Outreau : la justice face à la parole des enfants victimes

Logo Le MondeLe Monde | • Mis à jour le |
Par Lucie Soullier

« Les enfants ne mentent pas. » Fabrice Burgaud, alors jeune juge d’instruction du dossier d’Outreau, en était persuadé. Quinze ans après les premières révélations des enfants Delay, aujourd’hui adultes, la justice cherche toujours à cerner le vrai du faux dans un troisième procès consacré à l’affaire de pédophilie.

Ce nouveau procès ramène sur le devant de la scène la question de la prise en compte de la parole des enfants par la justice. Car en évoquant pour la première fois en 2000 les « manières » qu’ils avaient subies, les enfants Delay ont été emportés dans un fiasco qui a bousculé la société et l’institution judiciaire sur son passage. Sans compter la protection de l’enfance, qui venait à peine de lever le tabou pesant sur l’inceste et le viol des enfants.

La crainte d’un retour en arrière

« Avant les années 1990, les violences sexuelles sur les enfants étaient peu repérées par les travailleurs sociaux et peu poursuivies pénalement », raconte Catherine Sultan, directrice de la protection judiciaire de la jeunesse, chargée à la fois des mineurs en danger et des mineurs délinquants. La machine judiciaire s’est mise en marche avec une première loi en 1989 sur la protection de l’enfance et une seconde en 1998 qui a notamment instauré l’obligation de filmer les auditions de mineurs.

  • Le retentissement de l’affaire d’Outreau, à peine quelques années plus tard, a fait craindre un retour en arrière à la jeune juge des enfants qu’elle était alors. « On avait peur de passer d’une parole devenue presque évangile à un enfant forcément menteur », confie Mme Sultan. Après les acquittements de 13 des 17 mis en examen dans l’affaire de pédophilie, en 2005, elle se souvient qu’Outreau était parfois utilisé par les parents comme un argument imparable de leur innocence.

    Après « l’affaire », il a donc fallu rééquilibrer un balancier qui avait peut-être donné trop de poids à la parole de l’enfant, après l’avoir si longtemps oubliée ; il a aussi fallu rester vigilant pour ne pas qu’elle soit systématiquement mise en doute, tout en répétant qu’elle ne pouvait pas être la seule preuve.

    « C’est un élément. Mais il incombe aux adultes qui en ont la responsabilité de chercher les autres et de recouper », confirme Martine Brousse, présidente de l’association de protection de l’enfance maltraitée La Voix de l’enfant.

    Traduire le langage de l’enfant

    « L’idée s’était également répandue qu’il serait dangereux d’écouter la parole d’un enfant », poursuit Jean-Pierre Rosenczveig, ancien président du tribunal pour enfants de Bobigny. Car Outreau a aussi été une remise en cause du travail des juges, des policiers, des experts… « Mais c’est faux quand l’écoute est bien menée », insiste celui qui préside désormais le Bureau international des droits des enfants.

    Quelques mois après le procès d’Outreau, en 2005, s’est d’ailleurs tenu son contre-exemple. Une affaire de pédophilie à Angers, dont les 65 prévenus et les 45 victimes avaient de quoi faire frissonner n’importe quel juge d’instruction. Cinq mois de procès plus tard, 62 peines sont prononcées, 3 personnes acquittées, et aucun naufrage judiciaire n’est annoncé. « Parce que la parole des enfants a été bien recueillie », souligne Dominique Frémy, pédopsychiatre qui a assisté aux commissions post-Outreau. Responsable de l’unité du psychotraumatisme à l’hôpital de Novillars, près de Besançon (Doubs), elle rencontre depuis près de 25 ans de très jeunes victimes.

    « On n’écoute pas un enfant comme un adulte. C’est à nous de nous adapter », précise-t-elle en évoquant l’importance de lieux appropriés pour que l’enfant soit en mesure de raconter. Et l’adulte de l’écouter. Quant aux poupées, aux Playmobil, aux dessins qui permettent à l’enfant de montrer ce qu’il a subi lors des auditions, « il en faut, mais pas trop », concède-t-elle. C’est bien là toute la difficulté : placer le curseur au bon endroit. Ne pas poser trop de questions pour ne pas influencer le témoignage ; mais en poser assez pour libérer la parole. « Par exemple, un enfant de 8 ou 9 ans qui a subi des fellations en parle rarement spontanément, précise Mme Frémy. Et pourtant la question est d’importance, car on change de registre pénal » par rapport à des attouchements. Ces derniers sont des délits, alors que la pénétration constitue le viol, qui est un crime.

