Outreau : un discours évolutif

Logo-Outreau-une-mise-au-pointDe la fin du procès d’Outreau à Paris jusqu’à aujourd’hui à Rennes, les avocats de la défense épaulés par les organes de presse (dont les têtes d’affiches Stéphane Durand-Souffland et Florence Aubenas) ont fait évolué les différentes stratégies d’étouffements autour de l’affaire Outreau.
Redécouvrons et observons le recalibrage du discours, l’évolution des éléments de langage qui finalement ressemblent plus à de la désinformation flagrante qu’autre chose.
C’est à se demander si, repoussés dans leur retranchement, la clique des propagandistes ne s’essouffle pas un peu… la cartouchière ne serait pas bientôt vide ?

Les enfants victimes :

(aujourd’hui adultes)
Menteurs → Il était compliqué sur les premières années de reconnaître l’ensemble des enfants victimes… pire, la volonté était trop forte de dénigrer ces enfants, de semer le doute sur leur parole allant jusqu’à la bafouer complètement et de parler de mensonges, voire d’enfant fou !
« On a croisé la parole d’un mythomane et d’un enfant fou » Hubert Delarue, 2006 + 28/12/2014
Victimes → Petit à petit, en même temps que d’autres sons de cloche s’élèvent pour rappeler qu’il y a eu 12 enfants victimes, il a bien fallu adapter le discours et reconnaître l’évidence. Le problème, c’est que même là l’évidence n’est pas gagnée. Certains reconnaîtront la réalité de 12 enfants victimes, là où d’autres mettront en avant les 4 victimes de la fratrie Delay en omettant les 8 autres.
Comme cet article de 2009 qui dit dans la partie « conclusion et acquittement quasi-général »:
« Sur les dix-sept enfants initialement considérés comme victimes, seuls les quatre fils du couple Delay sont finalement reconnus comme tels. »
Après, on dira que nous sommes des révisionnistes.
Intéressés par l’argent → Une fois les 2 évidences précédentes reconnues, il fallait bien dénigrer à nouveau et autrement les enfants victimes. Ce 3ème procès serait justifié par une question de vengeance, de rééquilibrage des indemnités…
France Inter – le procès de l’absurde (15/05/2015) : le journaliste reste bloqué sur l’idée d’injustice dans la différence d’indemnisation entre les enfants victimes et les acquittés. Tout en donnant quelques chiffres, une nouvelle idée se distille : « C’est peut-être la clé de ce nouveau procès ».
Manipulés → Puisque l’argument précédent relevait de l’indécence, il a pu être exploité par les médias… le mal est déjà fait, c’est un discours qu’on entend sur les marches et dans les couloirs du tribunal.
Aujourd’hui, les enfants ne sont pas manipulateurs mais manipulés. A notre connaissance, toutes les personnes qui ont soutenu les enfants à un moment ont eu la volonté de ne pas les replonger dans le cauchemar d’Outreau. Personne ne les a poussé à vouloir ce 3ème procès. C’est les prendre pour moins que rien et ne rien comprendre de leur réalité et à leur démarche.

Le juge :

On pouvait s’y attendre mais les avocats de la défense ont montré que le match à refaire était de leur volonté.
Bien que le juge Burgaud se soit déjà expliqué devant la commission parlementaire et se soit pris un blâme (n’en déplaise aux avocats, c’est la plus petite sanction et elle a été donnée au juge car il fallait montrer que le responsable avait été « puni »), les avocats de la défense n’ont pas hésité pas à reparler et repréciser des points qui était sujet à discussion mais aucunement à revenir sur le fait que le juge n’avait pas commis de faute.
Pourtant le juge a reconnu des imperfections devant la commission parlementaire et en réponse aux questions du Président de la cour durant son témoignage.
Par contre, concernant le juge… aucune évolution dans le traitement de sa personne de la part des médias et des avocats de la défense : c’est toujours l’homme à abattre.

Les avocats de la défense :

Forts de leur 2 premiers procès, ils ont voulus se montrer solidaires de Daniel Legrand et des décisions qui ont été rendues à St Omer puis à Paris.
Ils l’ont précisé à plusieurs reprises sur les ondes comme pour dire : « Faites attention, les avocats-ténors du barreau, les avocats d’Outreau sont de retour ». Ce discours aujourd’hui a lui aussi évolué : aujourd’hui, ils se font passés pour des victimes harcelées par les lettres anonymes de menaces d’insultes… ils se font « pourrir depuis 10 ans ».
Alors on passe à « faites attention c’est nous que v’là » à « nous aussi sommes victimes quelques part et ces 10 dernières années n’ont pas été faciles »

