Compte rendu d’audience – Vendredi 29 mai 2015 – Brigitte Bonnaffé – Experte psychologue

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Psychologue, qui a expertisé les enfants Delay en juin 2004, en urgence et pendant le procès de Saint-Omer. Car les autres experts ont été tellement attaqués que le tribunal a mandaté de nouveaux experts au dernier moment.
Elle expliquait surtout qu’il faut sortir les enfants de leur statut de victime, « ne pas les enfermer là dedans ». En somme, elle reprend le même discours que son collègue Jean-Luc Viaux la veille.
Elle a bien insisté sur les aspects positifs des témoignages des enfants, par exemple quand Chérif (14 ans au moment de cet examen) dit qu’il aimait bien regarder les dessins animés avec Thierry Delay, quand « Jonathan dit que sa mère était gentille et lui achetait des jouets », quand Dylan « se souvient des pommes que son père faisait cuire avec du sucre » ou encore quand Dimitri « parle de moments privilégiés avec son père ». On est presque dans un épisode de « La petite maison dans la prairie ».
Le même Chérif lui aurait même dit Chérif « qu’il a mis en cause des accusés uniquement pour coller au discours de sa mère », a-t-elle expliqué. Quant à Jonathan, il lui aurait déclaré « qu’il a pu tenir des propos erronés et que ça le rend malheureux », a déclaré la psychologue.
Elle a aussi expliqué que Dimitri a parlé d’argent que sa mère recevait « quand quelqu’un le violait », des sommes de 400F, que Jonathan et Dylan ont parlé de la présence d’autres personnes que leurs parents. Jonathan ne savait pas dire de qui il s’agissait, mais Dylan a désigné « de manière précise » un des acquittés.
Brigitte Bonnaffé évoque aussi quelques-uns des traumatismes des enfants, notamment que Jonathan n’a acquis la position assise qu’à 14 mois, après être né prématuré, ou la « terreur » de Dylan (8 ans) à l’idée que ses parents sortent un jour de prison.
Mais pour cette experte, concernant Dylan elle estime que « on voit qu’il peut exister une confusion entre le réel et l’imaginaire ».
Chérif lui aurait dit que Marécaux « n’a rien à faire là » (au tribunal), mais le taxi Martel et Karine Duchochois non plus.
Dimitri lui a aussi dit, d’après son rapport: « j’ai pas vu Roselyne taper mais j’ai dit ça parce que Dupond-Moretti m’emmerdait. » Mais elle explique que c’est la première audition qui est la plus importante, et que quand elle « rencontre ces enfants, la parole est polluée par différents paramètres ».
Elle précise aussi que « aucun des quatre enfants ne m’a jamais parlé de monsieur Daniel Legrand » alors qu’ils ont cité selon elle « une palette assez large de noms ». Mais était-ce bien leur état d’esprit à ce moment que de répéter encore une fois leurs accusations, alors qu’ils étaient en train de passer sur le grille à Saint-Omer ?
Brigitte Bonnaffé termine avec cette « confusion » dans les souvenirs des enfants à cause de la couverture médiatique, notamment. Pourtant, on pourrait aussi estimer que la confusion serait surtout due au fait qu’ils ont été traités de menteurs par la presse et par les avocats, ce qui pousserait davantage au déni qu’à l’affabulation.
« Même avant le procès, les enfants Delay étaient submergés par les informations », a estimé cette experte.
Avec l’aide de l’avocat général, toujours présent pour défendre l’acquittement de Daniel Legrand, Mme Bonnaffé explique que le discours des enfants quand ils dénoncent leurs parents est assez précis, ce qui n’est pas le cas, selon elle, quand ils parlent d’autres protagonistes.
Selon elle, les enfants auraient « bouché les trous » dans leurs souvenirs avec ce qu’ils ont vu ou entendu de l’affaire. « C’est très difficile de savoir ce qu’ils ont ressenti et ce qu’ils se sont approprié pour comprendre », affirme Mme Bonnaffé.
L’avocat général revient à la charge, et demande « comment aider » les frères Delay « alors qu’il baignent dans un environnement .. où on leur dit sans cesse « vous êtes victimes de bien d’autres choses » ? »
Tout le monde a compris que cette « question » était surtout destinée à répéter l’argument de la défense comme quoi les « complotistes » autour des frères Delay leur auraient monté la tête dans un but obscur. En réalité, personne dans leur entourage ne leur a jamais dit cela, c’est une pure supposition que de l’affirmer.
Mais comme cela a été dit lors de ce procès, ces quatre enfants se sont retrouvés complètement seuls et en souffrance, et il a fallu les aider. Et les aider, cela passe par reconnaitre qu’ils sont victimes et pas des menteurs comme cela a été rabâché durant des années, en fait depuis 2004, plus de dix ans.
Cela, la défense et l’avocat général le nient, mais ils ne peuvent rien prouver de ce qu’ils avancent et pour cause: c’est faux. Mais, ce procès est basé sur une succession de mensonges répétés avec force par le club des 6.
Mais le pire, c’est que Mme Bonnaffé va complètement dans le sens de l’avocat général, alors qu’elle ne connait personne parmi ceux qu’elle vise, et qu’elle n’est pas en contact avec les enfants. Là aussi, on a le choix entre la supposition et le mensonge éhonté: « Ces enfants auraient besoin qu’on leur injecte du bon et non pas ces d’horreurs qu’on leur injecte depuis des années », a-t-elle asséné en fin d’audition.