    Mais un professionnel est habitué à être attentif à certains détails dans la gestuelle de l’enfant, traduisant ce qu’un novice aurait pris pour un simple tic. Des signaux cruciaux à repérer lors de sa toute première audition, la plus importante.

    Répéter le traumatisme

    Car le recueil de la première parole de l’enfant est essentiel. Or elle est souvent « passée au tamis » par la multiplication des intervenants, selon Michel Dubec, expert psychiatre auprès des tribunaux. Une des nombreuses erreurs d’Outreau.

    Lire aussi : Outreau : un désastre judiciaire sans fin

    Brigitte Bonnaffé, qui a expertisé les enfants Delay lors du premier procès d’Outreau, expliquait ainsi vendredi 29 mai à la barre que lorsqu’elle les a rencontrés, leur « parole était polluée ».

    « Plus il y a d’intervenants auprès de l’enfant, plus c’est compliqué », reconnaît Martine Brousse. D’autant que ceux-ci ne se croisent pas souvent. C’est pourquoi l’association La Voix de l’enfant, qu’elle préside, a lancé la création d’unités pédiatriques médico-judiciaires dès 1999, où médecins, enquêteurs et travailleurs sociaux collaborent. Des structures qui existent aujourd’hui dans une cinquantaine de villes en France.

    Et ailleurs ? La situation est très différente selon le département, selon que l’on se trouve en ville ou à la campagne, voire selon la personne qui écoutera l’enfant. Car si les professionnels de l’enfance s’accordent sur le fait que tous ceux qui peuvent être amenés à recueillir la parole d’un enfant victime doivent y être formés, c’est encore très loin d’être le cas.

    Outreau, l’échec des adultes

    Mais même face à un professionnel expérimenté, les enfants peuvent-ils mentir sur de tels sujets ? Tenter de déterminer si leurs témoignages disaient vrai ou faux a été la première erreur de l’affaire d’Outreau. Comme les adultes, ils peuvent se tromper. Mais ils disent « leur » vérité, « celle de leurs parents, dont ils dépendent et qu’ils ne veulent pas trahir, mélangée à ce qu’ils ont vécu », explique Michel Dubec, expert psychiatre. Une vérité qui n’est pas forcément la vérité judiciaire.

    L’autre échec d’Outreau est d’avoir transformé des enfants victimes de viols en petits menteurs, qui ont grandi avec l’idée qu’ils étaient fautifs. « On ne le répétera jamais assez », insiste Jean-Pierre Rosenczveig : à Outreau, « ce sont les adultes qui ont été défaillants ». Les quatre abuseurs, évidemment. Mais aussi les experts, les policiers, les magistrats… « Tous ceux qui représentent la loi auprès des enfants. »

    Avec le procès dit Outreau 3 qui est en cours, une difficulté supplémentaire s’ajoute aux 37 tomes du dossier : les enfants sont désormais adultes. « Or, nous, nos souvenirs évoluent. Nous pouvons par exemple relativiser la privation de chocolat en grandissant, conclut M. Dubec. Mais avec une fixation sociale et judiciaire telle sur les enfants d’Outreau, les souvenirs deviennent figés. » La douleur, elle, reste. Mais la justice n’est pas un pansement sur la souffrance : c’est à l’autre pan de la protection de l’enfance de s’en charger. « Un procès n’est pas thérapeutique. On a laissé des victimes sur le carreau en leur faisant miroiter cela », soupire Catherine Sultan. Les frères Delay en témoignent encore.

