« A mort le juge ! » : à qui profite le « bashing » du juge Burgaud ?

Logo-Huffington-postPar Hélène Romano – Docteur en psychopathologie au CHU Henri Mondor à Créteil
Publication : 29/05/2015 09h48 CEST

JUSTICE – Depuis quinze jours les assises de Rennes jugent Daniel Legrand, mis en cause dans des faits de viols présumés quand il était mineur. Et depuis quinze jours, nous constatons dans les médias la même omniprésence médiatique des avocats de la défense qui, à grand renfort de mises en scène théâtrale, répètent inlassablement la stratégie qui leur a permis d’obtenir lors du procès en appel de Paris l’acquittement de la plupart de leurs clients (après l’intervention hors de tout respect des procédures, du Procureur général Yves Bot présentant en conférence publique ses excuses aux mis en cause avant même le rendu du délibéré du jury de la Cour d’assises le lendemain).

Cette stratégie est simple : les enfants sont des menteurs, les experts et professionnels spécialisés dans les répercussions psychotraumatiques sont des incompétents, le juge Burgaud est seul responsable de ce désastre judiciaire et les parents des enfants Delay détiennent assurément la vérité. Cette méthode est celle utilisée dans les stratégies de désespoir quand seule la rhétorique perverse permet d’envisager de se sortir de situations inextricables. Le mépris exprimé à l’égard des victimes, le retournement des culpabilités et la disqualification systématique des témoins favorables aux victimes et des « sachants » conduit, pour le public et le jury d’assises, à une inévitable confusion qui sert la dynamique de désinformation savamment orchestrée pour dénier la réalité des victimes.

Myriam Badaoui, mère incestueuse, bourreaux de ses enfants aux vies fracassées, déjà condamnée pour ces faits, affirme qu’elle n’a jamais vu Daniel Legrand et que si elle a donné son nom lors de l’instruction c’est parce que le juge Burgaud le lui aurait donné. Et dès qu’il s’agit de préciser comment elle peut avoir connaissance des particularités physiques de Daniel Legrand, elle a des pertes de mémoire sélective. Même réaction factice du père des enfants Delay.

Comment en est-on arrivé à considérer que la parole et le témoignage de deux parents, bourreaux de leurs enfants qu’ils ont violé sans limite et à qui ils ont fait subir les pires actes de barbarie, condamnés à de lourdes peines pénales, ont plus de valeur que la parole d’enfants reconnus victimes de ces viols et que la parole d’un juge, officier de justice assermenté ?

Il y a dix ans le juge Burgaud a été lynché médiatiquement, exposé sans aucune limite à une vindicte populaire habilement instrumentalisée par les avocats de la défense pour faire écran à une autre réalité. Faut-il rappeler qu’aucune faute, selon les inspecteurs de la commission d’enquête judiciaire, n’a été retenue contre ce juge ? Faut-il rappeler qu’aucun expert n’a été radié et que toutes les expertises ont été considérées par les différentes enquêtes comme des évaluations de qualité réalisées par des professionnels de grandes expériences ? Faut-il rappeler que le livre de la journaliste Florence Aubenas, publié juste avant le procès de Paris et largement utilisé par les avocats de la défense pour assoir leur stratégie est aujourd’hui reconnu comme un écrit partisan de pure fiction, support des représentations personnelles et des seuls fantasmes de son auteure en mal de reconnaissance médiatique (manuscrit truffé de multiples inventions et mensonges réitérés) ? Faut-il rappeler que Daniel Legrand tient actuellement dans son box d’accusé à renfort évident de traitements médicaux de toutes sortes pour ne pas craquer ? Faut-il rappeler que Myriam Badaoui a dépensé des milliers d’euros de chirurgie esthétique sans que personne ne s’interroge sur l’origine d’une telle ressource financière ?

Alors comment comprendre cet acharnement à disqualifier l’instruction du juge Burgaud ? Comment comprendre que le témoignage des enfants Delay ne soit pas pris en compte alors que ceux des parents violeurs le sont ?