Les contestataires :

Suite aux procès de St Omer et Paris, une personne a porté un autre regard sur l’affaire Outreau. Cette personne, ayant vécu Outreau est une experte psyhologue, Marie Christine Gryson qui a dû rétablir certains mensonges laissés par la défense (conflits d’intérêt, proximité avec les enfants… ces points ont été démentis officiellement pourtant aujourd’hui on continue à calomnier cette femme aux qualités professionnelles reconnues auprès des tribunaux).
Les avocats de la défense ont voulu faire contrepoids et démonter son regard sur Outreau prétextant depuis longtemps la démarche « révisionniste » de Mme Gryson.
Le film de Serge Garde « L’autre vérité » et le livre de Jacques Thomet « Outreau, contre-enquête sur une manipulation pédocriminelle » ont produit la même réaction des avocats d’Eric Dupont Moretti qui n’ont pas hésité à les qualifier eux-aussi de « révisionniste ».
Aujourd’hui, on met dans le lot, les citoyens vigilants présents lors des audiences : « Dans la salle s’installe tous les matins un public étonnant, gens aux visages fermés qui prennent des notes par défiance envers la presse, parlent bas et entre eux, se saluent discrètement mais tweetent des commentaires assassins pendant l’audience ».
Qui sont les complotistes ?
Oui des citoyens s’installent tous les jours dans la salle pour être présents et ne pas s’entendre dire « vous n’étiez pas là ! »
Oui nous prenons des notes…
Oui par défiance parce que nous avons vu le résultat sur la couverture médiatique des 2 premiers procès.
Oui nous nous disons bonjour, comme vous nous saluez avec un sourire qui en dit long… ça s’appelle la politesse parce qu’au premier jour, personne ne se connaît et les rapprochements s’opèrent assez rapidement.
Stéphane Dupont-Souffland et Florence Aubenas, eux, sont très proches depuis longtemps, rigolant ensemble pendant les audiences et peuvent le faire sans être critiqués par nos soins… alors pourquoi ces basses attaques complotistes de leur part ?
Nous rassurons les journaleux, il n’y a pas d’organisation derrière le regard que nous portons à tout cela, et puis on fait pas le poids… vous êtes plus nombreux avec plus de moyens.
Allons, un peu de lucidité !
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Vendredi 22 mai 2015 : Le procès de l’instruction Par Charlotte Piret

Logo-France-inter-liveEN DIRECT DE L’AUDIENCE – Pour la dernière journée de cette première semaine d’audience, la cour va entendre certains membres de la protection à l’enfance, dont la référente des familes d’accueil des enfants Delay. Dans l’après-midi, les temps forts seront les auditions du juge Fabrice Burgaud et de son greffier. Le juge d’instruction de l’affaire, bousculé à la barre lors des deux précédents procès, n’a pas voulu faire le déplacement à Rennes. Il sera entendu par visioconférence depuis le palais de justice de Paris.

Par Charlotte Piret, 18:31

L’instruction, rien que l’instruction

Sans doute est-ce que l’immense force du président Philippe Dary, celle d’avoir été lui-même juge d’instruction. Car on avait déjà vu Fabrice Burgaud répondre de son instruction dans l’affaire d’Outreau.
Il était venu en catastrophe, dûment escorté, s’expliquer devant la cour d’assises de Saint-Omer. Myriam Badaoui venait alors d’innocenter tous les accusés à l’exception de son mari et du couple David Delplanque et Aurélie Grenon. Face à l’immense émotion qui s’était emparée du dossier, face à la stupeur devant ces personnes en détention depuis des mois et qui clamaient leur innocence, le jeune Fabrice Burgaud avait opposé froideur et raideur judiciaire. Bien loin des excuses qu’espéraient de sa part ceux qui allaient être acquittés, il s’était accroché à son dossier d’instruction, défendant son travail acte par acte.
Des années après, on a revu le juge, filmé des heures durant, sous le feu des questions de la commission parlementaire chargé d’analyser un tel fiasco judiciaire. Là encore, devant l’hypermédiatisation de l’événement et l’émotion collective, Fabrice Burgaud n’a pas quitté un instant son costume de juge pour éventuellement en endosser un plus humain.
Cette fois, le président Philippe Dary a choisi de jouer sur son terrain : celui de l’instruction. Et là, il y a matière à déstabiliser le magistrat.
Les dates, tout d’abord. Elles sont inexistantes dans les faits reprochés à Daniel Legrand. « Comment peut-on se défendre face à des accusations qui ne sont pas marquées dans le temps ? » interroge le président.
« C’est difficile de demander à des enfants de 3 ou 5 ans », se justifie Fabrice Burgaud, « et les adultes étaient très désociabilisés. Je ne pense pas que c’était une particularité de ce dossier mais c’est sûr que c’est plus facile dans les dossiers financiers. »
Les albums photos présentés aux victimes, ensuite. Ils ne comprennent que des photos des personnes mises en cause.
« Vous avez raison, il aurait été souhaitable de panacher », concède l’ancien juge Burgaud.
– Alors pourquoi ne pas avoir demandé aux services de police de changer ces albums photos ? s’étonne le président.
– Je leur faisais confiance et vu le peu d’expérience qui était la mienne.
Et le président de poursuivre. Presque que comme un père réprimanderait son fils :
« Franchement monsieur Burgaud, trois fois l’adverbe « notamment » dans une ordonnance de mise en examen c’est quand même étonnant. De quoi est-on saisi ? Sur qui ? Les seuls noms cités sont les frères Delay et ce sont les seuls à qui on n’a jamais présenté la photo de Daniel Legrand. »

