Aoa – Dessin n°1 – Douleur du diaphragme

Hyperventilation, des attaques de panique et des attaques d’anxiété.
Le bassin est aussi en étroite relation avec le diaphragme par le passage du muscle ilio-psoas. Le diaphragme est le muscle à la base des poumons qui permet une inspiration normale de l’oxygène, puis une expiration efficace du gaz carbonique (CO2)
Contraction diaphragmatique chronique, syndrome chronique d’hyperventilation, dit « maladie du soupir », aussi mal nommé spasmophilie.
Ce syndrome est d’origine psychosomatique. Il peut être lié au stress, à l’angoisse, à un choc émotionnel, etc. et se traduit physiologiquement par un diaphragme dont les filaments d’insertion restent contractés.
Parallèlement au traitement de la cause du trouble psychologique proprement dit, ce syndrome peut être apaisé par l’apprentissage des techniques de respiration abdominale aussi utilisée en plongée, en chant, en travail scénique, en musique instrumentale à vent, en arts martiaux, en yoga, en sophrologie, en équitation centrée, etc. et qui consiste principalement en un travail d’assouplissement et d’étirement du diaphragme.

Dominique – Lettre à ma mère

Maman,
C’est un mot que je prononce presque jamais.
On ne se parlait plus au téléphone. Juste un email laconique tous les six mois. Hier, tout à basculé. Tu avais le souffle coupé après avoir lu l’article du Nouvel observateur. Tu avais perdu ta morgue et ton aplomb coutumiers qui me clouaient le bec d’un cynique « ah, mais tu sais bien que ce sont des faux souvenirs ».
Hier, tu étais devant l’insupportable, comment ai-je pu parler, extirper de ma mémoire des faits qui nous mèneraient tout droit aux Assises. Dans ta voix, il y a ça aussi, la peur d’être démasquée. Une fraction de seconde et nous voilà toutes deux revenues dans la cuisine, dans l’insupportable brêche de l’amnésie. Tu as les mains en sang et moi le ventre éclaté. On se tient toutes les deux aux lisières des enfers.
Non, ça ne se peut pas, disent les enfants dans leurs jeux. Stop ! pouce. Il ne faudra plus jamais se rappeler de tout ça, pas de sang, pas d’enfant mort, pas de crime. La table de Formica est comme avant. Il ne s’est rien passé. Tu fais de la dépression, tu n’as qu’à rester au lit. Demain, tu n’iras pas à l’école. J’ai évacué tout le sang de mes yeux. J’ai commencé à avoir des conjonctivites à répétition. De prix d’excellence, j’en suis arrivée à ne plus savoir épeler les mots ni à pouvoir lire. Tout se délite sous mes yeux. Je ne peux plus faire de gym non plus. Impossible de monter à la corde, pourtant c’est obligatoire au Bac. Papa a installé un portique au jardin. « Tu vas finir chez Amora à mettre des cornichons en bocaux, si ça continue », il hurle.
Mes frères se tapaient la tête contre les murs, J.-M. a commencé à bégayer salement ; Et puis, ils ont foutu le camp très vite, à ne rentrer que tard la nuit, imbibés et défoncés.
Tu n’as toujours rien voulu voir: « non, il n’y a pas de problème d’alcool à la maison, ton père travaille dur pour vous nourrir. »
Il m’a fallu toute une enquête familiale pour comprendre le plus insupportable. Maman, toi et moi nous avons partagé les mêmes bourreaux. Ta mère vous avait élevés seule, ton frère et toi. Son mari était mort à la guerre. Ton frère, qui t’avait agressée est devenu mon tortionnaire aux scouts. Tu aurais pu faire de brillantes études. Pas d’argent, seulement pour ton frère. Un fils de riche t’a fait croire au prince charmant avant de t’abandonner alors que tu t’étais inscrite à la fac en candidat libre. Toi, tu dis, il est mort envoyé en Algérie, on se serait mariés sinon. Tu t’es marié avec Papa, pour échapper à ton frère et Mémé. Tu as commencé à prendre tes trucs pour dormir. Tu avais peur du noir.
Tu ne voulais pas que je fasse ma chambre. « Je ne veux pas que tu deviennes une Cosette comme moi. »
Après mon Bac, je suis partie à Normale Sup. J’en suis revenue peu de temps après, j’avais été violée.
Avant de mourir complètement alcoolique, la soeur de Papa t’avait confié qu’elle avait été victime d’inceste, qu’il s’était passé des choses épouvantables dans cette famille. Tu as eu vite fait de tout étouffer, comme d’habitude, tout ripoliner. Une faille narcissique trop dure à combler.
Alors, selon ton slogan préféré « Quand il y a un problème, il y a une solution. Et quand il y a une solution, il n’y a plus de problème ».
Il n’y a plus eu aucun problème. J’ai été déclarée folle. Papa l’avait prédit : « Si chaque fois que tu fais une fausse couche, tu adoptes un chat, on t »appellera la folle aux chats.
Tes imprécations n’y ont rien changé. Il faut croire que tes « crève sur le champ, salope ! », « merde du ventre ! » « c’est toi qui aurait du mourir au lieu de ton frère ! » n’ont pas agi sur moi.
Je me suis toujours accrochée à la vie, dans le désir de faire cesser cette grande tragédie qui nous avait emportés depuis des générations, cette tragédie qui n’a plus lieu d’être aujourd’hui.
Oui, tu es très agée, tu vas bientôt franchir le pas vers un autre Bardo, un autre espace temps. Laisse cette fureur derrière toi, au moment de mourir, lâche ce manège incessant. Je crois qu’on s’est rejointes, Maman, dans cette ultime preuve d’amour, donner les clés de la liberté. L’inceste ne rodera plus à nos portes, je ferai tout mon possible pour que ta propre voix, que tu n’as pas pu trouver se joigne à la mienne.


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