Le procès de Daniel Legrand au terme de la deuxième semaine par Jacques Cuvillier

logovjlundi 1er juin 2015
Au terme de la deuxième semaine du procès Daniel Legrand, les personnes qui, à Rennes, suivent avec attention les audiences du procès sont d’abord frappées par le comportement des journalistes et la manière dont ils recherchent leurs cibles. Les articles et reportages sont à l’avenant. À les suivre, tout semble déjà plié. Apparemment, ils le savent.
Les temps forts du procès – très importants pour la partie civile – ont été concentrés dans les premiers jours d’audience, quels effets en restera-t-il à la fin après le défilé des témoignages qui laissent au second plan les victimes dont le temps de parole semble bien réduit comparé à ce qui est réservé aux témoins de la défense ?
Je livre ci-dessous les points qui ont retenu mon attention et qui viennent compléter tout ce que le lecteur peut lire dans une presse qui ne dit pas tout. Mais aussi sur les sites qui restituent intégralement la prise de notes [1]

Mardi 26 mai

Mardi matin, l’on espérait entendre Dimitri. Mais il n’était « pas en état », il semble qu’il soit à ce moment revenu à on sentiment premier qui est de ne pas prendre part à « cette mascarade » pour ce qui est du cas des victimes.
C’est la psychologue Hélène Romano, Docteur en psycho-pathologie clinique et auteure de plusieurs ouvrages connus, très au fait de l’état des recherches sur la mémoire traumatique qui vient à la barre et expose quelques notions sur ce qui fait que le cerveau organise la mémoire pour en quelque sorte panser les blessures. Ces notions ne peuvent être ignorées lorsque l’on écoute et que l’on tente de comprendre la manière dont une victime de faits traumatisants expose ses souvenirs. À l’inverse, un récit construit et convaincant de la part de l’enfant aurait été plus probablement un signe de mythomanie.
L’Avocat Général introduit la théorie des « faux souvenirs », terme plus usité dans les prétoires que dans les cabinets de psychologie. Pour la psychologue, même si ce qui subsiste des souvenirs peut parfois amener à certaines confusion : « s’il y a plusieurs agresseurs, le nom qui revient est celui qui a le plus marqué » « l’agresseur féminin peut être rappelé comme un homme » le mot « faux » est impropre.
Puis l’audience prend une tournure inattendue, mais à laquelle les soutiens de la partie civile s’attendaient : du banc des avocats de la défense, les attaques ad hominem à l’encontre de ceux qui soutiennent les victimes, invectives à des personnes se trouvant dans la salle d’audience, comme si le procès n’était pas celui de Daniel Legrand mais le leur. Pour la première fois depuis le début du procès, le ton est monté.
Après la déposition de Laurence Graton, le ton monte encore. Cette personne, bien que peu fortunée a permis à Chérif Delay d’obtenir un billet d’avion pour son retour d’Algérie, l’a hébergé bénévolement à son domicile. Ses frères ont aussi été hébergés chez elle à diverses occasions. Ayant consacré quelque deux années de sa vie à la fratrie, elle est connue pour avoir exprimé sur son blog sa connaissance de l’affaire – non sans une certaine révolte compte tenu des souffrances dont elle était témoin. Elle assure avoir pu détourner Chérif de ses projets de vengeance à l’égard de plusieurs des acquittés.
L’après-midi, Homayra Sellier – Présidente de l’association « Innocence en Danger » était entendue.
Après s’être présentée et avoir donné quelques éléments sur son organisation, elle dénonce la « jurisprudence Outreau » qui pousse selon elle à ce que l’on ne croit plus les enfants victimes.
Elle évoque la situation pitoyable des enfants Delay lorsqu’elle les a rencontrés :
« Il a fallu leur trouver un toit, et ce sont des amis qui hébergent et aident ces enfants »
« le calvaire de ces enfants pendant toutes ces années est quelque chose qui ne peut se raconter »
« je n’ai aucun intérêt autre que d’aider ces enfants à retrouver leur dignité. Ces garçons ont fait preuve d’une immense résilience et d’un immense courage ».
Elle relève que les médias ont jusqu’à une date récente laissé complètement de côté le sort de ces victimes.
Sur le fait que l’on accuse son organisation d’avoir enclenché ce procès, (mais quel pouvoir a une quelconque association en la matière ? ) elle indique avoir simplement posé une question au procureur de Douai et avoir appris ensuite que ce volet serait audiencé. Répondant au Président, elle dit tout ignorer des démarches de FO Magistrats.
L’avocat général en vient au film de Serge Garde « Outreau, l’autre vérité »
H. Sellier confirme que IED sur la base de dons, a bien financé à 70 % la réalisation de ce film.
Je ne détaille pas ici les échanges qui ont eu lieu sur la réalisation de ce film qui dérange. Tout ce qui a été dit à ce propos est non seulement outrancier, mais tout simplement hors sujet. Une fois encore, c’est le procès des parties civiles qui reprend, ce qui démontre en vraie grandeur le phénomène dénoncé par ceux qui, parce qu’ils en font état, sont désignés comme « activistes » ou par d’autres épithètes. Si l’on s’acharne sur ceux qui ont livré au public des aspects authentiques mais méconnus de l’affaire, que dire de « Présumé coupable », un film de fiction celui-là, mais présenté comme une histoire vraie (dans quel dessein ?) lorsqu’il est passé sur France 3, et doit-on faire le procès de tous ceux qui ont écrit – et écrivent encore – des inepties sur l’affaire d’Outreau sans rien connaître du dossier ?
Frank Devulder, enquêteur, expose la façon dont les enfants Dimitri et Jonathan, dans deux voitures différentes, ont reconnu en Belgique les n° 87 et 81 de l’avenue Menenstraat à Zonebeeke Geluveld. Les enquêtes côté belge qui ont fait l’objet semble-t-il de deux commissions rogatoires et portant sur des aller-venues n’ont rien donné. Il faut dire que l’enquête dans sa seconde partie n’a pas été encouragée par les enquêteurs français qui, dans une conversation consignée côté belge (au grand dam des enquêteurs français qui ne l’avait pas prévu), ont pratiquement fait savoir qu’il n’y avait plus rien à chercher : « tout a été inventé ».
Me Reviron, sur la base de cette enquête et des déclarations des enfants et de Myriam Badaoui met en exergue les éléments précis et concordants. Un homme jeune propriétaire des lieux, présence d’un matelas… etc.
Par ailleurs, le dossier dans un P.V. d’audition du 13 novembre 2001 indique bien un bâtiment « loué à Daniel Legrand ». On pourra s’étonner de ne rien entendre d’une investigation qui aurait pu être menée sur la transaction.
L’audition de Thierry Delay se révèle à priori fort décevante du fait d’une mémoire défaillante. On voit apparaître une ligne de défense simple et efficace si toutefois la Cour veut bien se contenter de peu : en dehors de ce qui est formellement acté, notamment les viols des enfants Delay par leurs parents, on constate une mémoire à géométrie variable qui permet d’éviter les questions embarrassantes, et une phrase que l’on entendra dans la suite des dépositions un nombre incalculable de fois : « J’ai menti », « elle a menti », « c’est des mensonges »
Le caméscope, les cassettes adaptées à ce caméscope jamais retrouvées, l’usage du crédit de 25000 euros, la réfection des balcons de l’appartement Delay par l’entreprise de Daniel Legrand, la cour restera sur sa faim. Sur cette dernière question, a-t-on fait parler les archives de l’entreprise et du syndic de l’immeuble ?
Me Reviron attire l’attention sur les enveloppes de deux lettres écrites par Thierry Delay et la manière curieuse dont ont été rédigées les adresses, au trace-lettres (normographe) et avec un stylo différent de celui utilisé par Thierry Delay. Réponse de Thierry Delay : « Les lettres, c’est moi tout seul ».
Il ment pas…
Une réponse à Me Forster – avocat de Chérif – vient mettre un peu de surprise (enfin ) dans ce tableau :
Me Forster : « Tout ce que dit Dimitri est-il faux ? »
T. Delay : « pense pas… Il ment pas… »
Talents cachés
Surprise (et un peu d’amusement) quand Me Delarue donne lecture d’une lettre fort bien tournée, visiblement rédigée par une personne coutumière de la correspondance. C’est une lettre censée être écrite par T. Delay à Myriam Badaoui…
Projection des enregistrements vidéo des auditions de Jonathan et de Chérif
Cette projection a révélé la spontanéité et la précision avec laquelle les jeunes enfants décrivent les faits dans le détail. Ces visionnages qui n’avaient pas été prévus ont été demandés par Me Reviron. Ils se révèlent très importants car ils permettent une approche réelle de ces déclarations – avec tout le pouvoir de conviction qui s’en dégage – ce qui ne peut se comparer à la lecture de passages des cotes du dossier. On entend notamment chérif déclarer à l’officier qui l’interroge « c’est Dimitri qui connaît leurs noms » . Malheureusement, la cassette de Dimitri ne sera pas visionnée, à l’étonnement des observateurs présents.

