« Detachment », Adrien Brody face au tableau noir par Corinne Renou-Nativel

14 mai 2012
par Corinne Renou-Nativel

La peur de ne rien pouvoir 

Mais c’est bien du côté des professeurs, en particulier de Henry Barthes, que se situe Tony Kaye. Il dit leur espoir de changer le monde, leur désarroi de devoir faire respecter l’ordre plutôt que d’enseigner, leur peur de ne rien pouvoir. «On a l’impression de dériver sur un océan sans bouée, dit l’un d’eux, alors qu’on pensait que l’on serait celui qui lance la bouée.»
Le réalisateur filme de manière sensible, intime, le quotidien de Barthes, s’autorise l’insertion d’images animées, de flash-back en Super 8, de métaphores poétiques. En voix off, l’enseignant, tout en retenue et contrôle de soi, exprime par bribes ses doutes, et le chaos familial qui l’a incité à se réfugier dans le détachement.

Une interprétation bouleversante d’humanité

L’interprétation d’Adrien Brody est aussi bouleversante d’humanité dans ce registre réservé que dans l’explosion quand la carapace de son personnage vole en éclats.
Si le héros doit son nom à l’intellectuel français Roland Barthes, le titre vient de Camus qui avait écrit dans Noces : «Jamais je n’avais senti, si avant, à la fois mon détachement de moi-même et ma présence au monde.»
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Film – Detachment

Tony Kaye – « Detachment »


Quand victime et bourreau, d’une autre victime, se retrouvent

7 juillet 2012

Inspirée du Canada, l’idée de faire se rencontrer des victimes et des auteurs de crimes pourrait se développer en France
Par Jamila Aridj
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« Haine et vengeance » Inspirée du système canadien, cette justice dite « restaurative » repose sur le principe de substitution. À Poissy, durant cinq mois, trois parents de victimes ont fait face à trois auteurs de crimes semblables à ceux subis par leurs proches. L’objectif : la prise de conscience de la portée de leur geste pour les détenus, la possibilité de poser des questions pour les victimes et la lutte contre la récidive.
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Le programme n’aide pas la victime à comprendre le passage à l’acte, chaque cas étant particulier, mais il aide « la victime à arrêter de se torturer avec des questions qui n’auront peut-être jamais de réponses », note « Z », un des détenus qui a pris part aux rencontres. « Pendant vingt-deux ans, je m’étais arrangée avec moi-même sur des questions en suspens et qui revenaient régulièrement au détour d’un fait divers. Mais cette expérience m’a permis d’accepter que des questions restent à jamais sans réponse. Ça n’efface rien, mais c’est aujourd’hui une source d’apaisement », reconnaît Marie-José Boulay.

Du côté des détenus, si tous ne sont pas allés « au bout des choses », les échanges ont permis « une reconquête de l’estime de soi » et « une responsabilisation » des faits. Des succès qui peuvent amener à une resocialisation réussie, un premier barrage à la récidive. 
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