Affaire DSK : si ce n’était pas un viol, c’était quoi ? par Lorraine Millot & Fabrice Rousselot

24 août 2011

Lorraine Millot & Fabrice Rousselot

Le non-lieu prononcé mardi est loin de « blanchir » ou « innocenter » Dominique Strauss-Kahn comme le disent ses avocats, amis ou tous ceux (une majorité de Français à en croire les sondages !) qui depuis le début croient qu’un « complot » a été tramé contre l’ancien directeur du FMI. DSK n’est ni « innocenté », ni « acquitté » puisqu’il n’y a pas eu de procès.

Le non-lieu signifie seulement que le procureur de Manhattan, après avoir accordé beaucoup de crédit aux récits de la femme de chambre du Sofitel, n’est plus du tout sûr qu’elle dise vrai et ne veut pas risquer un procès qu’il risquerait de perdre.

Surtout, ce non-lieu pose une question béante : si ce n’était pas un viol, comment Dominique Strauss-Kahn a-t-il pu convaincre Nafissatou Diallo d’avoir cette « relation sexuelle précipitée », en 7 ou 9 minutes tout compris, décrite par le procureur ?

Selon les éléments rassemblés par le procureur, la femme de chambre est entrée le 14 mai à 12 heures 06 dans la suite 2806. A 12 heures 13, DSK téléphonait à sa fille avant de partir déjeuner avec elle (ce qui fait 7 minutes, mais les cartes magnétiques du Sofitel et le téléphone de DSK pouvaient avoir un léger décalage). Cette brève visite a suffi pour que le sperme de DSK soit retrouvé sur l’uniforme de la plaignante, a révélé lundi le procureur.

La question est un rien indiscrète, il est vrai. Beaucoup de journalistes français refusent encore de rendre compte de la vie sexuelle, si extravagante soit-elle, de nos hommes politiques, arguant qu’il s’agit de leur « vie privée ».
Mais la question est bien légitime en l’occurrence, puisque la partenaire de Monsieur Strauss-Kahn continue de dire qu’elle a été agressée. Interrogé donc sur ce point hier, William Taylor, l’avocat washingtonien de Dominique Strauss-Kahn a refusé d’expliquer comment son client a pu, en quelques minutes, persuader la femme de chambre de récolter son sperme. « Nous avons dit qu’il y a eu rapport consensuel » nous a répondu William Taylor. Il « n’est pas dans l’intérêt » de Strauss-Kahn de « discuter » maintenant de cette question, a-t-il ajouté.

Un des grands intérêts de la procédure civile qui va maintenant se poursuivre – et son principal danger pour Strauss-Kahn –, sera de l’obliger à raconter ce qui, selon lui, s’est passé le 14 mai avec la femme de chambre du Sofitel. Jusqu’à ce jour, l’ancien ministre et directeur du FMI n’a fourni au public aucune explication de ce qu’il faisait dans sa chambre avec Nafissatou Diallo et de ce qui a bien pu amener l’employée du Sofitel à porter plainte contre lui.

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« DSK a obtenu une sorte de traitement spécial » par Alan Dershowitz professeur à La Harvard Law School

24 août 2011

par Pierre de Gasquet

Dans un entretien aux « Echos », l’avocat pénaliste Alan Dershowitz, professeur de droit à Harvard, qui a notamment défendu Claus von Bülow, Mike Tyson et O. J. Simpson, porte un jugement sévère sur le travail du procureur

Avez-vous été surpris par la décision du procureur d’opter pour l’abandon des poursuites ?

Pas particulièrement à la lumière de ce que j’avais lu récemment dans la presse. Mais, plus généralement, oui j’ai été surpris car de très nombreuses affaires vont habituellement jusqu’au procès sur des bases beaucoup plus ténues.

Il me semble que DSK a obtenu une sorte de traitement spécial. En général, dans un cas typique où une femme déclare avoir été violée et où il y a des questions sur sa crédibilité, l’affaire va jusqu’au procès surtout s’il y a la preuve d’un rapport physique.

Il a eu droit à des égards particuliers comme cela arrive dans le cadre d’affaires hypermédiatisées. C’était un cas d’espèce beaucoup plus solide pour l’accusation que celui contre Mike Tyson. Or, Mike Tyson a passé plusieurs années en prison sur la base des déclarations d’un menteur qui avait précédemment accusé à tort quelqu’un de viol.


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