5/ La dépersonnalisation par André Green

page 48
En effet, je crois qu’il est important de remarquer, comme le fait Freud dans Inhibition, symptôme et angoisse, que le moi des névrosés reste intact et qu’on ne peut pas mettre en évidence chez eux de signes de désorganisation psychotique. On a voulu, autour des années 50, sous l’influence des travaux de Bouvet, mettre en lumière les rapports de la névrose obsessionnelle avec la dépenonnalisation. On a soutenu que la névrose obsessionnelle ou les obsessions pouvaient constituer une défense contre la dépenonnalisation. Mais quand bien même on mettrait en évidence cette relation, les troubles que l’on constate dans la névrose de dépersonnalisation appartiennent à mon avis à un registre qui n’est pas psychotique. Il ne l’est pas, parce qu’il n’y a pas d’atteinte durable de l’organisation du moi, les troubles restent dans le cadre d’un épisode critique. La dépersonnalisation est à rapprocher de certaines modalités de l’angoisse sans qu’on ait véritablement affaire à quelque chose à quoi on assiste régulièrement dans la psychose, à savoir des mécanismes de morcellement, qui témoignent d’un certain débordement, voire d’un effondrement du moi.


Autres billets sur le livre Les états limites

1/ Livre – Les états limites sous la direction de Jacques André
2/ Les états limites – L’unique objet par Jacques André
3/ Le clivage par André Green

4/ L’idée d’un espace potentiel pour le psychisme par André Green

Ce que la dissociation désigne aujourd’hui en psychiatrie par Marianne Kédia

page 31

Dans la troisième édition du Diagnostic and Statistical Manual of 
Mental Disorders (1980), l’American Psychiatrie Association (APA) 
crée une catégorie à part entière de troubles dissociatifs.
Cette catégorie 
est nmaintenue, avec certaines modifications dans la quatrième édition du 
DSM et comprend alors :
 • l’amnésie dissociative : qui consiste en « un ou plusieurs épisodes durant lesquels le sujet présente une incapacité à évoquer des souvenirs personnels importants, habituellement traumatiques ou stressant » (APA, 1994). Il s’agit donc de l’amnésie « lacunaire » ou « hystérique » des classifications traditionnelles. C’est une perte de mémoire
de tous les événements d’une période circonscrite (allant de quelques heures à quelques années) ;
• la fugue dissociative : il s’agit d’une fugue du domicile ou du lieu 
de travail, accompagnée d’une perte de la connaissance de sa propre identité, cette dernière étant souvent remplacée par une nouvelle. Une 
fois la fugue terminée, le sujet présente une amnésie la concernant ;
• le trouble dissociatif de l’identité : il était autrefois appelé « trouble de la personnalité multiple », mais la définition actuelle comporte quelques modifications, notamment la disparition du critère d’ignorance d’au moins une personnalité par une autre. Dans la définition 
actuelle, le sujet présente deux personnalités ou plus, chacune ayant 
sa mémoire, ses capacités et son caractère propres ;
• le trouble de dépersonnalisation : est une « expérience prolongée ou 
récurrente d’un sentiment de détachement et d’une impression d’être  devenu un observateur extérieur de son propre fonctionnement mental 
ou de son propre corps (par exemple, sentiment d’être dans un rêve) » 
(APA, 1994) ;
• les troubles dissociatifs non spécifiés : ce sont les états dans lesquels les symptômes de dissociation sont présents et dominants, le tableau 
clinique ne remplissant pas tous les critères spécifiques d’un trouble 
dissociatif particulier (c’est le cas par exemple des états de transe).