Mercredi 27 mai

L’audition de Myriam Badaoui était un moment très attendu dans ce procès à en juger par le nombre et l’activité des gens de la presse.
L’arrivée sous protection de l’intéressée (tiens tiens, l’arrivée sous protection du juge Burgaud à Saint-Omer avait provoqué des sarcasmes) son accoutrement surprenant avec une capuche et un voile, les larmes et les reniflements, tout donnait un côté dramatique à la prestation.
On efface tout ou presque
La ligne de défense semble comme coulée dans un moule en granit. « J’avais très peur » (de Thierry Delay) « j’étais sous emprise » « j’ai menti » « je ne veux plus mentir », « j’ai dit n’importe quoi » « ça ne me dit rien »
Burgaud, le joker
Pour tout ce qu’il y a d’embarrassant, c’est le juge Burgaud qui semble résoudre le problème : « plus je disais, plus le juge était content ». À l’écouter parler, on pouvait fort bien imaginer un tête à tête un peu trouble entre un juge et une mythomane propulsée dans ses délires par une personne qui lui donne une l’importance inespérée. Qu’une réponse pose problème, c’est le juge qui l’a suggérée, bien sûr, ou qui lui a fait comprendre que la réponse donnée n’était toujours pas la bonne : « il tapait du poing sur la table ». Sauf que les auditions n’étaient pas en tête à tête. Il y avait aussi le greffier P. Duval, un conseil, Me Deham puis Me Pouille, et Fabrice Burgaud prenait soin de faire noter éventuellement toute entrée ou sortie d’avocat dans son cabinet. Des pressions aient-t-elles pu s’exercer sur sa cliente sans que l’avocat, l’avocate s’en saisisse ?
Une déclaration spontanée était d’ailleurs totalement imprévisibles par le juge, lorsque Myriam Badaoui a repéré dans le couloir une femme, Mme Danger, et qu’elle a désignée comme faisant partie du réseau, et il s’est avéré que cette femme était bien impliquée dans une affaire de nature comparable.
Les silences plus éloquents que les paroles
Il est vraiment curieux de voir que malgré tout ce qui a été entendu des victimes, malgré le visionnage des enregistrements des auditions des enfants, leurs déclarations sont prises avec des pincettes, alors que quand une criminelle – qui déclare avoir énormément menti – se prononce sur la non-implication de Daniel Legrand, la cause semble entendue et les médias en font immédiatement état. Daniel Legrand serait donc déjà – à lire certains titres – « entièrement disculpé ». Elle l’a dit, c’est que c’est vrai.
L’audition a pourtant connu des silences qui ont dû lui sembler longs, tant dans les échanges avec le Président que lors des questions des avocats qui sont revenus sur les points délicats. Myriam Badaoui est à la peine à propos de la Belgique où elle n’est « jamais été ». Mais les déclarations précises de l’époque ne vont pas en ce sens et le président finit par lui signifier que ses « n’importe quoi » montrent quand-même « une certaine cohérence » .
Le Président révèle que l’on a jamais demandé à Dimitri qui était Daniel Legrand dont il parle.
S’adressant à Myriam Badaoui : « Daniel Legrand, c’est vous qui en parlez la première. D’où cela sort ? » et après une description abondamment détaillée tirée des cotes du dossier :« Des phrases construites, des situations, cela ne s’invente pas… »
Moment embarrassé quand, après avoir laissé entendre que cela ne peut venir que du juge, on atteint la limite de ce qui peut être cru.
Sur le meurtre de « la » petite fille La déclaration de Myriam Badaoui s’inscrit totalement dans la ligne de défense connue : « Daniel Legrand m’a tendu un piège ». Or dans les détails de l’interrogatoire figurent des éléments qui ne sont pas dans la lettre de Daniel Legrand. On assiste alors à un nouvel embarras qui se traduit par une déclaration affirmant que cette description s’inspirait de ce qui lui avait été dit.
La déposition d’Aurélie Grenon et celle de Thierry Dausque ne réservent pas de surprises particulières. La stratégie est la même : « je l’ai accusé à tort, » « je regrette d’avoir menti ». « tout est faux » On peut se demander à ce stade si l’audition de tous les témoins prévus peut encore apporter quelque chose.

