Vortex, l’aspirateur à chaleur humaine

Ce dessin est un défi dont le thème était : représenter le vide, le manque.

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Le mien je l’appelle Vortex et c’est un aspirateur de chaleur humaine.

Quand je suis bien dans ma vie il disparaît, quand je suis mal c’est une sensation de trou sous la poitrine, au niveau de ce que les orientaux appellent le plexus solaire.

Souvent il réapparaît lorsque j’ai l’impression que quelqu’un m’a poignardée par ses paroles ou ses actes, et c’est comme dans un dessin animé : le projectile me perfore, on peut voir à travers mon corps. Alors je ne peux plus respirer, ou bien tout en moi devient comme de la glace et je me transforme en la Reine des Neiges du conte d’Andersen, c’est-à-dire que plus rien ne peut me toucher. Les émotions deviennent abstraites, je peux les regarder, les comprendre intellectuellement mais plus les vivre. Elles ont perdu toute chaleur humaine, le vortex les a dévitalisées pendant qu’elles le traversaient.

Les béatriciennes

Aujourd’hui Béatrice me demande « quel sera notre nouveau défi ? ». Elle a constaté en effet que lorsqu’elle est mobilisée sur une consigne, une tâche créative à réaliser, elle parvient un peu à s’apaiser. Je réfléchis, j’ai envie de lui proposer un thème positif, quelque chose qui ne soit pas en lien avec cette souffrance quotidienne, qui la conduise à sortir de ses ruminations habituelles. Qu’elle découvre peut-être autre chose d’elle-même ? L’idée farfelue surgit de la mare de mon imaginaire : « Aujourd’hui Béatrice fait le portrait de Muriel selon l’idée qu’elle s’en fait et Muriel fait le portrait de Béatrice telle qu’elle l’imagine ».

Quelques heures plus tard émergeaient sur le papier Les Béatriciennes. Ce jeu de mot est né de la rencontre dans mon imaginaire de deux réalités : les différentes personnalités de Béatrice sont presque toutes des variations de son prénom et souvent elle parle d’elle-même comme d’une grenouille sautillante. De ce point de vue, les personnalités de Béatrice qui font irruption n’importe où et n’importe quand comme des petites grenouilles, ce sont des Béatriciennes.
béatriciennes
Cette peinture montre les Béatriciennes sur le point de passer la porte de la maison hantée où elles habitent. Derrière elles se tiennent les méchantes ombres du passé, on peut imaginer qu’elles n’approuvent pas le saut qui s’amorce et que les commentaires désobligeants doivent fuser ! Mais la curiosité capte l’attention des Béatriciennes, malgré les hésitations. D’accord elles doutent parce qu’elles ont peur de se ramasser si elles ne sautent pas assez loin ou de se confronter à l’inconnu, mais d’un autre côté le monde semble si joli…

Et puis une grenouille c’est fait pour vivre en liberté, mais quand on l’a élevée en captivité, non ?

Voilà comment moi je perçois Béatrice et ce que j’imagine d’elle.