A l’époque, la « médiatisation » de cette affaire avait surtout concerné les adultes :
– Adultes accusés, condamnés ou acquittés aux Assises de Saint-Omer en 2004, ou acquittés en appel aux Assises de Paris en 2005.
– Juges chargés de l’instruction, ou de la mise en accusation – comme on disait jadis, qu’il s’agisse du Parquet général ou de la Chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Douai.
Avocats parfois tonitruants, parfois choisissant de parler à la presse et aux caméras de télévision plutôt qu’aux jurés devant lesquels ils ne prennent même plus la peine de plaider après le « réquisitoire » disculpant du Parquet général.
– Députés, siégeant à leur tour devant les caméras par une démarche sans précédent dans une affaire criminelle, du point de vue de la séparation des pouvoirs et consistant à faire comparaître en public des magistrats – non pas devant le Conseil supérieur de la magistrature, seule institution constitutionnellement compétente, mais devant un panel télévisuel !
– Garde des Sceaux, ministre de la Justice, déclarant à la télévision qu’il entamerait des poursuites disciplinaires contre un juge, motif pris que « l’opinion ne comprendrait pas » qu’il s’en abstienne, selon sa propre expression.
Mais les enfants, dans cette affaire ? On les a un peu perdus de vue. On pourrait pourtant se demander quel est leur point de vue. Car toute affaire criminelle peut être considérée de plusieurs points de vue.
Elle peut l’être du point de vue des victimes, bien sûr, d’abord… Mais aussi du point de vue des coupables, ou des juges, ou du public – l’opinion publique – mieux vaudrait dire de l’opinion « populaire », puisque la justice est rendue, chez nous, « au nom du peuple français ». Tentons de nous placer de ces quatre points de vue successivement.
1/ Dans l’affaire d’Outreau, le point de vue des enfants victimes, on n’en sait pas grand-chose.
Certes, à l’issue des deux procès d’assises, il a été officiellement reconnu que douze enfants ont été victimes de viols ou d’agressions sexuelles par plusieurs personnes qui n’ont pas toutes été identifiées. Il leur a même été attribué des « indemnités » de quelques milliers d’euros. Mais ce que pensent aujourd’hui ces enfants, on ne le sait pas. Du moins pas encore. Mais un jour ils seront adultes…
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