Bataclan : « J’ai dessiné pour survivre » – Je me suis administré ma propre art-thérapie

Bataclan : « J’ai dessiné pour survivre »
Mathieu Blard
Catherine était au Bataclan, le soir des attentats. Elle a survécu à l’attaque terroriste. Deux ans après, elle tente de gérer les nombreux symptômes du stress post-traumatique dont elle est encore victime et a écrit une bande dessinée où elle raconte ce combat quotidien pour continuer à vivre. Un témoignage thérapeutique entre angoisses et résilience.
« Un mois après l’attentat, j’ai commencé à faire de petits croquis de manière compulsive que je publiais ensuite sur mon blog. J’ai ressenti un irrépressible besoin de dessiner très rapidement ce que je vivais, c’était vraiment une question de survie. Le dessin m’a toujours aidée à exprimer mes émotions. C’est un acte très personnel, unique, qui me soulage beaucoup. Grâce à cette BD, j’ai vraiment exorcisé mon stress post-traumatique.
En tant que victime psychique, je n’ai aucune cicatrice physique. Les autres ne voient pas ma douleur. Mes proches n’ont pas su comment se comporter avec moi car les symptômes psychologiques ne sont pas visibles. C’est normal, la situation était exceptionnelle. Je ne peux pas leur en vouloir, mais j’étais tellement à vif qu’une simple maladresse me faisait beaucoup de mal. Je me sentais isolée, ils me donnaient des conseils hors sujet. Quand votre grand-mère vous dit : « Je sais ce que tu ressens, quand j’étais jeune, j’ai eu un accident de voiture », c’est très difficile à encaisser. Ce n’est pas du tout le même type de traumatisme. Je me sentais complètement incomprise, en décalage. On m’a aussi expliqué que j’avais de la chance, que ça aurait pu être pire. Désormais, j’ai pris du recul. Je découvrais moi-même les symptômes, comment auraient-ils pu m’aider ? Mais j’avais tellement besoin d’eux que je me suis sentie vraiment démunie. Les médecins, les psychologues, les psychiatres, me demandaient mes symptômes, je n’arrivais pas bien à les expliquer. Le dessin me permettait de le faire. Je me suis administré ma propre art-thérapie.


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« Ma thérapie à moi, c’était d’écrire » : amputé après l’attentat de Bruxelles, Walter Benjamin raconte sa reconstruction

« Ma thérapie à moi, c’était d’écrire » : amputé après l’attentat de Bruxelles, Walter Benjamin raconte sa reconstruction
01 mars 2018
Propos recueillis par Matthieu Jublin
INTERVIEW – Dans son livre « J’ai vu la mort en face », publié ce jeudi 1er mars, Walter Benjamin, victime de l’attentat de l’aéroport de Bruxelles, raconte comment sa vie a basculé le 22 mars 2016. À travers le récit de sa convalescence, il veut aider les autres victimes à surmonter une telle épreuve.
Il pensait prendre son vol pour aller voir sa fille en Israël, mais, ce 22 mars 2016, Walter Benjamin ne montera pas dans l’avion. Alors que ce Bruxellois de 49 ans, de confession juive, attend dans le terminal de l’aéroport de Zaventem, un kamikaze se fait exploser à 3 mètres de lui. Vivant, mais gravement blessé, Walter Benjamin devra être amputé d’une jambe.
Dans son livre « J’ai vu la mort en face », qui paraît le 1er mars aux éditions du Rocher, il raconte les secondes pendant lesquelles sa vie a basculé, et l’année de convalescence qui a suivi. Walter Benjamin se confie dans son ouvrage sur les peines et les espoirs qui ont jalonné cette année de reconstruction, mais n’hésite pas à pointer du doigt les causes du terrorisme et de l’intolérance.

LCI : Comment a évolué votre convalescence depuis l’écriture de votre livre ?

Walter Benjamin : Ça évolue positivement. Je n’ai pas encore une vie normale mais j’arrive à me déplacer tout seul. Ce n’était pas le cas il y a quelques mois. Trois fois par semaine, je retourne à l’hôpital pour faire de la rééducation. J’arrive à marcher, mais pas encore sur des pentes, ni sur des escaliers. J’en ai encore pour une bonne année.

LCI : Et psychologiquement ?

Walter Benjamin : On a toujours des hauts des bas, ce n’est pas mathématique. On ne peut pas complètement oublier. Dans un petit coin de mon cerveau, il y a toujours des flashbacks, et des bruits qui me rappellent l’attentat.

LCI : Vous parlez de ce livre comme d’une thérapie ou d’un exutoire. Qu’est ce qui vous a le plus aidé à tenir ?

Walter Benjamin : C’est un mélange. Il y a ma fille, qui est très importante pour moi. Il y a aussi l’amour. Quand on se réveille à l’hôpital, il ne faut pas rester avec ses pensées noires. Au-delà du fait de prendre des médicaments et de voir un psychologue, c’est important de faire un bilan sur soi-même. Ensuite, il faut avoir des projets, aller de l’avant, même si c’est plus facile à dire qu’à faire. Les antidépresseurs ne font pas guérir, il n’y a que le fait d’avancer. Ma thérapie à moi, c’était d’écrire, mais on parle aujourd’hui « d’art-thérapie », avec la photo, la peinture. Il ne faut pas s’isoler. Les autres n’arrivent pas à comprendre ce que l’on vit, donc on peut rapidement s’isoler, mais cette solitude est ce qui peut arriver de pire aux victimes.

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