    Pour lire l’article, cliquez sur le logo du Monde

    Lire aussi : Outreau : « J’ai le souvenir d’avoir été violé »

Lucie Soullier
Journaliste au Monde
Suivre Aller sur la page de ce journaliste
Suivre ce journaliste sur twitter

Le procès Outreau

Édition abonnés Contenu exclusif

Outreau – Procès de Rennes – Mardi 2 juin 2015 – Audition de Daniel Legrand & autres acquittés – Tweets de la salle d’audience

L’audience va reprendre avec les questions des parties civiles, avocat général et défense à l’accusé Daniel Legrand.

L’audience va reprendre avec l’interrogatoire de Daniel Legrand. Les autres acquittés devraient être entendus ensuite

Avant les questions à Daniel Legrand, le président fait un point sur l’organisation du planning d’audience.

L’audience a repris. Le président précise que l’ex-procureur général de Douai, de Baynast, qui a refusé de témoigner, ne devrait pas être entendu

C’est de Baynast qui a décidé d’audiencer le procès de Daniel Legrand, à la demande d’Innocence en danger

Demain, nous entendrons les experts de personnalité de Daniel Legrand et Emeline Delay (fille aînée de Thierry).

Emeline Delay, la fille d’un premier mariage de Thierry Delay, sera entendue demain matin. Elle ne l’a jamais accusé de viols

Le président aurait souhaité que les plaidoiries commencent demain: il y en a 5 pour la partie civile, 6 pour la défense

Les parties préfèrent commencer le jeudi, au risque de décaler les délibérations pour le verdict

Daniel Legrand

Daniel Legrand s’avance à la barre. Il est interrogé par Me Reviron (partie civile) sur les conditions de sa garde à vue

Me Reviron débute les questions des parties civiles à Daniel Legrand.

– Me Reviron : comment s’est passé votre garde à vue ?
– Daniel Legrand : ils ont mis la pression sur moi et sur mon père.

Daniel Legrand : « je criais que j’étais innocent, je donnais des coups de pieds. C’est là qu’un policier m’a mis une gifle. »

Il revient sur la confrontation avec le taxi Pierre Martel, qui l’avait reconnu

Daniel Legrand : « Monsieur Martel il croyait m’avoir pris dans son taxi alors que je le connais pas ! »

Le taxi Martel avait dit l’avoir pris « pas plus de 3 fois, toujours à la Tour du Renard, accompagné des gens de la Tour du Renard »

A plusieurs reprises ensuite, le taxi Martel s’est rétracté sur ces déclas concernant Daniel Legrand, il sera entendu cet après-midi

Me Reviron : « en confrontation, vous dites que vous prenez rarement le taxi … »


Me Reviron : « … et vous avez écrit un livre où vous dites que vous ne le prenez jamais. Alors c’est quoi ? »


Daniel Legrand : « j’ai peut-être écrit jamais parce que c’était vraiment rare. »

Daniel Legrand revient sur sa 1ère audition par le juge Burgaud. « Il m’a dit « vous avez rien à dire, c’est quatre ans de prison. »


D. Legrand : « je quitte le bureau et le juge dit : « Monsieur, réfléchissez bien ». Je suis parti avec cette phrase là en prison »

Me Reviron s’étonne que Daniel Legrand n’ait pas d’abord été entendu seul par le juge.


Après sa GAV, Daniel Legrand est précipité en confrontation avec Badaoui, Grenon et Delplanque


Legrand : « En confrontation, je me suis dit, ils vont dire la vérité, je vais être libéré. » Ils l’accusent et il repart en prison

Daniel Legrand raconte qu’on lui passe un article sous la porte de sa cellule. « C’est là que je découvre de quoi on est accusés »


– Me Reviron : « dans cet article, il y a des choses fausses »
– Daniel Legrand : « ben oui, les accusations contre moi déjà. »


Me Reviron : « est-ce que vous avez un codétenu qui vous a conseillé pour faire des aveux ? »

Me Reviron : « Est ce que vous avez un codétenu qui vous a conseillé pour faire des aveux ? » (c’est que Legrand a dit x fois)

Legrand : « je suis rentré le soir de confrontation, à mon codétenu, je dis ‘ils ont confirmé, je comprends plus rien »


Daniel Legrand : « mon codétenu me disait : « va dans le sens de la justice parce que là, t’es parti pour 20 ans » »

Legrand : « Il m’a dit : ‘va dans le sens de la justice parce que sinon t’es parti pour 20 ans' »

Me Reviron a lu attentivement le livre de Daniel Legrand et son père. Il le cite fréquemment dans ses questions à l’accusé.

