7/ Les actions intégratrices

Introduction
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Dans le domaine des traumatismes, le terme d’intégration est un mot courant, qui signifie que les patients doivent assimiler leurs expériences traumatisantes (et les parties dissociatives de leur personnalité) pour pouvoir avancer dans leur vie. Mais l’intégration fait aussi partie de la vie de tous les jours, elle y est indispensable. Ce sont les actions d’intégration qui requièrent les degrés les plus élevés d’énergie et d’efficacité mentales.
[…]
Quelles sont les actions mentales particulières qui sont impliquées dans le processus d’intégration et comment peut-on les mener à bien ? Pour traiter efficacement les personnes traumatisées, il est utile de comprendre deux grands types d’actions mentales intégratrices : la synthèse et la réalisation.
La synthèse. La synthèse est une action intégratrice majeure, au cours de laquelle nous lions et différencions une série d’expériences internes et externes, dans l’instant et au fil du temps. La synthèse comprend la liaison et la différenciation de perceptions sensorielles, de mouvements, de pensées, d’affects, avec un sentiment d’identité. Par exemple, nous savons en quoi une personne ressemble à une autre (liaison), mais aussi en quoi elle en est différente (différenciation) et en quoi notre situation présente est similaire à notre passé, mais différente aussi. Nous savons encore que le fait d’avoir des pensées folles et celui de commettre des actes fous se ressemblent par certains côtés, mais diffèrent aussi significativement l’un de l’autre. En grande partie, la synthèse est automatique et a lieu hors de la conscience.
Notre capacité à la synthèse fluctue avec notre niveau mental ; pat exemple, chez une personne bien éveillée, la synthèse sera de meilleure qualité que si elle est fatiguée. La synthèse assure l’unité normative de la conscience et de l’histoire de l’individu. Des altérations de la conscience et des symptômes dissociatifs peuvent apparaître lorsqu’elle est incomplète.
La réalisation. La réalisation est une action mentale intégratrice liée à la première, mais de niveau plus élevé. Elle comprend les actions mentales de la prise de conscience de la réalité telle qu’elle est, de son acceptation, puis de l’adaptation réfléchie et créative du sujet à la réalité. La réalisation inclut le degré auquel l’aboutissement d’une expérience est atteint (Janet,  1935a ; Van der Hart, Steele, Boon et Brown, 1993). Elle consiste en deux actions mentales qui font sans cesse mûrir la perception que nous avons de nous-même, des autres et du monde (Janet, 1903, 1928a, 1935a). La première concerne l’intégration d’un vécu avec le sentiment explicite, personnel, qu’il nous appartient : « C’est à moi que c’est arrivé, et c’est moi qui en pense ceci ou cela ». La seconde consiste à être fermement ancré dans le présent, tout en intégrant son passé, son présent et son futur. Elle se manifeste à travers l’adaptation maximale et réfléchie des actes du sujet dans le présent.


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Livre – Esthétique et Complexité. Création, Expérimentations et Neurosciences

Zoi Kapoula
Louis-José Lestocart
Broché : 348 pages
Editeur : cnrs éditions (6 mai 2011)
Langue : Français
ISBN-10 : 2271071690
ISBN-13 : 978-2271071699

Depuis l’Antiquité, Art et Sciences ne cessent de nourrir une relation féconde et protéiforme. Aujourd’hui, alors que la science moderne triomphe, construisant chaque jour un appareil critique et expérimental de plus en plus complexe, les échanges se perpétuent et s’intensifient. Les interactions entre l’oeuvre d’art, son producteur et le « regardeur » sont devenus un sujet de recherches fondamental de ce début de siècle. À l’invitation de Zoï Kapoula et Louis-José Lestocart, artistes et scientifiques nous livrent ici réflexions et témoignages sur les pratiques et les tendances les plus contemporaines du cinéma expérimental, de l’animation, de la vidéo et de la peinture. Ces spécialistes reconnus analysent également les usages et les effets des théories scientifiques sur la création : phénomènes de prédiction liés aux processus neuronaux, auto-organisation des oeuvres et vie artificielle, systèmes multi-agents, circularité, etc. L’ouvrage consacre des pages passionnantes à la neuro-esthétique, à travers des expériences de laboratoire qui renouvellent l’analyse de la perception et l’interprétation d’oeuvres classiques (Piero della Francesca, Vélasquez) et modernes (Degas, Seurat, Picasso, Bacon). L’étude du parcours des yeux à la surface des tableaux dévoile en particulier de saisissants enseignements sur l’esthétique, la psychologie et les modes culturels de pensée et de perception. Une construction prospective à la croisée de la philosophie, de l histoire de l’art et des sciences de la complexité.