Par Charlotte Piret, 16:28

Quand on reparle du juge Burgaud

Il est clairement désigné comme LE responsable du fiasco judiciaire de l’affaire Outreau. Celui qui a bouclé une instruction en concluant à un réseau pédophile international, dont les membres présumés ont purgé des mois de détention provisoire. Avant qu’on voit deux procès acquitter treize des dix-sept accusés.
Lui, c’est bien sûr le juge Fabrice Burgaud. Tout jeune juge d’instruction à l’époque, fraîchement arrivé à Boulogne-sur-mer.
Aujourd’hui, pour ce troisième procès Outreau, la cour a d’abord entendu son greffier de l’époque. Fabrice Duval est alors, lui aussi, tout jeune dans la fonction. A peine une petite formation et le voilà propulsé dans le cabinet du juge d’instruction.
« Est-ce que vous vous êtes entendu avec le juge Burgaud pendant l’instruction ? », l’interroge le président.
Long soupir.
« Plus ou moins », lâche péniblement l’homme rondouillard, en pull gris et bleu, que l’on voit s’afficher sur l’écran géant destiné aux visioconférences. « Il était euh… enfin… euh… On n’était pas pareils quoi… »
Visiblement très mal à l’aise, Patrice Duval temporise. Mais les avocats de la défense lui rappellent ses propos devant la commission parlementaire chargée d’examiner ce fiasco judiciaire. A l’époque, le greffier qualifiait Fabrice Burgaud d’« assez distant, froid, ne faisant confiance à personne, enfermé dans son bureau », parlait d’une « attitude hautaine, méprisante, sans jamais un mot agréable encore moins d’encouragement ».
Sur l’écran géant, l’homme confirme d’un hochement de tête.
Me Julien Delarue, avocat de Daniel Legrand interroge alors :
« pendant cette affaire, il a été dit que vous étiez très atteint au point qu’on puisse vous retrouver en larmes près des photocopieurs ? »
Patrice Duval après un long silence : « Oui, c’est vrai »
« Est-ce que vous avez eu le sentiment de pouvoir un juge vous opposer au juge Burgaud ? »
Non, reconnaît le témoin.

Par Charlotte Piret, 14:19

« Une chronologie dramatique »

Rien ou presque. Quand les enquêteurs viennent perquisitionner au domicile de Myriam Badaoui et Thierry Delay, ils ne trouvent pas grand-chose de concluant. Des cassettes pornographiques, des objets sexuels. Mais rien qui ne permette de prouver des sévices sexuels sur leurs enfants. Aucune de ces vidéos tournées pendant les viols dont les fils Delay ont parlé.
Nous sommes alors le 20 février 2001. Cela fait plusieurs mois que les enfants Delay ont commencé à raconter à leurs familles d’accueil respectives ces viols et maltraitances dont ils sont victimes. Et cela fait même près de deux mois que leurs parents sont au courant de ces accusations.
Car bien que placés, les enfants Delay, continuaient à rendre visite à leurs parents. C’est d’ailleurs la perspective de quelques jours en famille à l’occasion des vacances de la Toussaint qui va provoquer les premières paroles de Dimitri. Alors, lorsque les services sociaux prennent connaissance de ces terribles déclarations, il faut bien suspendre le droit de visite et d’hébergement des parents Delay.
C’est ainsi que par une lettre du juge des enfants, obligatoirement motivée, les parents Delay apprennent qu’ils sont mis en cause pour viols. En deux mois ou presque, souligne Me Patrice Reviron à l’audience, ils auront tout le temps de faire disparaître les éventuelles preuves.
Le président ne peut que constater : « c’est vrai que c’est une chronologie dramatique ».

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