Prostitution : Besoin d’aide pour un aidant

Je suis un accompagnant par internet d’une femme en situation de prostitution, son confident et son aidant. Nous nous connaissons depuis 4 ans, mais mon aide par internet a commencé il y a 8 mois. Elle vit à l’étranger ; la voir n’est pas facile. Je n’ai compris sa prostitution que depuis Février. Cette femme est d’abord une amie qui m’est très chère, et je la vois avec la même dignité et respect que les autres femmes.
Le propos de ce post est de m’apporter de l’aide, car maintenant, ses révélations sont pour moi une SOUFFRANCE.
Au début, lorsqu’elle a décidé de me parler de sa prostitution, j’ai été flatté de la confiance qu’elle me faisait. Elle m’a envoyé des mails de la rue ou elle attendait le client, on a tchaté du bordel durant ses pauses, du « bar spécial » où elle essayait d’aguicher le client… Ce qu’elle m’a raconté surtout c’était ses états d’âmes, son STRESS extrême avant de se prostituer. Elle était très heureuse d’avoir quelqu’un à qui tout dire. Pour moi, sa confiance, être avec elle, même dans cet « enfer » me touchait.
Bien sûr, j’aurais voulu qu’elle arrête la prostitution, mais elle ne voulait pas…
Je me suis alors documenté, j’ai lu et j’ai compris à quel point la prostitution est destructrice pour la femme, j’ai compris cet ENFER. Et mes lectures correspondaient si bien à ce qu’elle me révélait de sa vie : souriante mais toujours si triste à l’intérieur, pleurs durant des heures, honte, anxiété, idées suicidaires depuis des années, image de soi EXTRÊMEMENT négative, dissociation binaire, anesthésie affective, scénarios violents contre elle même… Elle était détruite, broyée, par sa prostitution, et bien sûr par son enfance si destructrice.

Le premier moment très dur pour moi a été lorsqu’elle a voulu se suicider après 15 jours de bordel cet hiver. Après cela, je paniquais quand je la savais au bordel.
Maintenant, j’avoue que je souffre quand elle me parle de sa prostitution, surtout que c’est souvent juste avant d’y aller… C’est une SOUFFRANCE que de l’imaginer, de la savoir se détruire, je « sature » comme accompagnant.
La semaine dernière, j’ai pris de la distance, car je pense qu’elle est trop détruite/formatée par la prostitution, qu’elle ne peut/ne veut plus changer. Tant de détails maintenant me font penser que si elle a voulu s’enfuir de « sa ville de souffrance », ce n’était pas pour changer de vie mais pour venir se prostituer en France, que c’est maintenant sa vie, et qu’elle n’a plus de sexualité du tout en dehors de la prostitution et qui n’en est pas une. Mais qu’elle ne cherche plus que cela : « se prostituer », même si, en son esprit conscient, c’est destructeur, c’est sa mort, sa souffrance, sa salissure…

Elle est toujours entre la peur, la souffrance et l’auto-destruction, c’est épuisant.

Pourtant, elle est et à été toujours très gentille avec moi, vraiment, j’en suis étonné. Plus d’une fois elle m’a donné de l’amour de l’énergie par ses mails gentils alors que j’étais abattu, ou face à face. Mais les lendemains de sa prostitution, j’ai ressenti une colère en elle, une haine pour tous les hommes, tout propos prenait une connotation sexuelle inattendue et insupportable pour elle. Je n’en peux plus, c’est trop de souffrance. Pour elle je suis son « étrange ami » ou son « Saint ».
Pourquoi étrange ? car un homme qui préfère le cœur/l’amitié au sexe est étrange. Un homme qui ne veut qu’une relation de pure amitié avec elle est étrange… (Elle m’a fait rire lorsqu’elle crut que j’avais des problèmes de prostate… car je n’ai été ni un client, ni un amant, ni son mac ).

Je continue à avoir des échanges de mails avec Elle. J’avais envie de lui dire de ne plus me parler du tout de sa prostitution mais non, je la laisse libre. Cette femme est mon amie et elle est vraiment agréable comme personne, généreuse sincèrement, mais je souffre, et je pleurs souvent sur elle.
Ma compagne que j’aime et à qui je suis fidèle ne me reconnait plus: Moi si joyeux et rieur je suis devenu sérieux, mélancolique. Chaque nuit, je pense à elle, non pas de sexe, mais à essayer de trouver les mots justes, de l’aider… Mais qu’est ce que ma souffrance en comparaison de la sienne ?
Voilà toutes vos suggestions sont les bienvenues.
PS : Par amitié pour moi, parfois elle cessa de se prostituer.  J’ai essayé de la persuader d’arrêter, en suivant les conseils des acteurs sociaux… i.e. en lui rappelant sa souffrance, ses maux et en lui présentant sa future vie heureuse sans prostitution.  Mais maintenant elle ne veut plus me confier sa détresse, sa tristesse, sa honte, ses pleurs…

Sur le syndrome du sauveur

« Le sauveur doit d’abord prendre conscience que son besoin maladif d’aider les autres n’est rien d’autre qu’une nourriture à ego », observe Christel Petitcollin.
Aussi, pour sortir du piège du sauvetage inadéquat, la psychothérapeute conseille de se remémorer les cinq conditions d’une « aide saine » :
1/ la demande d’aide doit être clairement verbalisée ;
2/  elle doit être cadrée dans le temps et dans son contenu
(« Voilà ce que je peux faire pour toi, jusqu’à… ») ;
3/ cette aide doit comporter une contrepartie afin que l’autre ne se sente pas en dette ;
4/  l’aidant ne doit jamais faire plus de 50 % du chemin et doit vérifier que la personne aidée a fait sa part ;
5/ enfin, l’aide doit toujours avoir pour but de rendre l’autre autonome
(mieux vaut lui apprendre à pêcher que lui donner du poisson).
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