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Le regard de Georges sur sa fille semblait empreint d’étonnement.
Lucile avait quelque chose de sombre qui lui ressemblait. Depuis qu’elle était toute petite, Lucile l’intriguait. Cette manière qu’elle avait de s’isoler, de s’abstraire, de se tenir d’un seul côté des chaises, comme si elle attendait quelqu’un, d’utiliser le langage avec parcimonie, cette manière, avait-il parfois pensé, de ne pas se compromettre. Mais Lucile, il le savait, ne perdait rien, pas un son, pas une image. Elle captait tout. Absorbait tout.
Comme ses autres enfants, Lucile voulait lui plaire, guettait son sourire, son assentiment, ses félicitations. Comme les autres, elle attendait le retour de son père et parfois, lorsque Liane l’y encourageait, racontait sa journée. Mais Lucile, plus que tout autre, était reliée à lui.
Et Georges ne pouvait détacher son regard d’elle, fasciné.
Des années plus tard, sa mère raconterait cette attraction que Lucile exerçait sur les gens, ce mélange de beauté et d’absence, cette façon qu’elle avait de soutenir le regard, perdue dans ses pensées.
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Autres billets sur Rien ne s’oppose à la nuit
1/ Rien ne s’oppose à la nuit de Delphine de Vigan
3/ L’écriture ne peut rien. Tout au plus permet-elle de poser les questions et d’interroger la mémoire
4/ Georges un grand-père dissocié
5/ L’enfant ressemblait à son père
Le regard de Georges sur sa fille semblait empreint d’étonnement.
Lucile avait quelque chose de sombre qui lui ressemblait. Depuis qu’elle était toute petite, Lucile l’intriguait. Cette manière qu’elle avait de s’isoler, de s’abstraire, de se tenir d’un seul côté des chaises, comme si elle attendait quelqu’un, d’utiliser le langage avec parcimonie, cette manière, avait-il parfois pensé, de ne pas se compromettre. Mais Lucile, il le savait, ne perdait rien, pas un son, pas une image. Elle captait tout. Absorbait tout.
Comme ses autres enfants, Lucile voulait lui plaire, guettait son sourire, son assentiment, ses félicitations. Comme les autres, elle attendait le retour de son père et parfois, lorsque Liane l’y encourageait, racontait sa journée. Mais Lucile, plus que tout autre, était reliée à lui.
Et Georges ne pouvait détacher son regard d’elle, fasciné.
Des années plus tard, sa mère raconterait cette attraction que Lucile exerçait sur les gens, ce mélange de beauté et d’absence, cette façon qu’elle avait de soutenir le regard, perdue dans ses pensées.
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