Jeudi 28 mai

Dans l’audition de Fraçois-Xavier Masson, de la P.J. de Lille, il a été beaucoup question de la piste belge et du meurtre de la fillette. Le schéma souvent entendu qui suggère que l’affaire d’Outreau impliquerait un noyau de quatre personnes auquel des noms seraient ajoutés suite à des affabulations n’est pas l’hypothèse de travail des enquêteurs. Ceux-ci ont fait porter leurs efforts sur huit personnes dénoncées par les enfants et par au moins trois adultes.
A l’inverse du témoignage de l’OPJ J.Y. Boulard, Le policier évoque un dossier dont des éléments « sonnent tout à fait vrai ». Mais comme déjà entendu à l’audience, l’enquête aurait perdu en activité début 2002 à la suite de doutes « A ce moment-là, on ne croit plus à la piste belge, au réseau pédophile et au meurtre ». Note : on peut sans doute faire le lien avec cette conversation téléphonique consignée en conclusion du dossier belge entre un enquêteur belge et l’OPJ J.Y. Boulard qui aurait dit « que tout était inventé ».
On doit aussi regretter que Dimitri n’ait jamais eu à s’expliquer sur le « Dany en Belgique »] dont il avait parlé, ou que l’affaire Rudy L ait été classée alors que les Legrand père et fils étaient mis en cause : « on a peut-être eu tort, mais on n’a pas pris ça vraiment au sérieux ».
La question est aussi de savoir si le meurtre a vraiment été pris au sérieux malgré une enquête officiellement close en 2005. Selon le policier, les deux garçons Delay qui en parlaient ne décrivaient pas le même enfant. (Si meurtre il y a eu, faut-il en conclure qu’ils ne parlent pas du même ?) Toujours est-il que le policier convient avec Me Reviron qui évoque une note d’Interpol faisant état de deux fillettes nées en 1996 et enlevées en Belgique, que ce n’est pas l’absence de cadavre qui établit l’absence de meurtre.

Les dépositions des experts

Marie-Christine Gryson, expert installée en libéral, expose ce qu’est réellement une expertise psychologique, ce qui semble très important pour ceux qui auraient tendance à confondre ces travaux d’analyse avec ceux d’un examen psychologique banal. L’analyse telle qu’elle en parle dans un résumé » comporte plusieurs parties interdépendantes par exemple quand on étudie la cohérence du récit, c’est, au niveau de la psychologie infantile, au niveau de la spécificité du récit de l’enfant, au niveau de la victimologie infantile, au niveau du dossier. L’expert expose en détail la façon dont ses travaux ont été conduits avec les enfants Delay. Il en est ressorti que les enfants ne cherchaient pas à dénoncer telle ou telle personne de manière systématique, mais lorsque des noms apparaissaient, c’était en émergence spontanée, ils revivaient les faits. L’expert fait état des preuves qui invalident les suspicions de partialité qui avaient été produites sur interpellation de Me Berton, avocat de la défense lors du procès de Saint-Omer et qui se sont révélées infondées voir le communiqué de presse qu’elle a fait passer à l’AFP mais qu’aucun média n’a publié, le Président lui fait savoir que la chose est quand-même versée au dossier.
Jean-Luc Viaux de son côté, se montre prudent, plus en retrait. Il semble en quelque sorte faire amende honorable en contredisant son expertise précédente. Il est remercié pour son humilité…

