12/ La fibromyalgie et le syndrome de fatigue chronique par François Louboff

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Dans les syndromes douloureux chroniques, le seuil de la douleur est abaissé.
La même stimulation douloureuse sera perçue comme plus intense par un patient souffrant d’un trouble chronique que par une personne non malade.
La fibromyalgie, dont on parle tant depuis quelques années, en est devenue le modèle. Connue depuis plus longtemps mais sous d’autres appellations (syndrome polyalgique diffus, fibrosite), la fibromyalgie est une maladie douloureuse diffuse pour laquelle aucune anomalie biologique ni anatomique n’est décelée : on dit qu’elle n’a aucun « substratum organique » et appartient donc à la catégorie des maladies fonctionnelles. Elle est néanmoins reconnue par l’OMS depuis 1992 comme une maladie rhumatismale « non spécifique ».
Assez fréquente, elle concerne environ 4 % de la population, les femmes étant sept fois plus atteintes que les hommes.
Son traitement est difficile : les antalgiques sont souvent inefficaces, et la plupart du temps elle est associée à des symptômes anxieux et dépressifs, une insomnie, de la fatigue, des troubles digestifs et des troubles de la mémoire et de la concentration.
De nombreux psychiatres la considèrent comme l’expression contemporaine de l’hystérie, alors que d’autres la voient plus comme un trouble dépressif, notamment une dépression chronique qu’on appelle « dysthymie ». 
Pour de nombreux chercheurs, la fibromyalgie n’est pas une maladie homogène, et il y a probablement plusieurs sous-types de patients fibromyalgiques, selon la présence d’angoisse, de dépression, l’intensité des douleurs, etc.

Plusieurs études ont cependant montré que 40 à 65 % des patients fibromyalgiques avaient des antécédents d’abus sexuels, et en particulier ceux qui souffraient de troubles anxieux importants.

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Autres billets sur J’aimerais tant tourner la page de François Louboff
1/ J’aimerais tant tourner la page – Guérir des abus sexuels subis dans l’enfance
2/ Le rôle de la justice dans le statut de victime
3/ L’argent et les victimes de viols par inceste
4/ Enfant d’incestée
5/ Dissociation ? mais de quoi ?
6/ La dissociation est un moyen de défense du psychisme
7/ Qu’est-ce que la PE – partie émotionnelle – après un traumatisme
8/ Qu’appelle-t-on « PAN » – partie apparemment normale après une dissociation
9/ Les enfants – de victimes de viols par inceste – présentent un risque de SSPT trois fois plus important que dans la population générale
10/ Quand être victime devient une addiction
11/ Explications psychologiques de la revictimisation
13/ Les souvenirs traumatiques : un autre type de mémorisation
14/ La dissociation traumatique perturbe la mémorisation
15/ L’altération de la mémoire autobiographique

11/ Explications psychologiques de la revictimisation par François Louboff

Note de la documentaliste :
agression et non pas abus qui vient de l’anglais et qui n’a pas la même signification.
il n’y a pas d’usage « normal » de la sexualité des enfants par des adultes, ce terme d’abus est impropre. Un abus d’alcool est permis une agression sexuelle ne l’est pas.
L‘agresseur ne devrait pas non plus être caractérisé par un possessif inapproprié : son ou leur.

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Assimiler la revictimisation à une addiction constitue une tentative de compréhension à un niveau biologique. Il existe un autre niveau de compréhension, psychologique, qui fait appel à plusieurs hypothèses :
Les femmes abusées pourraient devenir des proies faciles, incapables de se méfier des hommes dangereux, à cause de leur faible estime de soi, de leur comportement parfois « hypersexualisé », et de leur tendance à idéaliser les hommes.
La répétition du traumatisme peut être comprise comme une colère dirigée contre soi ou contre les autres. Mais les victimes font rarement le lien et ne perçoivent pas que leurs comportements colériques reproduisent inconsciemment des événements traumatiques passés.
La revictimisation peut aussi être le moyen d’apaiser la culpabilité associée à l’abus : elle agit comme une punition. 
Mais cette culpabilité ne serait qu’une culpabilité « écran » qui masque un sentiment beaucoup plus persistant : la honte. 
Toutes les souffrances liées à la revictimisation ne réussiront pas à calmer cette fausse culpabilité, sans cesse alimentée par la honte sous-jacente.
La reproduction active permettrait de remplacer l’impuissance, vécue lors de l’abus, par un sentiment de contrôle.
Le phénomène de l’attachement permet de comprendre les raisons qui poussent certaines victimes à rester avec leurs agresseurs. Face à des situations très angoissantes, la réaction normale, quel que soit notre développement psychologique et affectif, est de chercher une source de réconfort pour nous apaiser, c’est-à-dire une source d’attachement. Lorsque les sources habituelles d’attachement ne sont pas disponibles (le conjoint, la famille, les amis), les victimes peuvent se tourner vers leurs agresseurs, et développer avec eux des liens émotionnels très forts. C’est ce qui se passe dans le syndrome de Stockholm, où les victimes de prises d’otages prennent la défense de leurs geôliers. Nous verrons que l’attachement est lui aussi sous la dépendance du système opioïde endogène. En résumé, mieux vaut s’attacher à quelqu’un qui vous maltraite qu’à personne !
L’identification à l’agresseur : cette expression, issue de la psychanalyse, désigne l’incorporation de l’image de son agresseur. Dans le psychisme de l’individu abusé cohabitent l’agresseur et la victime. La personne abusée s’identifie ensuite, selon les circonstances, à l’agresseur ou à la victime. 
Trois situations possibles :
1. L’agresseur intériorisé attaque la victime : l’individu s’agresse lui-même (automutilations).
2. L’agresseur intériorisé agresse d’autres personnes : l’individu reproduit le traumatisme sur autrui.
3. L’individu, en s’identifiant à la victime qu’il fut, se met en situation d’être agressé de nouveau par les autres : c’est la revictimisation.
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