Le retentissement des violences lié à la mémoire traumatique par Muriel Salmona

Muriel Salmona, intervenue lors d’un colloque, le 11 mars 2010 – Viols et agressions sexuelles : « comprendre pour agir », travaille à partir d’une étude dans les Hauts-de-Seine sur les conséquences psychotraumatiques des violences conjugales, familiales et/ou sexuelles, en 2008.

Les troubles psychotraumatiques sont générés par des situations de peur et de stress extrêmes provoquées par les violences. Ces violences sexuelles sont tellement terrorisantes, sidérantes, incompréhensibles, incohérentes et impensables qu’elles vont pétrifier le psychisme de la victime – le mettre en panne – de telle sorte qu’il ne pourra plus jouer son rôle de modérateur de la réponse émotionnelle déclenchée par l’amygdale cérébrale qui joue un rôle d’alarme en commandant la sécrétion d’adrénaline et de cortisol (hormones de stress).
La réponse émotionnelle monte alors en puissance sans rien pour l’arrêter et atteint un stade de stress dépassé qui représente un risque vital cardio-vasculaire (adrénaline) et neurologique (cortisol) par « survoltage » et impose la mise en place par le cerveau de mécanismes de sauvegarde neurobiologiques exceptionnels sous la forme d’une disjonction du circuit émotionnel.
C’est un court circuit qui isole l’amygdale cérébrale et qui permet d’éteindre la réponse émotionnelle. Cette disjonction se fait à l’aide de la libération par le cerveau de neuromédiateurs, qui sont des drogues dures endogènes morphine-like et kétamine-like, qui sont sécrétées par le cerveau : endorphines (avec effet morphine-like), antagonistes des récepteurs de la N-Méthyl-D-Aspartate (avec effet Kétamine-like).
Ce sont elles qui vont stopper le risque vital physique et psychique au prix d’un état dissociatif, d’une anesthésie affective et d’une mémoire traumatique cette dernière étant une véritable bombe à retardement susceptible de se « rallumer » au moindre lien fait consciemment ou inconsciemment avec l’événement traumatique (en totalité ou en partie), générant alors le même état de détresse et de panique que lors du traumatisme.