L’heure du bain a sonné ! – questionnement sur la mère – sur le blog : Mon enfance meurtrie

15 juillet 2011
A ce jour, je me demande pourquoi elle trouvait cela normal. je veux dire par là, pourquoi elle ne me surveillait pas et trouvait naturel que mon beau-père me touche, et ce, jusqu’à mes treize ans révolus ?
Comment ne pas se douter surtout si la porte est fermée ?
Il n’y a qu’une réponse qui me vient à l’esprit quand j’écris cela, elle le savait qu’il me touchait et cela devait lui convenir. Fermer les yeux afin de pouvoir continuer sa vie sans se soucier d’une bonne à rien qu’elle n’avait jamais voulu. Je n’étais qu’un boulet à ses yeux. De me dire que celle qui m’a fait naître n’éprouvait aucun sentiment à mon égard, me déchirait le cœur. Je n’étais pas un cadeau du ciel. Afin d’être punie elle m’a donné à ce montre pour avoir la paix et de pouvoir continuer à vivre comme si de rien n’était, tranquillement.
Je sursautais quand je le vis pénétrer dans ma chambre pour me tirer de force par mes cheveux châtains longs afin de m’emmener dans la salle de bains.

Il m’ordonna de me déshabiller. Un nuage de terreur emplit tout mon corps. Une fois de plus, je me retrouve seule avec lui et je ne suis point rassurée. Il me fusille de son regard noir qui me donne la chair de poule. Je prie tout en espérant un miracle mais il ne se passe rien. Je recommence tout en obéissant à mon tortionnaire. Je suis tétanisée. Transie de froid, tremblante, j’ôte mes vêtements que je pose délicatement dans le panier à linge. Je n’ai qu’une envie : HURLER ! Oui, crier de toutes mes forces : « AU SECOURS ! ». Aucun son ne peut sortir de ma bouche. J’ai la gorge nouée, serrée : « Seigneur, si tu m’entends viens à mon aide. Je t’en conjure, je ferais tout ce que tu veux mais pas ça ! Empêche-le de me toucher ». D’un coup, je l’entends me dire :
Tu vas te dégrouiller, oui ? Je n’ai pas que ça à faire, sale gosse. Je dois m’occuper de tout dans cette baraque !
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Sur les conséquences des viols par inceste – A Auteure anonyme de Philippe

27 juin 2011

Je ne visionne plus les réponses à l’article que j’ai publié sur la Liste des conséquences de l’inceste. Elles sont malheureusement trop nombreuses – malheureusement parce que cela implique une triste réalité.


A la dernière réponse à propos de cet homme victime d’abus, je ne sais que dire. Chaque personne réagit différemment parce que l’inceste ou les abus sont des faits extérieurs à la personne. Bien que les conséquences soient souvent les mêmes, elles s’expriment différemment chez les uns et les autres.
L’un des exemples les plus frappants pour moi est la sexualité : certaines victimes deviennent de véritables « sex-addicts » tandis que d’autres chassent la sexualité de leur existence.


Parmi les constantes, le manque de confiance, la fragilité des attachements : c’est peut-être là ce qui met le plus en difficulté les éventuel(le)s partenaires. La victime d’abus sexuels, et ce surtout dans les cas d’inceste, a des difficultés à faire confiance en l’autre et à sortir de la dynamique de l’abus. Certains préfèrent reproduire directement les situations abusives, comme pour un moyen de se rendre utile à quelqu’un, fût-il un abuseur, et comme pour se prouver sa propre existence à travers la souffrance parce qu’on n’a pas connu autre chose et que c’est le seul moyen que l’on connaisse d’intéresser quelqu’un. D’autres multiplient les attachements pour ne pas être esclaves d’un seul, comme pour multiplier ses chances de réussite tout en minimisant sa propre implication et en réduisant ainsi la portée d’un échec individuel : si je me fais lâcher, comme ce sera nécessairement le cas puisque je vaux tellement peu, au moins cela me fera-t-il moins mal.
On triche avec la vie en étant sûr qu’un jour ou l’autre on se fera pincer et qu’on passera à la casserole. On vit à travers l’autre, pour l’autre, parce qu’on ne sait pas où on se situe dans le domaine de l’existence et qu’on a peur de se retrouver seul, parce que se retrouver face à soi-même, c’est se retrouver face au néant, au défaut d’existence. La solitude, ce n’est pas la mort, c’est le Rien, la révélation de l’absence de sens, d’existence, de persistance – l’enfant qui n’arrive même plus à crier, privé de volonté, inerte corps et âme, simple corps qui persiste à vivre parce que les fonctions biologiques sont indépendantes des fonctions psychologiques. Si le cœur physique était branché sur le cœur affectif, ce serait plus simple: une vie s’éteindrait rapidement dans un désert d’affection et on disparaîtrait sans gêner personne.