Vendredi 29 mai

Madame Bonaffé a expertisé les enfants en urgence durant le procès. S’écartant de sa seule mission d’expertise psychologique, elle intervient comme un témoin à décharge dans la mesure où elle dit que les enfants ne lui ont jamais parlé de Daniel Legrand « il y avait quand même une palette assez large de noms cités et Monsieur Legrand n’est jamais apparu » Par contre, elle évoque des faits de proxénétisme lorsqu’elle révèle que Dimitri lui a parlé de l’argent que sa mère recevait quand quelqu’un le violait. Elle révèle aussi que Dimitri et Jonathan ont parlé d’autres personnes que leurs parents et que Dylan a même désigné « de manière précise », l’un des acquittés.
Au sujet des victimes, elle s’en prend à ceux qui les soutiennent et qu’elle ne connaît pas. Ne faisant pas état de tout ce qu’ils leur ont apporté, elle leur reprocherait plutôt de gêner leur évolution.
Madame Bonaffé aussi bien que Mr Viaux n’écartent pas la possibilité de « contaminations », ce qui porterait atteinte à la validité de déclaration des enfants. Je garde toutefois à l’esprit que lors de l’instruction, dans les dates successives des auditions, les déclarations des enfants viennent en premier.
Lors des précédents procès, les experts qui avaient travaillé chacun de leur côté avaient déposé sous serment des conclusions qui allaient dans le même sens. Ils n’ont pas fait d’autres expertises qui permettraient de modifier les conclusions qui se dégagent des premiers travaux. Aujourd’hui, seule Madame Gryson assume courageusement la position à laquelle ses travaux l’avaient conduite.
Daniel Legrand confronté à ses aveux
L’audition de l’accusé ne surprend pas dans sa démarche, à laquelle on pouvait s’attendre au vu de toutes les déclarations entendues dans les médias. Elle surprend toutefois par l’audace de sa ligne de défense ( : sa conduite s’expliquerait par le fait que des co-détenus lui auraient conseillé de s’accuser pour « aller dans le sens de la justice » . Inutile de préciser que cette démarche oblige à un certain nombre de concessions sur ce qui découle des interrogatoires. Peu de journalistes ayant accès au dossier se sont exprimés sur la cohérence – que le Président a d’ailleurs relevé lors de l’audition de Myriam Badaoui – entre les « n’importe quoi » dont certains sont fort précis et détaillés. Mais l’oralité des débats qui ne permet que des citations relativement courtes des cotes du dossier fait-elle bien apparaître toutes les contradictions ?
A moins que j’aie loupé quelque chose, je n’ai pas entendu parler des révélations faites par Daniel Legrand au psychologue Michel Emirzé.
Ainsi, Myriam Badaoui a dû deviner qu’il y avait un Legrand Père quadragénaire et un fils du même nom sans les connaître « ni d’Eve ni d’Adam » . Daniel Legrand dit simplement « j’ai pas compris comment elle a pu dire ça » Elle a dû aussi deviner que le fils portait « une longue mèche ». Il ne faut pas insister non plus sur les reconnaissances des enfants sur photo telles qu’elles sont consignées dans le dossier.
Un moment de gêne quand, après cette déclaration : « J ’ai fait la lettre pour l’accabler pour qu’elle retourne en prison, parce qu’elle était coupable », le Président demande : « comment saviez-vous que A. Grenon était coupable ? » Daniel Legrand évoque l’influence des médias, mais qu’en avaient déjà dit les médias à la date de cette déclaration ?
En fait, malgré sa limitation dans le temps pour raisons médicales, l’écoute de Daniel Legrand n’aura pas été sans intérêt. On peut regretter que sa condition de victime, entendue à plusieurs reprises à la barre, et qui aurait pu être actée à sa décharge n’a pas du tout été abordée. Ses avocats estiment peut-être ne pas en avoir besoin.
Le Dr Frédéric Leclerc Médecin de famille des Delay, c’est pour la partie civile un témoin important car il a été mis en cause par plusieurs enfants. Malgré les visites à leur domicile, tous les mois, il n’a pas repéré la vitrine avec les cassettes pornographiques. il n’a jamais soupçonné d’abus sexuels chez les enfants Delay, ni de signes de maltraitance. On sait pourtant que Jonathan a été hospitalisé de nombreuses fois avant ses 1 an. Le Dr Leclerc qui a reconnu accéder à des sites pornographiques a été interrogé sur des images pédopornographiques qu’il était soupçonné détenir. Mais son ordinateur n’a pas été saisi, il n’y a pas eu d’enquête.L’Avocat général, qui aurait pu l’interroger sur le manque de signalements lui demande dans une attitude curieuse s’il était « le médecin d’un réseau pédophile » et s’il était « protégé par la police ».

Dernières informations : On se demande en cette fin de semaine si Dimitri Delay sera entendu. S’il ne l’était pas, on aurait un procès dans lequel l’une des parties civiles ne s’exprimerait pas. L’ordonnancement de l’agenda a regroupé les temps forts des victimes en tout début de procès, alors que celles-ci n’ont pas le sentiment que les derniers témoins cités par la défense interviendront en leur faveur ! Les trois témoins qui seront appelés à la barre tout en fin de parcours sont les experts Pizard, Pourpoint et Van Gysen. Seront-ils les « Bensoussan » de ce procès ?
Conclusion Ce procès était attendu non dans l’espoir de mettre une personne de plus en prison, mais d’assainir ce qui subsiste des procès précédents, ce spectre toxique qui empoisonne les affaires où des victimes d’abus sexuels de toute nature essayent de se faire entendre. Les conclusions qui seront tirées, et la façon dont elles l’auront été seront examinées dans les années qui viennent avec une distance et une objectivité croissante. De leur sagesse et leur bien fondé dépendra la confiance que la justice parviendra à restaurer de la part des victimes de crimes sexuels. Après décantation des passions, nul doute que les rôles respectifs de tous les protagonistes, police, justice, médias, associations, pouvoir politique et groupes d’influence… seront mis en lumière. Espérons qu’elles ne susciteront pas dans l’avenir cette question sans réponse : « comment ont-ils pu …? »
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Outreau – Procès de Rennes – Lundi 1er juin 2015 – Audition de Dimitri Delay – Tweets de la salle d’audience

L’audience va reprendre pour la 3e semaine. Aujourd’hui, on entendra notamment certains acquittés. Probablement dans l’après-midi

 En route vers le procès qui entre dans sa troisième semaine aujourd’hui

Le président interroge les parties civiles sur l’audition de Dimitri. Selon Me Forster, il est prêt à témoigner aujourd’hui.

Dimitri Delay, partie civile comme Jonathan et Chérif, doit être entendu ce lundi

Avant Dimitri, la cour va entendre le premier témoin de la journée: l’ex-épouse d’un médecin mis en cause.

