Gauthier, survivant du Bataclan, cherche l’homme en rouge qui l’a sauvé

Logo-L'Obs-le-plusPublié le 18-11-2015

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Médiatrice du Plus
LE PLUS. C’est un homme portant une chemise rouge qui a sauvé Gauthier, prisonnier du Bataclan le 13-Novembre, durant les attentats. Dans notre vidéo du soir, réalisée par le « New York Times », on voit le Parisien raconter sa nuit d’horreur et se questionner sur son sauveur.

Édité par Audrey Kucinskas  Auteur parrainé par Aude Baron

C’est un témoignage pétrifiant que donne Gauthier aux caméras du “New York Times”. Le jeune homme était au concert des Eagles of Death Metal le 13-Novembre, au Bataclan.
“On était à peu près à la moitié du concert. Mon premier réflexe, c’est de dire que ça fait partie du spectacle. Mais je vois des gens tomber. On s’est tous retrouvé couché par terre. Je me suis dit : ‘relève toi et cours’. J’ai senti l’impact sur le coude, qui m’a incité à me recoucher par terre. Ils tiraient sur les gens de manière froide, j’ai cette image marquée dans ma tête, des gens qui abattaient des gens à terre, ça tirait, ça tirait, la personne en face de moi a pris une balle dans le dos. Je me suis dit : ‘c’est fini, il suffit que je m’en prenne une’. »
« C’est tout ce dont je me souviens »
Mais Gauthier réussit à se faufiler jusqu’à une porte. L’issue de secours.
« Il n’y avait pas vraiment moyen de sortir, c’était la cohue, mais j’ai réussi à mettre mes mains dehors, pas le corps, et j’entendais encore les gens tirer derrière. Et là, y’a un mec, le seul truc dont je me souviens c’est qu’il portait une chemise rouge, qui m’a pris par les bras, qui m’a tiré de toutes ses forces, il a tiré d’autres personnes, y’en avait d’autres, trois quatre personnes à la sortie du Bataclan. Moi j’ai couru le plus loin possible pour me réfugier dans immeuble quelques rues derrière.”
Un grand merci à cet homme à la chemise rouge
Gauthier n’a pas encore retrouvé son sauveur. Tout ce qu’il garde de ce concert, c’est le tee-shirt qu’il portait.
“C’est moi qui l’ai plié. Je ne sais pas ce que je vais en faire.  C’est mon sang, enfin je crois que c’est le mien. Je ne sais pas. On va le ranger, hein.”
Si cette vidéo est notre vidéo du soir, c’est qu’on reste toujours aussi hébété face à ces témoignages, glaçants, choquants, désespérants.
Et parce qu’on veut dire aussi merci à cet homme à la chemise rouge.

Stéphanie, rescapée du Bataclan : « Je me suis retrouvée assise au balcon, ça m’a sauvé la vie »

Stéphanie, rescapée du Bataclan : « Je me suis retrouvée assise au balcon, ça m’a sauvé la vie »
16 novembre 2015
Stéphanie était présente vendredi dernier au Bataclan pendant les attentats. Un hasard a fait que contrairement à ses habitudes, elle s’est retrouvée à voir le concert assise, dans un balcon, loin de la scène. Cela lui a sauvé la vie.

« Tu es une miraculée. »

Les larmes aux yeux, le père de Stéphanie étreint sa fille sur le trottoir du boulevard des Filles du calvaire, à quelques centaines de mètres du Bataclan. Il est 2 h 20 et les retrouvailles père-fille sont poignantes. La demoiselle d’une vingtaine d’années sort tout juste de la salle de concert, emmitouflée dans une couverture de survie.
Encore abasourdie, elle fait partie des rares témoins du drame à s’arrêter au niveau du cordon derrière lequel sont confinés les journalistes, à une cinquantaine de mètres d’un restaurant japonais transformé en hôpital de fortune où les secouristes prodiguent les premiers soins.

Barricadés derrière une porte

Posément, la jeune femme à lunettes et aux cheveux bouclés raconte les trois heures de cauchemar qu’elle vient de traverser : « Avec une trentaine de personnes, on a couru quand il y a eu les détonations et nous sommes arrivés dans les loges, où nous nous sommes barricadés. On a bloqué la porte d’accès en la barrant d’un frigo et de meubles, et on a attendu… » Pratiquement trois heures. Autant dire une éternité : « On n’avait pas d’air, c’était irrespirable mais on n’osait pas ouvrir la fenêtre de peur de prendre une grenade. »
Si elle n’a jamais vu les terroristes, la demoiselle les a entendus à plusieurs reprises : « Ils ont frappé à la porte, disant qu’ils avaient des ceintures d’explosifs. Après, on les a entendus négocier avec le Raid. Puis il y a eu la fusillade. On sentait les vibrations. »
Les policiers d’élite mettront fin à son cauchemar : « Au début, on n’a pas voulu leur ouvrir. On ne croyait pas que c’était eux », raconte la jeune femme, qui n’a pas encore réalisé : « On pense que cela n’arrive qu’aux autres, qu’on est dans un mauvais rêve et que ça ira mieux après. » Malheureusement, la réalité l’a rattrapée derrière la porte des loges : « Il y avait des corps par terre et du sang partout. »