Pourquoi ne se suicide-t-on pas, alors ?
Certains le font, beaucoup ont essayé, mais somme toute, le suicide demande une bonne dose de désespoir. Qu’arrive-t-il quand on est au-delà de l’espoir et de son contraire ? Rien, justement. Se suicider c’est encore espérer quelque chose, mais il peut arriver que même espérer la mort devienne trop fatigant, trop usant. Paradoxal, mais la situation de l’enfant qui grandit dans l’abus n’est-elle pas paradoxale : n’exister pour l’autre que dans la mesure où notre corps satisfait le corps de l’autre, un sujet-objet devenant objet-objet pour coller à l’autre physiquement. Utiliser son propre corps pour quémander l’affection de l’autre et n’obtenir de l’autre que le plaisir de l’autre pour être jeté dans un coin comme un torchon sale avant la prochaine fois – attendre même, peut-être, cette prochaine fois pour essayer de lire un peu d’amour dans la lueur sale du regard de l’abuseur.


Vient un moment où on espère plus, où on se fatigue d’espérer : le moment de l’adolescence est souvent le dernier cap à franchir avant la perte totale de tout espoir. Si on ne se suicide pas à l’adolescence, alors le corps continue de vivre.


Mais que faut-il pour redonner à l’enfant qui habite ce corps d’adulte un peu de chaleur qui lui apporte enfin un espoir. C’est là tout le problème. C’est là aussi que les différences personnelles interviennent. Certains se loveront dans leur absence au monde, se replieront sur l’enfant blessé, tandis que d’autres arriveront à faire le pas, aidés par le hasard d’une rencontre ou d’une expérience. La personnalité entre en jeu, mais aussi le hasard. Il n’existe pas de science qui vous fasse sortir du néant affectif.
Parmi trois personnes ayant connu les mêmes abus,
l’un mourra jeune,
l’autre, celui qui aura peut-être subi le moins, s’enterra dans une existence vide de sens et
le troisième fondera une famille et bataillera.
L’un est-il meilleur que l’autre ? Non, bien sûr, c’est juste le hasard qui se lie à la nécessité pour créer un type d’existence plutôt qu’un autre.

Auteure anonyme a dit :

Époustouflée.
Encore une fois, c’est un homme qui ose ce que n’écrivent pas les femmes. Tout ça c’est vrai pour les femmes aussi, mais trop peur de la « putain » sans doute.
RPL dans les chroniques amnésiques et autres mémoires vives ose aussi cette vérité.
http://risquer.blogspot.com/
Juste u
ne petite chose :
l’abus me dérange. L’abus d’alcool est permis, l’abus d’enfant est interdit et il s’agit d’une agression.

Philippe a dit :
Puisque
je n’arrive pas à répondre à ton commentaire dans le message concerné, je te réponds à travers un autre message.
Je me suis senti une « p… » pour plaire à ma mère, lui soutirer un regard bienveillant, peut-être un sourire, mais je ne me souviens pas d’un sourire qui me soit adressé – peut-être ai-je oublié. Plaire à tout prix, même par le corps, comme un objet, mais ne jamais vraiment réussir. Continuer pourtant, comme un petit animal qui ne comprend pas, en arriver à prendre une claque comme un geste d’intérêt. Plaire pour ne pas aller peut-être avec les messieurs, mais aller tout de même pour plaire.


Je n’aime pas les bonbons, savez-vous ?


Quant à l’abus, bien sûr : peut-être, sans m’en rendre compte, je leur reconnais encore le droit de m’utiliser, voire d’abuser. Elever en objet, comment devenir sujet, subjectivité sans assujettissement – car le sujet peut aussi être sujet d’un roi, d’un maître. Les finesses du langage…
Dernière chose : le lien que tu me donnes vient d’une personne qui en est venu à renier le nom qu’il portait, alors que je revendiquais désespérément celui de ma mère. J’étais soumis corps et âme, à tel point que je n’avais plus besoin de chaînes pour être subjugué.
Je ne connaissais rien d’autre : j’étais né pour être l’objet de ma mère, enfant timide qui n’a trouvé d’autre résistance face aux autres que passive. J’en sors peu à peu, mais une partie de ma personnalité s’est formée sur ce terreau malsain. J’étais né pour le plaisir des autres, et j’ai du mal à savoir ce qu’est le plaisir car il me fait peur, comme un interdit, un danger qui pourrait me faire perdre le peu de maîtrise que je me sens. Vivre pour le plaisir de l’autre, toutefois, ce n’est pas vivre et si l’autre vous aime vraiment, cela risque même de le détruire, à moins que l’autre ne soit une image des violeurs et des tueurs d’âmes – mais là, nous sortons de nouveau de l’existence pour tomber dans l’insistance de la soumission, la persistance de l’enfant-objet, dans le pathologique.

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