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« A mort le juge ! » : à qui profite le « bashing » du juge Burgaud ?

Logo-Huffington-postPar Hélène Romano – Docteur en psychopathologie au CHU Henri Mondor à Créteil
Publication : 29/05/2015 09h48 CEST

JUSTICE – Depuis quinze jours les assises de Rennes jugent Daniel Legrand, mis en cause dans des faits de viols présumés quand il était mineur. Et depuis quinze jours, nous constatons dans les médias la même omniprésence médiatique des avocats de la défense qui, à grand renfort de mises en scène théâtrale, répètent inlassablement la stratégie qui leur a permis d’obtenir lors du procès en appel de Paris l’acquittement de la plupart de leurs clients (après l’intervention hors de tout respect des procédures, du Procureur général Yves Bot présentant en conférence publique ses excuses aux mis en cause avant même le rendu du délibéré du jury de la Cour d’assises le lendemain).

Cette stratégie est simple : les enfants sont des menteurs, les experts et professionnels spécialisés dans les répercussions psychotraumatiques sont des incompétents, le juge Burgaud est seul responsable de ce désastre judiciaire et les parents des enfants Delay détiennent assurément la vérité. Cette méthode est celle utilisée dans les stratégies de désespoir quand seule la rhétorique perverse permet d’envisager de se sortir de situations inextricables. Le mépris exprimé à l’égard des victimes, le retournement des culpabilités et la disqualification systématique des témoins favorables aux victimes et des « sachants » conduit, pour le public et le jury d’assises, à une inévitable confusion qui sert la dynamique de désinformation savamment orchestrée pour dénier la réalité des victimes.

Myriam Badaoui, mère incestueuse, bourreaux de ses enfants aux vies fracassées, déjà condamnée pour ces faits, affirme qu’elle n’a jamais vu Daniel Legrand et que si elle a donné son nom lors de l’instruction c’est parce que le juge Burgaud le lui aurait donné. Et dès qu’il s’agit de préciser comment elle peut avoir connaissance des particularités physiques de Daniel Legrand, elle a des pertes de mémoire sélective. Même réaction factice du père des enfants Delay.

Comment en est-on arrivé à considérer que la parole et le témoignage de deux parents, bourreaux de leurs enfants qu’ils ont violé sans limite et à qui ils ont fait subir les pires actes de barbarie, condamnés à de lourdes peines pénales, ont plus de valeur que la parole d’enfants reconnus victimes de ces viols et que la parole d’un juge, officier de justice assermenté ?