Reviron sur le PV dans lequel Legrand parle du meurtre d’une fillette : « Il y a 50 lignes de réponse »

C’est « 50 lignes de mensonge », reprend Legrand

Me Reviron : « Quand vous faites des aveux, pourquoi vous mettez en cause des gens qui n’ont rien fait ? »

Me Reviron : « vous reprochez à Myriam Badaoui de vous accuser à tort, pourquoi vous vous mettez à faire la même chose ? »


Daniel Legrand : « j’avais pas de bons conseils, j’étais perdu dans ma tête. »

Me Reviron est troublé par certains détails donnés par Legrand dans ses aveux qui correspondent à des déclarations d’enfants.

Legrand : « Le juge m’a présenté un album photo, il mettait les doigts sur les photos alors moi je disais oui, peut-être… »

Me Reviron insiste sur un article du Nouveau Détective qui aurait inspiré Legrand en prison pour faire ses aveux

Il y est fait mention de cassettes pédopornographiques filmées au domicile des Delay (ça n’a jamais été le cas)

Me Reviron : « Pourquoi n’avoir pas demandé que ces cassettes soient visionnées pour prouver que vous n’étiez pas dessus ? »


Me Reviron : si vous pensez qu’il y a des vidéos, pourquoi vous dites pas au juge « vous verrez que je ne suis pas dessus » ?

Daniel Legrand : « j’y ai pas pensé, mais sinon ouais ça aurait été une bonne solution. »

Legrand : « Dans l’état ou j’étais, j’étais tellement fracassé, j’y ai pas pensé, ouais sinon cela aurait été une bonne solution! »


Me Reviron : comment est-ce que, en voyant Jean-Marc Couvelard [handicapé], vous pouvez dire qu’il était violent ?


– Me Reviron revient sur les détails crus de la déposition des aveux de Legrand. « ça vous l’inventez ? »
– « Oui »

Daniel Legrand : « sur la photo, il avait une tête … euh … alors je me suis imaginé. J’ai donné des descriptions imaginaires »

Legrand avait décrit Couvelard, un handicapé mis hors de cause dans le dossier, comme quelqu’un d' »agressif, violent et pas normal ».


Daniel Legrand : « J’ai fait une description imaginaire »

Daniel Legrand sur ses accusations : « je désignais au hasard. »


Me Reviron à la défense : « si mes questions vous paraissent stupides, vous avez tout à fait le droit, mais laissez-moi les poser. »

– Me Reviron : « c’est compliqué d’avouer … »
– Daniel Legrand : « surtout quand on n’a rien fait. »


Daniel Legrand : « je savais plus quoi inventer alors je disais « comme Myriam elle dit ». »

Daniel Legrand : « Quand j’ai menti, je faisais en sorte de bien mentir. »

Legrand aux questions de Me Reviron sur les détails dans ses aveux : « Quand j’ai menti je faisais en sorte de bien mentir »


Legrand disait aussi beaucoup « Comme elle disait Myriam »

Le président lit le PV d’audition de Daniel Legrand lors de ses aveux sur le meurtre d’une fillette.

Le président lit le PV d’audition de Legrand quand il raconte le prétendu meurtre d’une fillette chez les Delay


Il affirme alors qu’elle avait « la peau bronzée, un pyjama bleu ciel » et qu’elle a été tuée par des coups de Thierry Delay.


Ce volet de l’affaire a fait l’objet d’un non lieu en 2007

Le même jour M Badaoui est entendue par le juge. Il lui lit la lettre de Daniel Legrand sur le meurtre. Elle confirme.


Le président lit maintenant la déposition de Badaoui sur ce même meurtre. Le juge lui avait lu la lettre de Legrand sur le sujet avant


Point présence : aujourd’hui, aucun des fils Delay n’est présent à l’audience.


Myriam Badaoui donne à son tour des détails (extrêmement sordides) sur le meurtre d’une fillette.

