J’étais au Bataclan avec mon mari le soir du 13 novembre

facebook_2015_logo_detailJe m’appelle Maureen,

J’étais au Bataclan avec mon mari le soir du 13-Novembre,
Nous faisons partis des rescapés, non blessés, mais marqués à vie par ce qu’il s’est passé ce soir-là.
Nous pensons énormément à toutes les personnes qui n’ont pas eu notre chance.

Et un peu plus loin chaque jour, pour nous et pour eux, nous avançons malgré tout.

Si je parle ici c’est pour m’adresser à vous ; vous qui étiez dans la salle ce soir-là.
Chacun gère le traumatisme à sa manière, certains parlent très facilement, ont repris une vie « normale ». Pour d’autres communiquer est encore très difficile ou même impossible. Ce n’est pas parce que notre peau n’est pas marquée, qu’il ne s’est rien passé et que cela n’a pas blessé notre chair.

Nous sommes plus de 1000

Plus de 1000 à être sortis de cette salle. Plus de 1000 personnes pour qui les choses ne seront plus jamais exactement les mêmes… c’est énorme.
Dans ce malheur, notre chance est d’être nombreux. Je pense qu’il est important de transformer cela en force.

Par le biais des réseaux sociaux, j’ai vu que très nombreuses sont les personnes qui ont un important désir de retrouver ceux qu’ils ont aidés. Et inversement les blessés qui recherchent ceux qui les ont sauvés. Mon mari a pu retrouver celui à qui il a porté secours et j’ai été témoin de l’incroyable aide que cela apporte dans la reconstruction de chacun. Savoir que dans ce chaos où nous étions tous si impuissants ; tous, nous avons d’une façon ou d’une autre été là les uns pour les autres.

Échanger, avec quelqu’un qui a vécu à sa façon la même chose, est différent des nombreux dispositifs mis en place actuellement.
Je sais que nous avons encore des choses à nous apporter. A encourager ceux qui veulent offrir un soutien. Parler ensemble ou même simplement apporter de la compagnie à ceux qui le souhaitent, rescapés, blessés ou famille de victimes. Parce qu’aider les autres, c’est aussi une façon de s’aider soi-même, afin d’aider chacun à surmonter la tragédie et pour pouvoir voir l’espoir derrière.

Life for Paris

Le monde nous a montré son soutien par le slogan Pray for Paris. Je propose de créer dans la continuité Life for Paris. Elle sera une association de dialogue et de soutien ou toute personne rescapée de ses évènements trouvera une place.

J’invite ceux qui souhaitent être acteur de cette suite à me contacter directement afin que vous réfléchissions ensemble ce que nous souhaitons mettre en place. Je ne connais rien au milieu associatif. Je suis moi-même comme vous à vouloir me reconstruire mais je suis convaincue du bien-fondé de cette démarche. Choisir de s’exposer n’est pas facile mais ce que je refuse, c’est qu’ils aient le pouvoir de faire taire d’autres voix.

Et un jour, je rêve que l’on puisse se réunir, refaire la fête ensemble, profiter de cette vie, qu’on sait tous maintenant si fragile. Et qui sait, pourquoi pas inviter les Eagles of Death metal.
Parce qu’aujourd’hui je le sais, pour nous et pour ceux qui ne sont plus là, fièrement, nous verrons la fin de ce putain de concert.

Vive le rock, vive la liberté, vive Paris et surtout vive la vie.

J’invite chaque personne qui lit ce texte et qui y est sensible à partager ce message afin que sa visibilité soit la plus grande possible. On connait malheureusement tous à un certain degré quelqu’un qui y était, dites leur.

https://www.facebook.com/lifeforparis/?fref=nf

Survivants du Bataclan : « Je t’aime. On ne doit pas mourir »

Logo-M-Attentats-du-13-novembreLE MONDE |

Survivants du Bataclan : « Je t’aime. On ne doit pas mourir »
Caroline Dos Santos et Julien Boudot, rescapés du Bataclan, dans leur bureau de Canal+, à Boulogne Billancourt, le 25 novembre. Jean-François Joly pour « Le Monde ».

S’extraire de l’horreur. Hébétés, ahuris, encore dans l’épouvante. Et courir dans la nuit. Survivants ! Chercher désespérément un taxi au milieu des sirènes. Et se serrer l’un contre l’autre tandis que la voiture file sur les berges de la Seine et s’éloigne de ce théâtre de guerre. Incrédules. Pleins de larmes et de frissons. Avec l’urgence de vivre. De se marier, très vite, comme une évidence. Et de se faire tatouer sur le corps le titre de la chanson et la date associés à jamais à cette soirée funeste et à la renaissance. «  Kiss the Devil 13.11.2015  ». La mort, au Bataclan, a frôlé leur échine.

Ils commencent par la fin pour narrer l’événement, dévoilant, dix jours plus tard, leur avant-bras tatoué. Ils sont encore à vif, fatigués et fébriles. Sans blessure apparente mais totalement meurtris. « Je suis à la fois Jean-qui-rit et Jean-qui-pleure, confesse Caroline Dos Santos, 37 ans. J’oscille en permanence. »

Julien Boudot

Julien Boudot, 36 ans, la tête entre les mains, a le regard perdu vers un lieu que lui seul peut voir. « C’est un truc de malade d’être là ! Il y a eu 89 morts ! Et ça aurait pu être tellement pire. Des milliers de balles ont été tirées, j’entendais les douilles tomber pas loin de nous. » Il se tourne vers sa compagne. « Mais tu sais quoi ? Au fond de moi, il y a de la joie. Cette joie ressentie quand je t’ai entendue hors de la salle et que j’ai compris que tu étais sauve ne m’a plus quitté. Et quand ma gosse dit : “Papa, papa”, c’est inouï la vague qui me submerge. » Elle sait.

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