Il y a dix ans le juge Burgaud a été lynché médiatiquement, exposé sans aucune limite à une vindicte populaire habilement instrumentalisée par les avocats de la défense pour faire écran à une autre réalité. Faut-il rappeler qu’aucune faute, selon les inspecteurs de la commission d’enquête judiciaire, n’a été retenue contre ce juge ? Faut-il rappeler qu’aucun expert n’a été radié et que toutes les expertises ont été considérées par les différentes enquêtes comme des évaluations de qualité réalisées par des professionnels de grandes expériences ? Faut-il rappeler que le livre de la journaliste Florence Aubenas, publié juste avant le procès de Paris et largement utilisé par les avocats de la défense pour assoir leur stratégie est aujourd’hui reconnu comme un écrit partisan de pure fiction, support des représentations personnelles et des seuls fantasmes de son auteure en mal de reconnaissance médiatique (manuscrit truffé de multiples inventions et mensonges réitérés) ? Faut-il rappeler que Daniel Legrand tient actuellement dans son box d’accusé à renfort évident de traitements médicaux de toutes sortes pour ne pas craquer ? Faut-il rappeler que Myriam Badaoui a dépensé des milliers d’euros de chirurgie esthétique sans que personne ne s’interroge sur l’origine d’une telle ressource financière ?

Alors comment comprendre cet acharnement à disqualifier l’instruction du juge Burgaud ? Comment comprendre que le témoignage des enfants Delay ne soit pas pris en compte alors que ceux des parents violeurs le sont ?

Poser cette question n’est pas être « révisionniste », comme le prétendent avec cynisme les avocats de la défense pour s’éviter tout débat. S’interroger sur ce qui mène des avocats à donner plus de valeur à des personnes condamnées pour viols sur mineurs et non à des enfants, c’est avant tout se questionner sur les valeurs de notre société ; sur la place faite au débat démocratique ; sur ce qu’est la justice et ce qui fait justice aujourd’hui en France. La vérité et ceux qui affirment la détenir ne devraient pas craindre les débats.

Le bashing du juge Burgaud n’est pas organisé sans raison. Il permet de faire écran à une réalité avérée: celle des viols sur mineurs et des réseaux pédophiles. Il détourne les jurés et le public de cette réalité sordide car il est en effet bien plus « confortable » de se dire que les parents Delay-Badaoui assènent la vérité que d’envisager ce que serait la perspective qu’ils aient tort.

Si certains pays comme l’Angleterre ont enfin décidé d’engager une lutte réelle contre cette peste des temps modernes que sont les réseaux pédophiles, la France continue de se complaire dans l’illusion que ces pratiques s’arrêteraient au niveau de la Manche, comme le nuage de Tchernobyl à la frontière.
La France, toujours prête à se vanter d’être le pays des droits de l’Homme, omet d’assumer le fait qu’en idolâtrant les stratégies « d’acquitte-à-tort » (en référence au surnom « acquitator » donné à l’un des avocats de la défense) elle fait des droits de l’enfant une vaste fumisterie.

Les pédophiles de toutes sortes peuvent continuer de violer en paix puisqu’en France la gravité des affaires de pédocriminalité est totalement méprisée. Les rares enfants qui tentent de révéler leur cauchemar sont désormais systématiquement traités de menteurs ou d’enfants aliénés ; ceux qui tentent de les protéger sont accusés de les instrumentaliser ; les professionnels et associations qui font le relais de leur plainte sont menacés et les mis en cause peuvent compter sur le talent théâtral d’avocats médiatiques qui crieront de principe à l’erreur judiciaire et qui n’hésiteront pas à lyncher tous ceux qui auront une argumentation contraire.

Quand la vérité est empêchée, quand il n’est plus permis de débattre, la justice des hommes n’est plus qu’une illusion abandonnée à l’obscurantisme et à la toute puissance d’une minorité terrorisante. Il n’y a alors plus aucune liberté, aucune fraternité, aucune égalité.

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