Les béatriciennes

Aujourd’hui Béatrice me demande « quel sera notre nouveau défi ? ». Elle a constaté en effet que lorsqu’elle est mobilisée sur une consigne, une tâche créative à réaliser, elle parvient un peu à s’apaiser. Je réfléchis, j’ai envie de lui proposer un thème positif, quelque chose qui ne soit pas en lien avec cette souffrance quotidienne, qui la conduise à sortir de ses ruminations habituelles. Qu’elle découvre peut-être autre chose d’elle-même ? L’idée farfelue surgit de la mare de mon imaginaire : « Aujourd’hui Béatrice fait le portrait de Muriel selon l’idée qu’elle s’en fait et Muriel fait le portrait de Béatrice telle qu’elle l’imagine ».

Quelques heures plus tard émergeaient sur le papier Les Béatriciennes. Ce jeu de mot est né de la rencontre dans mon imaginaire de deux réalités : les différentes personnalités de Béatrice sont presque toutes des variations de son prénom et souvent elle parle d’elle-même comme d’une grenouille sautillante. De ce point de vue, les personnalités de Béatrice qui font irruption n’importe où et n’importe quand comme des petites grenouilles, ce sont des Béatriciennes.
béatriciennes
Cette peinture montre les Béatriciennes sur le point de passer la porte de la maison hantée où elles habitent. Derrière elles se tiennent les méchantes ombres du passé, on peut imaginer qu’elles n’approuvent pas le saut qui s’amorce et que les commentaires désobligeants doivent fuser ! Mais la curiosité capte l’attention des Béatriciennes, malgré les hésitations. D’accord elles doutent parce qu’elles ont peur de se ramasser si elles ne sautent pas assez loin ou de se confronter à l’inconnu, mais d’un autre côté le monde semble si joli…

Et puis une grenouille c’est fait pour vivre en liberté, mais quand on l’a élevée en captivité, non ?

Voilà comment moi je perçois Béatrice et ce que j’imagine d’elle.

Suite du contact physique avec la matière : l’ange

Bonsoir Béatrice,
je vous ai prise au mot puisque j’ai repeint l’ange :Ange300615Voici ce que m’inspirent vos derniers commentaires sur nos échanges relatifs au billet
« le contact physique avec la matière – les couleurs » :

a) sur le bonheur
Vous me demandez si le bonheur se mérite… Je l’ai longtemps cru et puis j’ai décidé un jour que le bonheur cela se prend (quand vous parvenez à voir qu’on vous l’offre) ou ça se fabrique. Pour ce qui est des causes, je me dis que nous sommes peut-être très ambitieux quelquesfois ! C’est vrai qu’un grand amour ou une belle réussite professionnelle font du bien, mais finalement réussir à regarder un joli coucher de soleil ou être contente d’un dessin, c’est bien aussi. Dans les milieux psys on parle de plus en plus de la gratitude, c’est-à-dire de la capacité à se sentir reconnaissant pour les petites ou grandes choses du quotidien. Puisque vous aimez les défis, je vous propose celui-ci : essayez chaque soir de trouver un détail pour lequel vous pourriez dire merci à la vie (ex. le sourire de l’un de vos enfants, un commentaire sympa sur ce blog, le soleil ou un arbre que vous trouvez joli…).

b) l’eau
Pourquoi dîtes-vous qu’elle fait mourir ?

c) le vert
Là aussi il se passe quelque chose: j’ai vu des dessins/peintures passés où il y avait du vert (je pense à un dessin datant d’Avril 2013), cette couleur semblait alors positive. Or aujourd’hui Béatrice en aurait peur, sauriez-vous pourquoi? Et puis l’absence d’yeux et l’hyperactivité, cela aussi je l’ai déjà vu dans les dessins où intervient Grr.

d) le rêve
Je sens beaucoup de colère dans cette partie de votre commentaire, mais c’est peut être mon imagination ? C’est étonnant pour moi car mon expérience semble opposée à la vôtre: moi c’est le rêve qui m’a sauvée, qui m’a permis de traverser les périodes difficiles ou solitaires. Chez vous j’ai l’impression que c’est au contraire très angoissant, peut être parce que cela vous renvoie à vos absences ? Vous parlez de mort sans précisez laquelle: celle de votre corps ou de vos capacités à réfléchir ?

Je comprends votre détresse et votre colère, car quoi que vous fassiez vous semblez condamnée à vous heurter à la souffrance: quand vous vous accrochez à la réalité cela vous oblige à ressentir votre corps (lequel a subi de multiples agressions) et quand vous vous déconnectez cela vous confronte à la peur d’être envahie par Grr ou d’autres personnalités agressives. Vu comme ça, on a l’impression qu’il n’y a pas de solutions, mais comme j’aime beaucoup la logique, je reste convaincue que si des moyens existent pour vous agresser, il existe aussi des moyens pour vous défendre des agressions, hors de vous et en vous.

J’attends de voir votre ange !