Dans la version de Badaoui, un luxe de détails gores…

Me Reviron pointe les éléments « similaires » entre la déposition de Legrand et Badaoui sur le meurtre de cette fillette

Me Reviron : »vous situez la scène dans le salon, Myriam Badaoui aussi. »


Me Reviron : »vous dites qu’elle saignait du nez. Myriam Badaoui dit qu’elle crachait du sang ».

Legrand parle d’un « pyjama bleu », Badaoui d’un « jogging bleu », tous deux disent qu’elle a la peau bronzée


Mais Legrand parle de baskets blanches et Badaoui de chaussures rouges


Les avocats de la défense soulignent : la déclaration de D. Legrand sur le meurtre était au dossier, auquel M. Badaoui avait accès

Me Reviron : « comment on peut imaginer que dénoncer un crime et penser que Myriam Badaoui allait dire que c’est pas vrai … »

– Me Reviron : « … pouvait vous servir. La logique dans tout ça ? »
– Daniel Legrand : « je pensais qu’elle avait me disculper »

Me Reviron ne comprend pas la logique de Legrand qui a expliqué avoir inventé ce meurtre pour piéger Badaoui… 1/2


… « et qu’elle avoue avoir menti sur tout » 2/2

Daniel Legrand: « je voulais faire craquer Myriam Badaoui en inventant des énormités, comme le meurtre d’une petite fille. »

Daniel Legrand : « Noël approchait, je voulais être libre. J’ai dit n’importe quoi, et accusé sans le savoir moi aussi des innocents. »


La défense reproche à Me Reviron de poser des questions sur le meurtre de la fillette. Daniel Legrand ne comparaît pas pour ça.

La défense s’insurge sur le fait que la partie adverse revienne sur cette affaire de meurtre, dont la cour n’est pas saisie…

… et qui a fait l’objet d’un non lieu en 2007. « Cette petite fille n’est pas morte, c’est honteux ! » lance Me Delarue

Le ton monte entre défense et parties civiles. Me Julien Delarue à Me Reviron : « je ne peux pas vous décontaminer. »

Me Forster dénonce une « volonté délibérée de censure de la part de mes confrères. »

La PJ de Lille avait dit à l’époque : « soit le meurtre existe et l’affaire tient, soit il n’existe pas et l’affaire s’effondre »


Le président rappelle que Daniel Legrand est accusé de viols et agressions sexuelles sur les quatre enfants Delay. Rien d’autre.

Confronté à Wiel, Legrand commence à se rétracter et ne suit pas Badaoui/Delplanque/Grenon.Il l’innocente. « J’pouvais plus mentir »


Idem ensuite pour Martel, Godard…


Me Reviron : « à un moment vous revenez sur ce que vous avez dit et pourtant vous continuer à accuser Thierry Delay qui, lui, nie »

Legrand acquiesce en revanche pour Thierry Delay. Pourquoi ? demande Me Reviron


Daniel Legrand : « c’est simple, parce que j’avais compris que c’était le mari de Myriam Badaoui alors moi j’avais des préjugés. »


Legrand : « J’avais compris que c’était le mari de Myriam Badaoui alors j’avais des préjugés. »

Les avocats de Daniel Legrand quittent un à un la salle, énervés par les questions des parties civiles. Julien Delarue tient la barre

Me Reviron s’énerve : « Franchement, tout le monde dit que c’est admirable votre raisonnement (de l’époque). Pas moi! »


Me Reviron : »donc vous êtes totalement insensible à ses protestations à lui. Vous êtes accusé à tort et ça ne vous fait rien ? »


Daniel Legrand ne comprend pas où Me Reviron veut en venir : « c’est quoi votre question ? »

Le président s’enquiert : « Me Reviron, vous avez d’autres questions parce qu’il y a encore tous vos confrères… »

Me Reviron : « quand votre sœur vient vous voir en janvier, vous lui dites quoi ? »


Daniel Legrand : « je lui ai dit : « Peggy, fais pas attention à tout ce que j’ai dit, j’ai tout inventé ». »

Quand sa sœur Peggy vient le voir en prison, Legrand lui dit : « J’ai tout inventé c’est faux je suis innocent »Il se rétracte en février 2002


Me Reviron explique à Daniel Legrand que son appel de refus de remise en liberté n’ayant pas été audiencé …


Me Reviron : « … vous auriez du être libéré le 2 août 2002 ». Daniel Legrand a été libéré pendant le procès de Saint-Omer en 2004.

