21/09/09
Ce qui différencie un viol et plus généralement une agression sexuelle d’une relation fondée sur du désir et un amour partagés, c’est l’absence de consentement de l’un des deux partenaires. La définition actuelle des agressions sexuelles implique une présomption de consentement des femmes à l’acte sexuel. Pour combattre cette présomption de consentement, la victime doit rapporter la preuve de violences, contraintes, menaces ou surprise. Qu’en est-il du droit positif et d’une possible évolution du droit ?Albert EINSTEIN disait, « qu’il est plus difficile de désagréger un préjugé qu’un atome ».
L’ensemble des comportements visés par la loi serait mieux énoncé par une formule selon laquelle l’agression sexuelle ou le viol est le fait d’obtenir de quelqu’un un comportement de nature sexuelle auquel il ne consent pas.
En effet, le refus exprimé par la victime, l’absence manifeste de consentement n’ont pas de conséquence juridique s’ils ne sont pas corroborés par des éléments matériels objectivant l’absence de consentement.
Dans le fond ce qui compte pour la justice, c’est la perception de l’auteur, or une relation sexuelle est une interaction entre deux personnes.
Il serait souhaitable pour les victimes, qu’on recherche effectivement l’existence ou non de leur consentement, qui peut résulter de propos, de gestes explicites, exprimant un accord.
Cette démonstration du non consentement par la victime aurait l’avantage d’être plus large que la démonstration de la contrainte, violence, menace ou surprise.
Certes, il existe une majorité de relations sexuelles consenties, et la présomption d’innocence implique que l’on présume le consentement de la femme. Mais l’auteur pourrait démontrer comment il s’est assuré du consentement de la victime.
Et, d’ailleurs certains juges d’instructions posent déjà cette question à l’éventuel agresseur : Comment vous-êtes vous assuré du consentement de Madame ?
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Inceste : la contagion épidémique du silence par Dorothée Dussy
Anthropologie et Sociétés, vol. 33, n° 1, 2009, p. 123-139.
Dans les sociétés occidentales, les situations avérées d’inceste se caractérisent exclusivement par des faits de viols ou d’agressions à caractère sexuel sur un ou plusieurs enfants de la famille.
Parfois, les agressions se poursuivent même une fois l’enfant devenu adulte, si ni lui, ni son agresseur, ni les circonstances n’y mettent fin. Dans de très rares cas, il arrive que de ces agressions initiales commence ce qui est ensuite vécu comme une liaison amoureuse. En revanche, il n’arrive jamais – les exceptions sont théoriquement toujours possibles quoique, une fois l’enquête menée, je n’en aie trouvé aucune occurrence – qu’un père et une fille, ou bien un frère et une soeur, ou encore une grand-mère et son petit-fils se marient, ou entament une liaison à un âge où les deux partenaires sont capables d’un consentement éclairé.
En tant qu’ethnologue qui décrit le monde social en m’appuyant sur le champ d’expériences des acteurs, je désignerai donc par le terme « inceste » les agressions sexuelles intrafamiliales commises sur des personnes mineures. La littérature qui traite de l’inceste dans sa dimension empirique, celle à laquelle je m’intéresse, a depuis longtemps montré la place centrale du silence entourant ces situations d’agressions répétées.
Émanant des disciplines de la santé mentale ou des mouvements féministes, et visant à améliorer la prise en charge des victimes et à prévenir de nouvelles situations d’inceste, la littérature a principalement discuté de la nécessité, individuelle et collective, thérapeutique et judiciaire, de sortir du silence.
Je souhaiterais ici décentrer l’objectif, et simplement explorer la dynamique qui habite le silence autour de l’inceste et qui le porte, dans la vie quotidienne des acteurs de notre monde social.
J’aborderai cette exploration selon trois registres d’observation.
• D’abord auprès d’enfants violés devenus adultes, pour lesquels, jusqu’à ce qu’ils aient révélé l’inceste, la question du « dire » constitue une thématique à la fois centrale et douloureuse.
• Ensuite, point de vue des anthropologues, dans la mesure où en tant que spécialistes de la formulation des règles sociales et théoriciens de l’interdit de l’inceste, ils sont des acteurs sociaux particuliers dont il est intéressant d’interroger le discours sur l’inceste.
• Enfin, à l’échelle collective, celle de la société, à l’heure où l’inceste marque régulièrement l’actualité.
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