Son audition avait été reportée la semaine dernière en raison de son état psychologique

Dix acquittés de l’affaire doivent par ailleurs défiler à la barre aujourd’hui et demain

Sur les 13 acquittés du dossier, deux sont morts depuis, Christian Godard et Daniel Legrand père

Catherine Lepers

Avant Dimitri, la cour va entendre le premier témoin de la journée : l’ex-épouse d’un médecin mis en cause.

L’audience a repris avec l’audition de l’ex-épouse d’un médecin, placée en GAV en mars 2002 après des accusations de Dimitri Delay

Catherine, ex-épouse du médecin a été placée en garde à vue en mars 2002, suite à des accusations de Dimitri Delay.

Cette femme avait été accusée par les trois enfants Delay.

Elle fait partie de ceux que la défense avait nommés à l’époque les « innocents chanceux »

Catherine : « lorsque j’ai été mise en garde à vue, on m’a lu les accusations. »

Catherine : « dans les accusations, on parlait de moi en disant que j’allais chez leurs parents en étant enceinte. »

Catherine : « j’étais enceinte de jumeaux en 1995 et 1996. J’habitais à Lille, à 120 kilomètres de Boulogne-sur-mer. »

Catherine : « à l’époque, Outreau, je ne connaissais même pas le nom, je n’avais aucune attache là-bas. »

Puis Catherine, s’installe à Samer : « en 2000, ma fille aînée était en CE1, dans la même classe que Dimitri Delay. »

Catherine : « ça ne s’est pas très bien passé avec Dimitri. Elle a été bousculée, il la harcelait, il l’attrapait. »

Catherine : « Deux jours après la garde à vue, Dimitri est venu dire à ma fille « t’as vu ce que j’ai fait à ta mère ? » »

Catherine rappelle qu’à l’époque des faits dénoncés elle était « blonde et frisée ». Et non pas « châtain avec les cheveux raides ».

Catherine explique qu’elle connaissait les Marécaux : « nos enfants avaient les mêmes activités »

– Le président : Êtes-vous allée à Outreau entre 1998 et 2000 ?
– Catherine : Non

Président : « Comment avez-vous vécu les années qui ont suivi ces accusations ? »

Catherine : « c’est difficile parce qu’on se pose beaucoup de questions de savoir comment on est arrivé dans ce dossier. »

Catherine : « mes enfants ont aussi été interrogés sur les faits qui m’étaient reprochés. »

Le président interroge Cherif Delay sur le fait qu’il a désigné Mme Lepers comme une de ses agresseurs.

Chérif Delay : « c’est faux, monsieur le Président. »

– Le président : « pourquoi avez-vous mis en cause cette femme, vous vous en souvenez ? »
– Chérif : « non »

Président : « vous vous rendez compte de l’impact que de telles accusations peuvent avoir ? »

Chérif : « je suis désolé, je vous demande pardon. Maintenant que j’ai grandi, je sais le bien et le mal. »

– Chérif : « je ne connais pas cette femme monsieur le président. »
– Catherine : « ça me touche beaucoup »

Interrogé par le président, Chérif a retiré ses accusations de l’époque et s’est excusé auprès d’elle.

Le président demande maintenant à Dimitri de se lever. C’est la première fois qu’on l’entend dans ce procès.

– Président : Vous connaissez Mme ?
– Dimitri : oui, je ne reviendrai pas sur mes accusations
– Elle vous a agressé ?
– Oui

Catherine : « Après ma garde à vue, Dimitri est venu se vanter à ma fille de ce que j’avais subi : l’arrestation par la police etc. »

Dimitri, en revanche, présent dans la salle, a affirmé « je maintiens toutes mes accusations »

Fin de l’audition de Catherine. La cour va entendre maintenant son ex-mari, Stéphane, médecin.

Dr Stéphane Lepers

L’ex-mari de la témoin est à la barre. Il avait lui aussi été accusé par les enfants Delay mais pas placé en GAV

Stéphane : « j’ai pas grand-chose à dire. Je ne sais pas ce que je fais ici, je pensais que c’était terminé. »

Stéphane : « je ne sais toujours pas pourquoi je me retrouve impliqué dans cette affaire. »

Stéphane explique qu’il entend parler de l’affaire par la « rumeur ».

Stéphane : « on disait qu’un médecin hospitalier était impliqué. J’étais le seul médecin hospitalier du village. »

Stéphane : « ça a été une épreuve, beaucoup plus pour ma femme que pour moi. Elle a été mise en garde à vue, moi pas. »

Alors que Stéphane répond aux questions, Chérif et Dimitri ont quitté la salle d’audience.

Le président demande à leurs avocat d’aller les chercher pour pouvoir les confronter au témoin.

Chérif revient dans la salle.

– Le président : « connaissez-vous cette
– Chérif : « Non monsieur, ça ne me dit rien. »

Dimitri revient à son tour dans la salle.
– Président : est-ce que vous connaissez cette personne ?
– Dimitri : oui

– Président : est-ce que cette personne fait partie qui vous ont agressé ?
– Dimitri : pour moi, oui.

Chérif l’innocente lui aussi, affirmant ne pas le connaître, à l’inverse de Dimitri, qui maintient ses accusations

Stéphane : « je voudrais dire quelque chose à Dimitri. Je suis complètement désolé des horreurs qu’il a subi. »

Le médecin à Dimitri : « Je suis désolé de tout ce qui tu as subi mais tu ne vas pas retirer ce drame avec ces accusations là »

Stéphane : « mais ni moi ni ma femme n’avons participé à ces actes. Tu n’as pas à réparer ce drame avec ces accusations là. »

Fin de l’audition de Stéphane. Le président souhaite maintenant entendre Dimitri.

C’est au tour de Dimitri d’être entendu à la barre.