Me Reviron : « vous avez dit à l’expert psychiatre que vous avez eu vos premiers rapports sexuels à 19-20 ans. C’est vrai ? »

Me Reviron : Vous avez vu un psy avant cette audience : vous avez dit que vous aviez eu vos 1eres relations sexuelles entre 19 et 20 ans. C’est vrai ?

Legrand : « Non,j’avais un peu honte de dire que j’avais eu des rapports seulement à 25 ans. j’étais un peu gêné, cela paraissait bête »

Daniel Legrand : « J’avais un peu honte de dire que j’ai eu des rapports à 25 ans alors j’ai dit 19-20 ans pour pas faire le bête »

Me Cormier : « pourquoi vous appeliez Myriam Badaoui et Thierry Delay par leurs prénoms ? »


Daniel Legrand : « je donnais leurs prénoms pour faire intime alors que je les connaissais pas. »


Daniel Legrand : « je voulais donner de la véracité à mes mensonges. »

Seul Chérif est dans la salle ce matin. Il est arrivé en cours d’audience. Jonathan et Dimitri sont absents


Me Moneris : c’était quoi une journée type de Daniel Legrand fils vers 16-18 ans ?

Daniel Legrand : le foot, la course à pied. Le week-end, il m’est arrivé de sortir en boîte. Le samedi, j’avais match avec le club.


Me Monerris demande à Legrand pqurquoi dans ses interrogatoires, il n’a jamais essayé de donner des « alibis »

Le président intervient : « il n’y a aucun jour précis d’accusation, pas de date précise ». C’est bien là tout le problème concernant Legrand

Le président : « il n’y a pas de date précise, comment voulez vous vous défendre en disant « à telle date, j’étais là » ? »


La réponse de Me Monerris résume bien ce 3e procès : « Nous faisons avec ce que nous avons ! »


Daniel Legrand : « pendant la confrontation, mon avocat n’a posé qu’une seule question. Je me sentais sans défense. »


Me Guérin : « vous avez entendu que devenir footballeur professionnel était aussi le rêve de Cherif Delay ? Le même rêve que vous »


Daniel Legrand : « ben il y en a beaucoup des gens qui veulent devenir footballeur. C’est le rêve de beaucoup de gosses. »


– Le président à Me Guérin : « quelle est la question ? »
– Daniel Legrand : « vous voulez que je vous raconte mes matches ? »


Me Guérin : « que pensez-vous des similitudes avec les enfants Delay : le rêve de devenir footballeur, le fait d’être fracassé ? »


Me Guerin pointe des « similitudes » entre les enfants Delay et Legrand. ça se résume au foot et au fait qu’ils soient fracassés


Daniel Legrand : « ben le hasard »


Legrand, circonspect : des « similitudes, vous avez pas un autre terme ? » « Des points communs ? » « C’est un hasard. »


Daniel Legrand au sujet des enfants Delay : « je peux comprendre leur souffrance. Je suis pas indifférent. »

Legrand : « je peux comprendre leur souffrance, je suis pas indifférent mais qu’ils mettent pas des innocents en cause, je les connais même pas ! »


Le président s’agace des questions (pour le moins incongrues) de l’avocate de l’association Enfance majuscule.

L’association Enfance Majuscule s’est bien décrédibilisée en se constituant partie civile contre un mineur.

Le président à Me Guérin : « vous interrogez Daniel Legrand sur les propos d’un avocat qui n’est pas son conseil ? »

Legrand avait croisé Badaoui lors d’une sortie de prison sans savoir que c’était elle: « Elle faisait une sale tête, elle avait l’air méchante »

Daniel Legrand au sujet de Myriam Badaoui : « elle avait une sale tête, elle avait l’air méchant ».


Legrand à Me Guerin sur ses mensonges pendent l’affaire : « Si j’avais pas menti, peut-être que je serai encore en prison ! »

Place aux questions de Me Forster à Daniel Legrand.