Poser cette question n’est pas être « révisionniste », comme le prétendent avec cynisme les avocats de la défense pour s’éviter tout débat. S’interroger sur ce qui mène des avocats à donner plus de valeur à des personnes condamnées pour viols sur mineurs et non à des enfants, c’est avant tout se questionner sur les valeurs de notre société ; sur la place faite au débat démocratique ; sur ce qu’est la justice et ce qui fait justice aujourd’hui en France. La vérité et ceux qui affirment la détenir ne devraient pas craindre les débats.

Le bashing du juge Burgaud n’est pas organisé sans raison. Il permet de faire écran à une réalité avérée: celle des viols sur mineurs et des réseaux pédophiles. Il détourne les jurés et le public de cette réalité sordide car il est en effet bien plus « confortable » de se dire que les parents Delay-Badaoui assènent la vérité que d’envisager ce que serait la perspective qu’ils aient tort.

Si certains pays comme l’Angleterre ont enfin décidé d’engager une lutte réelle contre cette peste des temps modernes que sont les réseaux pédophiles, la France continue de se complaire dans l’illusion que ces pratiques s’arrêteraient au niveau de la Manche, comme le nuage de Tchernobyl à la frontière.
La France, toujours prête à se vanter d’être le pays des droits de l’Homme, omet d’assumer le fait qu’en idolâtrant les stratégies « d’acquitte-à-tort » (en référence au surnom « acquitator » donné à l’un des avocats de la défense) elle fait des droits de l’enfant une vaste fumisterie.

Les pédophiles de toutes sortes peuvent continuer de violer en paix puisqu’en France la gravité des affaires de pédocriminalité est totalement méprisée. Les rares enfants qui tentent de révéler leur cauchemar sont désormais systématiquement traités de menteurs ou d’enfants aliénés ; ceux qui tentent de les protéger sont accusés de les instrumentaliser ; les professionnels et associations qui font le relais de leur plainte sont menacés et les mis en cause peuvent compter sur le talent théâtral d’avocats médiatiques qui crieront de principe à l’erreur judiciaire et qui n’hésiteront pas à lyncher tous ceux qui auront une argumentation contraire.

Quand la vérité est empêchée, quand il n’est plus permis de débattre, la justice des hommes n’est plus qu’une illusion abandonnée à l’obscurantisme et à la toute puissance d’une minorité terrorisante. Il n’y a alors plus aucune liberté, aucune fraternité, aucune égalité.

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Outreau – Procès de Rennes – Vendredi 29 mai 2015 – Audition de Brigitte Bonnafé – Tweets de la salle d’audience

L’audience va reprendre avec l’audition en visioconférence de Brigitte Bonnafé qui a expertisé les enfants pendant le 1er procès.

…enfin pour l’instant la visioconférence n’est pas gagnée. L’image mais pas le son.

L’audience reprend. Brigitte Bonnafé est entendue depuis la cour d’appel de Douai. Elle est installée à la place du président.

Brigitte Bonnafé a donc expertisé les quatre enfants Delay en juin 2004.

Brigitte Bonnafé : Chérif « est très précautionneux dans son discours et surtout soucieux qu’on comprenne son point de vue »


Chérif raconte à Brigitte Bonnafé que Thierry Delay était « méchant et violent sous l’emprise de l’alcool … »


Chérif « … mais il aimait regarder des dessins animés avec lui , surtout quand il refaisait les voix des personnages. »


Brigitte Bonnafé : Chérif « dit qu’il a mis en cause des accusés uniquement pour coller au discours de sa mère. »

Chérif Delay parle de sa mère à Brigitte Bonnafé comme d’une « martyre menteuse ».


Quand Brigitte Bonnafé rencontre Chérif pour l’expertise, il a 14 ans.

Quand Brigitte Bonnafé rencontre Dimitri pour l’expertise, il a 11 ans.

Brigitte Bonnafé : Dimitri « parle de moments privilégiés avec son père. »


Brigitte Bonnafé : « Dimitri dit que quand quelqu’un le violait, sa maman sollicitait une somme d’argent de 500 francs.

