L’affaire d’Outreau par Alexandra Guillet

8 août 2011
mise à jour 26 mars 2012
Alexandra Guillet
Journaliste/Chef de rubrique Police-Justice-société à TF1 News et LCI Radio
Titulaire d’une maîtrise de droit (Paris I) et d’un DEA de sciences politiques et politiques institutionnelles (Paris I), Alexandra Guillet a notamment travaillé pour RFO, en radio et télévision, et pour L’Express, où elle a couvert les questions de Défense pendant plusieurs années. Elle intègre la rédaction d’information internet de TF1 en 2000. Au quotidien, elle dissèque faits divers, procès et autres questions de société. Depuis 2008, elle anime « PJ », un talk-show sur l’actualité judiciaire et policière sur LCI Radio.
Déclenchée en 2001, l’affaire de pédophilie d’Outreau a abouti à 13 acquittements, laissant des stigmates tant sur la parole des enfants, la justice -qui a depuis introduit des réformes-, que sur les acquittés.
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La dimension empirique de l’inceste par Dorothée Dussy

Dorothée Dussy
Ethnologue, Chargée de recherche au CNRS
Iris – EHESS, 54 boulevard Raspail, 75006 Paris
dorothee.dussy@ehess.fr

Domaines de recherche

Dorothée Dussy travaille actuellement sur la dimension empirique de l’inceste à partir d’enquêtes menées en France et au Québec. Dans la perspective où elle l’aborde, l’inceste n’est pas une catégorie symbolique à étudier à partir des règles qui l’interdisent. L’inceste est posé comme un ordre social qui, tout en l’interdisant en théorie, admet l’abus sexuel commis sur un enfant dans sa famille. Il s’agit ainsi d’en décrire les mécanismes de reproduction, de saisir les modalités de la mise au silence des membres de la famille et les valeurs, déclinées autour de la discrétion.
Un premier terrain dans des associations d’aide aux victimes, à Paris et à Montréal, auprès d’adultes anciens enfants incestés permet de réfléchir au contenu normatif d’un double apprentissage contradictoire : savoir, pour l’avoir appris comme tout le monde, que les parents sont protecteurs et que l’inceste est interdit, et parallèlement, être au quotidien violé chez soi par un parent, sans que rien n’en soit dit, ni par celle, ou celui ou ceux qui commettent ces viols, ni par l’entourage. Il s’agit de comprendre comment, dans ce contexte, se construit par exemple la distinction entre le répréhensible et l’admis, le vrai et le faux, le dangereux et l’inoffensif, le bon et le mauvais pour soi et pour les autres. Un second terrain est mené auprès d’agresseurs incestueux incarcérés au Québec ou en France, ou en suivi thérapeutique sur injonction judiciaire. Ce volet d’enquête s’appuie principalement sur des entretiens traitant de ce qui est dit de et sur l’inceste, où est étudié le statut des paroles (de justification, de dénonciation, de révélation…) qui entourent la situation incestueuse à un moment donné.

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