Dimitri Delay

Dimitri : « je suis pas là pour justifier des détails, je suis là pour le procès. »

Comme Jonathan, Dimitri prévient qu’il ne répondra pas aux questions sur les acquittés de l’affaire

Dimitri : « Je suis arrivé à l’âge de 7 ans et demie à Samer. Ça m’a fait un choc en arrivant là-bas. »

– Le psdt : Daniel Legrand a-t-il commis des agressions sexuelles, des abus sexuels sur vous ?
– Dimitri : « Oui »

Dimitri : « il y a des choses que j’avais jamais vues : la notion d’une famille, savoir ce qu’est l’hygiène, la tenue »

– Président : « Daniel Legrand a-t-il commis des abus sexuels sur vous? »
– Dimitri : « Oui, il a commis. »

– Le psdt : Daniel Legrand a-t-il commis des agressions sexuelles, des abus sexuels sur vous ?
– Dimitri : « Oui »

Dimitri : « je me rappelle de son visage. Si je me rappelais pas de sa tête, je m’amuserai pas à l’accuser. »

– Président : « vous voyez d’autres visages en même temps que Daniel Legrand ? »
– Dimitri : « Oui. »

Dimitri : « peu importe ce qu’il a pu faire, moi je le sais. Après s’il a pu être manipulé, je ne suis pas dans sa tête. »

Les souvenirs de Dimitri concernant Daniel Legrand sont aussi imprécis que ceux de Jonathan et Dimitri

Il affirme que l’accusé l’a violé lui et Jonathan chez leurs parents à la Tour du Renard à

Il n’a pas de souvenir, en revanche, d’actes censés avoir été commis par Legrand sur Chérif et Dylan

– Le président : « Vous voyez d’autres visages ?
– Dimitri : Oui, certains acquittés que je ne citerai pas. »

Le président interroge Dimitri sur tous les noms qui figurent sur la liste qu’il a dressée de ses agresseurs.

– Le président : « Est-ce que vous voyez le visage de son père (Daniel Legrand père) ?
– Oui. »

Le président égrène les noms de la 1ere liste établie à l’époque par Dimitri : « Francis, Julien, Marc, Frédérique, Anthony, Mathieu… »

Dimitri se souvient des noms des acquittés, mais il ne se souvient d’aucune des autres personnes qu’il a désignées à l’époque.

– Président : « vous vous souvenez d’une jeune femme que vous avez désignée à l’époque comme étant Karine ? »
– Dimitri : « Oui »

– Le président : à l’époque, vous aviez dit de Karine « elle ne m’a jamais fait de manières ».
– Dimitri : d’après mes souvenirs, si.

– Président : « vous vous souvenez de cette liste que vous aviez faite ? »
– Dimitri : « c’étaient des noms, vaguement. »

– Le président : « est-ce que ce sont des agresseurs ? »
– Dimitri : « je ne ne peux pas vous dire monsieur »

Dimitri n’a « plus souvenir », ne peut « pas poser un visage » sur ces prénoms là

Quant à Emeline, la première fille de Thierry Delay, d’un autre mariage, il ne peut rien en dire non plus

Dimitri avait dit qu’il ne répondrait pas sur les acquittés mais il vient de mettre en cause l’un d’entre eux

Dimitri est à l’origine du nom « Dany legrand » en Belgique noté par son assistante familiale sur une feuille

Dimitri : « C’est pas ma famille d’accueil qui m’a soufflé les noms ou qui m’a poussé à dénoncer. »

– Le président : « Pour vous, ce ‘Dany legrand’, c’est qui ? »
– Dimitri : « C’est l’accusé. »

– Le président : « Dany Legrand en Belgique, ça veut dire quoi ?  »
– Dimitri : « l’accusé derrière moi est bien la personne impliquée. »

– Le président : « Pourquoi l’associer à la Belgique ? »
– Dimitri : « Parce que c’est là que je l’ai vu la 2e fois »

Pour Dimitri, « Dany », c’était « un surnom »

Dimitri s’agace : « depuis deux semaines, il y a eu des personnes qui passent qui ont eu la possibilité de ne pas se souvenir … »

Dimitri : « … c’est pas pour autant qu’on en fait tout un fromage. »

Les faits dont il se souvient en Belgique se seraient déroulés « dans une bâtie (une ferme), près d’un parc d’attraction. »

La ferme, le parc d’attraction… C’est ce qu’avait dit au juge Myriam Badaoui à l’époque

Le président lit un PV d’audition de Dimitri où il évoque une virée au cimetière avec son père

Le président relit les PV d’audition de Dimitri. Il évoque alors les pillages de tombes de Thierry Delay pour sa collection.

« Il démontait les tombes et récupérait des ossements pour nous faire peur », confirme Dimitri aujourd’hui

A l’époque, Dimitri enfant avait dit « Il nous faisait des manières avec des os. »

Dimitri évoque « une vingtaine d’agresseurs » et « des enfants » victimes.

Dimitri : « Si vous voulez savoir si les personnes qui ont été acquittées étaient tous là, la réponse est non »

Dimitri : »Je pense que pas que c’était qu’une affaire de région, je pense pas que ça s’est fait qu’à  »

Dimitri au sujet de Daniel Legrand : « le plus qui est amené à en parler c’est mon petit frère Jonathan. »

– Le président : « ça pouvait impliquer combien de personnes en même temps ? »
– Dimitri : Une vingtaine. Le réseau, il n’était pas qu’à

Dimitri : « un petit bébé a été enfermé dans un placard. Il a du se prendre des coups parce qu’il est enfermé dans un sac. »

– Le président : « c’est un bébé, pas une petite fille ? »
– Dimitri : un bébé
– Vous étiez là aussi pour la petite fille ?
– Oui

Le président : « mais devant le juge d’instruction, vous avez dit être là pour le bébé, mais pas pour la petite fille. »

Dimitri : « c’est possible, si. J’ai un souvenir de jouer avec une petite et on faisait une cabane dans la chambre. »

Dimitri : « après, on appelle la fille et je sais plus. Ça me suit dans mes cauchemars. J’ai des souvenirs de cris. »

Dimitri : si j’ai des visages [dans la tête], c’est pas des visages inventifs. J’ai pas été dans une autre planète pour les sortir

Dimitri : « la première fois que j’ai vu Daniel Legrand c’était chez moi, en présence de son père. »

Dimitri : « La derrière fois que j’ai vu Daniel Legrand c’était chez moi en présence de son père. »

Dimitri sur le fait que Daniel Legrand clame son innocence : « Il serait temps qu’il se remette en question. »

– Le président : « Daniel Legrand affirme qu’il est innocent. »
– Dimitri : « il serait temps de se remettre en question. »

Dimitri : « quand j’entends que tout c’était bien passé il y a 10 ans, il faudrait se remettre la mémoire en circulation »

Dimitri : « peu importe ce que l’on défend, il y a un minimum de respect en avoir. »

Dimitri dit avoir très mal vécu les deux premiers procès.


