3/ Niki de Saint Phalle : Ce même été, mon père – il avait 35 ans, glissa sa main dans ma culotte

Ce même été, mon père – il avait 35 ans, glissa sa main dans ma culotte comme ces hommes infâmes dans les cinémas qui guettent les petites filles.
J’avais onze ans et j’avais l’air d’en avoir treize. Un après-midi mon père voulut chercher sa canne à pêche qui se trouvait dans une petite hutte de bois où l’on gardait les outils du jardin.
Je l’accompagnais… Subitement les mains de mon père commencèrent à explorer mon corps d’une manière tout à fait nouvelle pour moi.

Honte, plaisir, angoisse, et peur, me serraient la poitrine.
Mon père me dit : « Ne bouge pas ». J’obéis comme une automate. Puis avec violence et coups de pied, je me dégageais de lui et courrus jusqu’à l’épuisement dans le champ d’herbe coupée. Il y eut plusieurs scènes de ce genre ce même été. Mon père avait sur moi le terrible pouvoir de l’adulte sur l’enfant. J’avais beau me débattre il était plus fort que moi…
Mon amour pour lui se tourna en mépris.
Il avait brisé en moi la confiance en l’être humain. Que cherchait-il ? Là aussi, ce n’est pas simple. Le plaisir, il pouvait le trouver ailleurs. Non ! c’est l’interdit et la tentation du pouvoir absolu sur un autre être qui exerçait une fascination vertigineuse sur lui.

Ainsi écrit dans le texte
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