Brigitte Bonnafé : « elle [Myriam Badaoui] lui avait promis que s’il se laissait faire, il aurait droit à une game boy. »

Brigitte Bonnafé : « Dimitri dit que son père a commis un meurtre, dont il aurait été témoin. »

Brigitte Bonnafé : « il aurait plaqué une fillette contre un radiateur, puis emballé dans un sac plastique et il l’aurait enterrée »

Brigitte Bonnafé : « Dimitri dit que sa maman était très souvent provocatrice. Il a toujours une relation particulière avec sa mère »

Brigitte Bonnafé explique que Jonathan a dix ans quand elle le rencontre.


Brigitte Bonnafé : « Jonathan est né prématurément, par césarienne. Il a acquis la station assise à l’âge de 14 mois »

 Brigitte Bonnafé : « Jonathan dit que sa mère était gentille et lui achetait des jouets. »

Brigitte Bonnafé : « en plus de ses père et mère, Jonathan affirme qu’il y avait d’autres personnes. Mais il ne les connaissait pas »

 Brigitte Bonnafé : Jonathan « explique que c’est à cause de son père qu’il allait mal, faisait pipi au lit, avait des cauchemars »

rigitte Bonnafé : « dans ses cauchemars, il [Jonathan] voyait toujours son père avec une autre personne qui allait le violer »

Brigitte Bonaffé : « Jonathan va dire qu’il a pu tenir des propos erronés et que ça le rend malheureux. »

Brigitte Bonnafé : Jonathan « définit sa mère comme une copine exigeante et quand on ne se plie pas à ses exigences elle se venge »

Lorsque Brigitte Bonnafé rencontre Dylan pour l’expertise, il a 8 ans.

Brigitte Bonnafé : Dylan vit avec la crainte que ça recommence et appréhende avec terreur de la sortie de détention de ses parents

Brigitte Bonnafé : Dylan « se souvient des pommes que son père faisait cuire avec du sucre »

Brigitte Bonnafé : Dylan « va dire qu’il y avait d’autres personnes qui faisaient tout comme leurs parents. »

Brigitte Bonnafé : « pour lui, tous habitaient dans l’immeuble jaune de la Tour du renard. »

Brigitte Bonnafé : « on voit qu’il peut exister une confusion [chez Dylan] entre réel et imaginaire. »

Brigitte Bonnafé : Dylan « met en cause de manière précise une personne qui depuis a été acquittée. »

Charlotte Piret@ChPiret
Brigitte Bonnafé : « j’ai été nommée pendant le procès [de Saint-Omer], en urgence. J’ai reçu les enfants un dimanche. »


Aujourd’hui, Cherif Delay est présent à l’audience, mais pas ses frères.

Le président relit une phrase de Chérif à Brigitte Bonnafé : « Vous voyez Marécaux, il n’a rien à foutre là »

Chérif à Brigitte Bonnafé : « Karine Duchochois elle a rien à faire là. Le taxi Martel, je crois pas non plus. »

Brigitte Bonaffé : « il faut replacer ça dans le contexte de l’époque » (soit le 1er procès de Saint-Omer)

Dimitri à Brigitte Bonnafé : « j’ai pas vu Roselyne taper mais j’ai dit ça parce que Dupond-Moretti m’emmerdait. »

Brigitte Bonnafé : c’est la 1ere parole recueillie qui prend tout son sens, encore faut-il qu’il n’y ait pas de questions induites

Brigitte Bonnafé : « quand je rencontre ces enfants, la parole est polluée pour moi par différents paramètres. »

Brigitte Bonnafé : « aucun des quatre enfants ne m’a jamais parlé de monsieur Daniel Legrand. »

Brigitte Bonnafé : « ils ne m’en ont pas parlé alors qu’ils ont évoqué d’autres noms. »

 Brigitte Bonnafé : « il y avait quand même une palette assez large de noms cités et monsieur Legrand n’est jamais apparu »

Me Forster : « quelles sont les conséquences psychiques sur un enfant d’un viol incestueux ? »

Brigitte Bonnafé : « toute effraction sexuelle sous contrainte est forcément source de traumatisme. »

Brigitte Bonnafé : « toute effraction sexuelle sous contrainte est forcément source de traumatisme. »

  31 minil y a 31 minutes
Brigitte Bonnafé : « … et ça se complique d’autant plus quand on est dans une dimension incestueuse.