Quand Dimitri parle de ses parents, il dit « Myriam Badaoui et Thierry Delay ».

Dimitri : « Un enfant qui a une telle pression, je ne vois pas comment il peut s’exprimer autrement que par des bégaiements »

Dimitri sur les adultes qu’il met en cause : « C’est pas des visages inventifs, j’ai pas été dans une autre planète pour les sortir »

Dimitri : « à l’âge de 12 ans, j’ai été retiré de la famille d’accueil. »

Sur une question de Me Forster (partie civile), Dimitri évoque son parcours à partir de 12 ans

Après avoir quitté sa famille d’accueil à 12 ans, il a été jusqu’à 16 ans en foyer en Belgique

Dimitri : le conseil général a préféré nous mettre dans un foyer en Belgique, une structure réputée pour la réinsertion éducative

Il lui arrivait de fuguer du foyer. Dimitri n’en a pas un bon souvenir. « Pour moi, c’était une déchirance ».

Dimitri : « dans ce foyer, il y avait des activités de « chasse à l’homme ». »

Dimitri : « à 23 heures, on devait se cacher dans les bois et quelqu’un vous recherche. »

A la barre, Dimitri raconte sa vie de foyer en foyer, de famille d’accueil à la rue.

Ensuite, Dimitri est placé en « centre éducatif fermé », après avoir été mêlé à une bagarre quand il était dans la rue.

A 16 ans, après une « histoire d’agression » (Dimitri dit avoir pris la défense d’une fille), il est placé dans un centre fermé pour mineurs

Dimitri reste alors deux ans en centre éducatif fermé.

Dimitri au sujet des viols : « au moment où cette situation se passe, on n’a pas la possibilité de penser à quoi que ce soit. »

Dimitri : « quand j’évoque « Dany Legrand », j’évoque essentiellement Daniel Legrand. »

Dimitri : « quand on dit « Dany », c’est un enfant qui parle. Je sais que cette personne était là, je sais ce qu’elle a fait. »

Dimitri à son avocat, Me Forster : « j’ai pas compris du tout le sens de la question. »

Une fois de plus, le président en comprend pas la question de Me Forster…

9 ème jour d’audience. 11h11. C’est l’heure de la question de Me Forster que personne ne comprend.

Le président reformule la question de Me Forster : « est ce que Dany legrand en Belgique et Daniel Legrand dans le box sont les mêmes personnes ?

Dimitri : « Quand j’évoque Dany Legrand je parle de Daniel Legrand, son visage je le connais »

Dimitri : « Dany c’est une expression d’enfant, je sais très bien que je connais cette personne ».

Dans le box, Daniel Legrand secoue la tête, regarde sa famille dans le public en manifestant son incrédulité face à ce qu’il entend

Dimitri situe les faits autour de la Coupe du monde grâce « à un sac de sport avec un oiseau dessus » qu’aurait porté Legrand »

Dimitri affirme que la première fois qu’il a vu Daniel Legrand, c’était « au moment de la coupe du monde » [1998].

Mais il parle de 1997 puis 1998

Me Monneris (partie civile) demande à Dimitri s’il a souvenir, comme ses frères, d’avoir aussi vu Daniel Legrand victime

Dimitri : « J’ai pas le souvenir… je sais que mon père lui mettait la pression parce que c’était filmé »

Selon Dimitri, c’est sa grand-mère qui récupérait les cassettes vidéos de leurs sévices et les rangeait.


Dimitri : « je peux pas vous préciser les détails. Mais je sais que Daniel Legrand était là et je l’ai vu abuser d’enfants »

Dimitri : « une famille d’accueil qui entend un enfant s’exprimer avec des mots qu’il ne devrait pas avoir, elle est sensée écrire »

Daniel Legrand souffle dans le box

Comme pour Jonathan, l’avocat général formule 3 hypothèses à Dimitri

L’avocat général, comme avec Jonathan, explique qu’il y a trois hypothèses.

Avocat général :
1/ « Soit vous dites vrai et Daniel Legrand a commis le pire sur vous »

Avocat général :
2/ « Soit vous dites faux et vous profitez d’une ouverture juridique pour faire condamner Daniel Legrand à tort. »

Avocat général :
3/ « Soit vous dites faux mais vous ne mentez pas, vous vous trompez. »

« Soit vous dites vrai, soit vous dites faux et vous le savez, soit vous dites faux mais vous ne mentez pas, vous êtes de bonne foi. »

Réponse de Dimitri : « Moi j’ai ma vérité je sais ce que j’ai vécu, je ne reviendrai pas sur mes accusations. »

– Avocat général : « est-ce que c’est possible que vous ayez mélangé les choses ? »
– Dimitri : « sur ce que j’ai vécu, non. »

Avocat général : « Daniel Legrand, vous l’avez vu après, à la télévision, au procès, est-ce que c’est possible que ça se mélange ? »

Dimitri : « moi, je sais ce que j’ai vécu, je ne suis pas dans un jeu ici. Moi je ne reviendrai pas sur mes accusations. »

Dimitri : « aujourd’hui, j’ai pas à me justifier de ce que j’ai dit ou ce que j’ai vécu. »

Petit incident après une question de Me Delarue, qui interpelle Chérif sur le fait qu’il ait « menti » au sujet des deux témoins de ce matin

Chérif s’énerve : ‘Je n’ai pas dit que j’avais menti! » Il a dit que ses accusations de l’époque étaient fausses et leur a demandé pardon

« Si vous n’êtes pas capable de vous tenir dans cette audience vous sortez », lance le président à Chérif. L’intéressé sort

L’audience est suspendue quelques minutes. Le président prévient qu’on risque de « finir très très tard ce soir ».

