5/ La dépersonnalisation par André Green

page 48
En effet, je crois qu’il est important de remarquer, comme le fait Freud dans Inhibition, symptôme et angoisse, que le moi des névrosés reste intact et qu’on ne peut pas mettre en évidence chez eux de signes de désorganisation psychotique. On a voulu, autour des années 50, sous l’influence des travaux de Bouvet, mettre en lumière les rapports de la névrose obsessionnelle avec la dépenonnalisation. On a soutenu que la névrose obsessionnelle ou les obsessions pouvaient constituer une défense contre la dépenonnalisation. Mais quand bien même on mettrait en évidence cette relation, les troubles que l’on constate dans la névrose de dépersonnalisation appartiennent à mon avis à un registre qui n’est pas psychotique. Il ne l’est pas, parce qu’il n’y a pas d’atteinte durable de l’organisation du moi, les troubles restent dans le cadre d’un épisode critique. La dépersonnalisation est à rapprocher de certaines modalités de l’angoisse sans qu’on ait véritablement affaire à quelque chose à quoi on assiste régulièrement dans la psychose, à savoir des mécanismes de morcellement, qui témoignent d’un certain débordement, voire d’un effondrement du moi.


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3/ Le clivage par André Green

4/ L’idée d’un espace potentiel pour le psychisme par André Green

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Genèse et situation des états limites
page 39
Par quoi le moi est-il marqué ? Je crois qu’il est marqué par deux types d’angoisses : d’une part les angoisses de séparation, d’autre part les angoisses d’intrusion. C’est-à-dire que nous voyons là que la notion de limite du moi prend un sens très précis, puisqu’il s’agit en effet de jouer sur Ces limites. Nous savons tous, par l’étude de ces patients, que, ou bien il existe une extraordinaire porosité chez eux (une patiente m’a dit « je suis une éponge , et que d’autre part il y a une extrême sensibilité à l’intrusion. Ceci pose des problèmes techniques immédiats. Il n’est pas question d’adopter une attitude de silence, parce que vous replongez le patient dans son désert objectal.
Mais la technique kleinienne apparaît comme extraordinairement intrusive et souvent insupportable. C’est pourquoi en effet, dans ces cas, les théories de la transitionnalité de Winnicott sont extrêmement précieuses.

Ces théories de la transitionnalité parlent de l’objet transitionnel, étant et n’étant pas le sein : introduction du paradoxe dans la théorie et présentation d’une conception de la symbolisation fondée sur la transitionnalité par référence à l’espace transitionnel qui est l’espace à la limite où a eu lieu la séparation mais où pourrait potentiellement se produire une réunion. Ici, on voit bien que nous avons affaire à une conception de la symbolisation tout à fait différente de celle de Lacan issue du structuralisme, différente aussi de la symbolisation aristotélicienne. L’idée d’un espace potentiel pour le psychisme est une idée absolument fondamentale car elle ouvre à toute la dimension de la virtualité.


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