Brigitte Bonnafé : je me suis dis que j’allais prendre ce qu’ils allaient me donner. Ils avaient droit à un moment de détente »

Brigitte Bonnafé : « je n’ai donc pas été intrusive ».

 
Brigitte Bonnafé : même avant le procès, les enfants Delay étaient submergés par les informations.

Brigitte Bonaffé : la vie de Chérif n’est que ruptures, un géniteur qui ne s’intéresse pas à lui, un père qui ne l’aime pas vraiment

Le président s’agace d’une question de Me Guerin (Enfance majuscule)….

Le président : « je veux bien qu’on revienne systématiquement sur les mêmes sujets, mais ça va être très très long. »


L’avocat général cite une phrase de Chérif à Brigitte Bonnafé : « maman ment pour pas prendre tout pour elle ».

Avocat général : « les enfants décrivent des gestes précis quand ils évoquent les sévices de leurs parents…

Avocat général : « … et quand ils parlent d’autres personnes, ça devient très stéréotypé. Je me trompe ? »

Brigitte Bonnafé : « Tout à fait et c’est d’autant plus stéréotypé chez Jonathan »

B. Bonnafé : « en état de stress, on est empêché de penser. Donc il y a un vide et on va le combler avec la parole de l’autre »

Brigitte Bonnafé : « c’est très difficile de savoir ce qu’ils ont ressenti et ce qu’ils se sont approprié pour comprendre. »

Avocat général : « comment aider des jeunes hommes victimes des faits les plus odieux ? »

Avocat général : « comment les aider alors qu’ils paraissent baignés dans un environnement … »

Avocat général : « … où on leur dit sans cesse « vous êtes victimes de bien d’autres choses » ? »

Brigitte Bonnafé : « il ne faut pas les laisser s’enkyster dans la seule identité de victime qui est la leur depuis plusieurs années »

Brigitte Bonnafé : »Ils auraient besoin qu’on leur injecte du bon et non pas ces d’horreurs qu’on leur injecte depuis des années »

L’audience est suspendue quelques minutes, le temps de caler la visioconférence avec Emeline Delay, fille aînée de Thierry.

Outreau : témoignage attendu de Jonathan Delay au 2e jour du procès

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Nouveaux problèmes avec la visioconférence. Pas sûr que l’audition d’Emeline Delay puisse avoir lieu aujourd’hui.

Ça y est. Connexion établie avec le TGI de Lille d’où Emeline Delay doit être entendue en visioconférence.

Rectificatif : la connexion est établie en visioconférence avec Monique Fouquerolle. Emeline Delay sera entendue après.

L’audience reprend. On entend donc Monique Fouquerolle, voisine des Delay. Elle habitait dans le même immeuble.

Monique Fouquerolle est aussi la « marraine à Jonathan »

Monique Fouquerolle se présente, donne son nom, prénom et « profession : sans »

Monique Fouquerolle : « je connaissais Myriam Badaoui parce qu’on habitait dans le même bâtiment »

Monique Fouquerolle : « quand elle avait plus de couches pour ses enfants, elle venait chez moi en chercher. »

– Le président : « vous ne voyez rien d’autre à nous dire madame ? »
– Monique Fouquerolle : « Ben non »

M. Fouquerolle : « j’ai eu Yohan et Bruno avec M. Agez. Après Logan avec M. Mourmant, Giovanni et Gaëtan avec M. Dausque et Salomé »

Le président : « comment on peut expliquer que vous êtes devenue la marraine de Jonathan ? »

Monique Fouquerolle : « parce qu’elle [Myriam Badaoui ] savait pas qui mettre comme marraine alors elle m’a demandé »