Courte suspension d’audience. Le président précise que cette journée s’annonce très chargée

A la machine a café, Daniel Legrand est « dégoûté » de s’entendre mettre en cause comme ça

Il a envie de « sortir de ses gonds » mais ne veut « pas rentrer dans leur jeu »

Les ont été condamnés pour proxénétisme sur leurs enfants. Qui sont les clients (agresseurs) ?

Georges Huercano-Hidalgo, journaliste belge

L’audience reprend avec l’audition de Georges Huercano-Hidalgo, journaliste belge qui a enquêté sur les Legrand.

L’audience a repris. M. Huercano-Hidalgo est entendu à la barre. Ce journaliste belge a réalisé une contre-enquête sur

Georges Huercano est « directeur des magazines dans une chaîne de télévision, l’équivalent de TF1 chez vous. »

Georges Huercano explique avoir travaillé sur l’affaire Dutroux. Puis « nous avons découvert les premières images de l’affaire d’ « 

Georges Huercano s’intéresse aux « pistes belges » : le meurtre d’une fillette belge, le sexshop à Ostende et la ferme en Belgique.

Georges Huercano recherche donc « une fillette disparue qui parlait une langue étrange, apparemment le néerlandais. »

Georges Huercano : « aucun enfant correspondant à cette description n’avait disparu. »

Georges Huercano : « les trois pistes s’effondrant, je me suis dit : n’est-on pas en train d’assister à une monumentale erreur ? »

Georges Huercano décide alors d’aller rencontrer la famille Legrand.

Georges Huercano : « j’ai déjà rencontré des chefs de réseau de pédophilie, ils ont une grande villa, une belle voiture … »

Georges Huercano : « … là, je tombais dans un monde où l’argent ne coulait pas à flot. »

Georges Huercano : « j’ai aussi découvert que les fiches de paie du père se trouvaient encore dans les tiroirs … »

Georges Huercano : « …fiches de paie qui donnaient les heures d’entrée et de sortie de l’usine … »

Georges Huercano : « …qui ne correspondaient pas aux heures où il aurait commis les sévices sur les enfants ».

Georges Huercano : « Tout ça nous est apparu tellement énorme qu’il nous était difficile de faire la part des choses. »

Georges Huercano : « je ne comprenais pas comment un magistrat ayant eu ces éléments en sa possession continuait à s’obstiner. »

Georges Huercano : « je pense que le rôle des services sociaux était étrange parce que cette famille était suivie depuis longtemps. »

Georges Huercano : « dans l’affaire Dutroux, on arrête entre 15 et 20 personnes au départ pour avoir quatre condamnés à l’arrivée. »

Georges Huercano : « certains magistrats se sont fait une carrière sur ce genre d’affaire. »

Place aux questions de Me Reviron à Georges Huercano : « j’ai demandé à ce que vous soyez là. Vous étiez le 1er sur ma liste »

Me Reviron à Georges Huercao : « vous vous honorez d’avoir fait tomber le volet « notables » de l’affaire Dutroux. »

Georges Huercano : « je ne m’honore pas. J’ai fait mon travail ».

Me Reviron à Georges Huercano au sujet de son livre : « chez nous, on appellerait ça plutôt un pamphlet ».

Georges Huercano : « il y a deux types d’affaires, soit des affaires intrafamiliales qui restent locales. »

Georges Huercano : « ou alors l’affaire devient un commerce et à ce moment-là, elle prend une autre proportion. »

Georges Huercano : « dans cette affaire-ci, certains ont dit qu’il y avait des bus qui venaient à pour emmener des gens »

Le président met en garde : « je vous préviens, je ne veux pas de réactions dans la salle. »

Georges Huercano : « les enfants ont été influencés, d’une part par leur mère, d’autre part par certaines assistantes sociales … »

Georges Huercano :  » … et tout cela a été cautionné par le magistrat ».

Georges Huercano est celui qui a trouvé la piste de « Dany » qui vivait dans l’immeuble des Delay et qui est grand.

Le président reprend Me Reviron, qui s’attarde sur des points du livre du journaliste, dont les jurés n’ont pas connaissance

Le président s’agace : « Là, on est en train de discuter d’un bouquin qui reprend les éléments du dossier alors que nous les avons »

Le président : « on est en train de poser des questions sans aucune chance de parvenir à quelque chose qui nous intéresse. »

Le président : « si ça continue, je vais interrompre les débats. »

Me Reviron à Georges Huercano : « vous demandez à la sœur de Daniel Legrand s’il réitère ses accusations. »

– Me Reviron : on est à la limite du journalisme, là.
– George Huercano : vous trouvez ? Moi j’appelle ça recouper mon information.

– Me Reviron : « On est à la limite du journalisme là ! »
– Le témoin : « Ah oui vous trouvez ? ».

Le public décroche

Pendant sa déposition, le journaliste a fait un parallèle avec l’affaire Dutroux, sur laquelle il a aussi beaucoup travaillé

« Plus de 15 personnes ont été arrêtées dans les premiers temps de l’affaire, des policiers, des avocats », rappelle le journaliste

« Là aussi un homme est mort, un policier, car il ne supportait pas d’être accusé »

« Certains se sont fait une carrière sur ce genre d’affaires. Certains se sont imaginés qu’ils pouvaient jouer les chevaliers blancs »

Fin de l’audition de Georges Huercano. L’audience est suspendue jusqu’à 14h30.
L’audience est suspendue et reprendra à 14h30