18/ Viol/mort ; amour/vie – attirance/répulsion par Auteure obigatoirement anonyme

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Je souffre de l’absence de vie que je ressens très fortement depuis que je prends le temps de respirer l’air du temps.
Le viol entraîne inexorablement vers la mort plus vite que ne le fait le temps d’une vie. C’est un grand précipice où il faut, sans cesse, veiller à ne pas glisser. La conscience de la mort et de l’éphémère ne me quitte pas et m’empêche de construire.
Il y a toujours, dans mes entreprises, cette dualité entre l’édification et la destruction presque immédiate. Me mettant dans l’impossibilité de vivre le moment présent, je peux parler d’une absence courante de vie.
Le mal de vivre me tiendra toute ma vie, mais j’espère que cette partie de ma vie, que sont les viols, va mourir. Je n’en parlerai plus, je ne l’écrirai plus. Elle sera extérieure à moi. Je n’aurai pas tout compris mais le pourrais-je un jour ? Je ne crois pas. Le mur est trop épais et personne n’a encore pu le briser, le traverser.
C’était un crime et pourtant je ne souffre plus autant. Je veux qu’autour de moi le mur reste pour me protéger. Désormais on ne me tuera plus. J’ai longtemps pensé que chaque nouvelle rencontre représentait une nouvelle épreuve qui m’entraînait vers la mort. Il m’a fallu surmonter mon sentiment destructeur. Dans toute relation qui commence, je pense déjà qu’elle va finir alors qu’elle n’a même pas commencé j’ai peur que s’en aille la personne en qui je mets tout mon amour et ma confiance. Il est très clair, maintenant, qu’il en a toujours été ainsi, en même temps, je sais que je fais tout pour qu’elle s’en aille justement.
Je suis souvent seule, je n’accepte pas cette solitude car elle n’est pas choisie et je sais que je l’ai provoquée. Je n’ai jamais quitté quiconque, on m’a toujours quittée mais je suis l’instigatrice de la séparation puisque je choisis toujours des personnes qui ne me suivent plus au bout d’un certain temps.
L’étouffement que produit l’incompréhension, la même que pour le viol, se renouvelle. La personne me quitte alors, et je vis à nouveau l’inévitable renvoi au sentiment d’irréparable, provoqué par le viol.

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