m’a élevée ; la seule affection de mon enfance. Elle était dans le malheur.
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Autres billets sur La Fin de la plainte de François Roustang
1/ La fin de la plainte
2/ La manipulation thérapeutique
3/ Amour Narcisse
4/ La dissociation, le trauma, l’amnésie

5/ Le système sélectif de reconnaissance ou l’imagination

7/ Impossible donc de parler et de ne pas parler