– Me Forster : en 1998 aviez vous un sac de sport ?
– Daniel Legrand : quand je jouais à Wimereux, mon sac de sport était vert


C’est au tour de Me Forster. Il lui demande s’il se souvient de la couleur de son sac de sport au moment de la Coupe du monde 1998


Legrand : « Vert avec un logo de sport ». Dimitri a dit la veille l’avoir vu avec « un sac rouge avec un oiseau dessus ».


Chérif quitte la salle d’audience mais Jonathan, lui, est arrivé.

Me Forster lit le rapport de l’expert-psy devant lequel Legrand avait réitéré ses aveux.

Me Forster lit les aveux de Daniel Legrand : « j’ai violé des enfants. C’est arrivé chez Delay, chez Myriam et Thierry. »


Legrand disait notamment : « on m’a proposé de faire ça pour de l’argent. Je touchais 300 francs et souvent j’avais du shit avec. »

Daniel Legrand : « on m’a proposé de faire ça pour de l’argent. Je touchais 300 francs et souvent j’avais du shit avec. »

« Je me suis accusé devant l’expert mais donner autant d’inventions ça me parait énorme », dit aujourd’hui Legrand

Mais c’est parce que je m’étais pas encore rétracté devant le juge », ajoute-t-il.

Le président à Me Forster : « attendez, vous parlez comme à quelqu’un qui manie facilement tous les actes de l’instruction. »

Le président traduit donc la question de Me Forster à Daniel Legrand.

L’audience est suspendue un quart d’heure avant les questions de la défense

Fin des questions des parties civiles à Daniel Legrand. L’audience est suspendue 1/4 d’heure avant celles de l’avocat général.

Photo published for Procès d'Outreau: Dimitri réaffirme ses accusations contre Daniel...

L’audience reprend avec les questions de l’avocat général à Daniel Legrand.

L’audience reprend avec les questions de l’avocat général à Daniel Legrand

L’avocat général précise qu’il a « très peu de questions ».


L’av général l’interroge sur l’attitude du juge Burgaud après ses rétractations.


Legrand mime le juge à la barre, « les mains dans les poches » et « il a fait tune sale tête, il m’a regardé méchamment. »


– Avocat général : vous n’avez jamais été confronté à Sandrine Lavier, Odile et Alain Marécaux ? – Daniel Legrand : non


Avocat général : le même jour, vous apprenez le rejet de votre remise en liberté et vous écrivez cette lettre sur le meurtre.


Avocat général : « la lettre c’est avant ou après ? »


Daniel Legrand : « j’étais révolté que ma demande de remise en liberté a été rejetée alors j’ai écrit la lettre. J’avais la rage. »

Place aux questions de la défense à Daniel Legrand.


C’est maintenant au tour des questions de la défense. Me Hugues Vigier commence.

Daniel Legrand : « quand j’ai entendu les enfants Delay qui mettent en cause mon père. Ça m’a fait mal au cœur, salir sa mémoire … »


Legrand : « quand j’ai entendu les enfants Delay qui mettent en cause mon père ça m’a fait mal au coeur, qu’ils salissent sa mémoire. »

Legrand sur l’enquête : « Y’avait plus de décharges que de charges ! C’était de l’acharnement ! »

Son père aurait été gérant d’un sex-shop ? « C’est de la connerie! ». Il aurait été propriétaire d’une ferme en Belgique ? « C’est  n’importe quoi! »

– Me Vigier : « comment sera votre vie après ? »
– Daniel Legrand : « j’en sais rien. Je me raccroche à mon fils. »
Il pleure.

– Me Vigier : « Comment voyez-vous l’avenir aujourd’hui ? »
– Legrand: »J’arrive pas à me projeter vers l’avenir tellement je suis détruit. »


Legrand : « Mais quand je vois mon fils ça me remonte le moral, quand je vois mon bonhomme ça me redonne de l’espoir, je me raccroche à lui »

L’audience est suspendue, elle reprend à 14 heures, avec notamment l’audition des acquittés

Fin de l’interrogatoire de Daniel Legrand. L’audience est suspendue jusqu’à 14 heures.